Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, V.djvu/845

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M A R est un lien fatal à notre liberté. S. Évr. Les filles cherchent dans le mariage le bonheur de l'indépen- dance. M. Esp. Le joug du mariage qui doit assujé tir les maris & les femmes sous les mêmes loix de fidélité, n'asservit plus que les femmes. M. Esp. Il y a peu de mariages bien assortis : cependant le mariage est une société, & non pas une tyrannie. Bell. L'une des sources des malheurs du mariage , c'est que la fille n'y envisage que la personne, & la mère n'y considère que le bien. Id. On envisage d'ordinaire le mariage comme le tombeau des sou- pirs & des petits soins. S. Évr. Je veux toute votre ten- dresse indépendamment des devoirs & des sujétions du mariage. P. Com. Le mariage n'apprend point à aimer : il veut seulement qu'on se laisse aimer. Le Ch. d'H. Les engagemens du mariage m'ef frayent : s'il n'est pas heureux, l'on est réduit à attendre que la mort vienne à pas trop tardifs rom pre & briser sa chaîne. S. Évr. Les mariages des gens de qualité sont des unions de politique , plutôt que de sympathie. Vill. Ce n'esl pas aimer que de vouloir trouver du bien & des dignités dans les em- brassemens d'un mari : c'est chercher dans un ma- riage si médité à contenter son ambiton plutôt que son cœur. L. d'ÉloÏse à Abel. fp^ Les Étas souverains ne sauroient trop mettre en honneur le mariage. Plus on diminue les mariages qui pourroient se faire , plus on corrompt ceux qui font faits; & moins il y a de gens mariés, moins il y a de fidélité dans les maria- ges ; comme lorsqu il y a plus de voleurs, il y a plus de vols. MONTESQ. v^ï On appelle mariage de conscience, un mariage où les formalités & les cérémonies de l'Église n'ont été observées que secrétement. Matrimonium secre- tum. On appelle ces sortes de Mariages, Mariages de conscience, parce qu ils sont légitimes devant Dieu, & dans le for intérieur.

  On appelle mariage de Jean des Vignes, autrement 

mariage en détrempe, un commerce criminel sous quelque apparence de mariage.

  On dit aussi : 

Boire & manger, coucher ensemble ^ C'est mariage , ce me semble. Le Concile de Trente déclare anathème ceux qui diront que les causes de mariage n'appartiennent pas aux Juges d'Église. Quand le Roi, ou les Parlemens, annullent les mariages clandestins, ils ne touchent point au Sacrement; mais ils annullent le contrat civil, qui lui sert de fondement. La dissolution du mariage ne se fait que par la mort, ou par l'impuis sance du mari. gCT Avant J. C. le mariage n'étoit qu'un contrat civil, qui de sa nature, établissent entre l'homme & la femme une société indissoluble, c'est-à-dire, qui subsiste toujours, qui ne se peut rompre. Il est vrai qu'il étoit permis aux Juifs de ré- pudier leurs femmes ; mais cela leur avoir été accordé à cîufe de la dureté de leur cœur : la chofe n'étoit pas ainlî dans Ion origine. Dieu a inftitué le ma- riage pour être une focicté indilfoluble jutqu'a la mort entre l'homme & la femme. Le mariage doit erre célébré par le propre Pafteur des parties , ou fie (on confentement. La proclamation des bans eft iiécelîaire pour la validité du mariage ^ l'égard des mineurs, & des enfans de famille, même majeurs: mais il n'eft pas nul à l'égard des perfonnes libres &: majeures , faute de proclamation de bans. Les ma- riages clandeftins font nuls quant aux eifets civils , fuivant l'Ordonnance de 1659. Par la même Or- donnance les mariages contractés à l'extrémité par ceux qui époufent leur concubine en moufant , pour légitimer les enfans j font déclarés nuls, & les enfans illégitimes. L'âge requis pour la validité du mariage eft fixé à la puberté , c'eft à dire , à douze ans pour les filles, & à quatorze pour les garçons. Outre cette capacité naturelle , il faut avoir la ma- jorité légale , & l'âge marqué par les Ordonnances : car avant l'âge de zj ans les enfans de faïaiilie ne M A R

peuvent comrader mariage fans le conlcntement de leur père &c nùrc, Ik. s'ils fe marient avant 30 ans pour les garçotis , & avant ij pour les filles, feins ie confentement de leur père & mère , ils peu- vent être exhérédés. Entre parens en ligne directe , la prohibition du mariage eft perpétuelle. En ligne collatérale le TOijria^e eft prohibé par les Canons juf- qu'aux quatrième degré incliilivcmcnt. Il en eft de même de l'atHnité : la prohibition s'étend jufqu'au quatrième degré, l^oye:^ Degré. Sanchez ik. Bona- cina ont beaucoup écrit fur le mariage. Mariages fiits in extremis , font ceux qui commen- cent par une débauche , que des hommes ont entre- tenue avec des femmes qu ils épouleiit a l'extrémité de leur vie. fCF Ces fortes de mariages . quoique valables , quant à la confcience , font nuls quant aux ertets civils. Il y a une efpèce de mariage en Allemagne , où le mari donne à fa femme la main gauche, au lieu de la droite; & alors les enfans qui en proviennent font réputés bâtards à l'égard des Ci.cts civils , quoi- que légitimes en eftet ; car ils ne portent m le nom , ni les armes de la maifon , comme le dit Nicolaus Mylérus en fa Gamologie. Il n y a que les Princes & grands Seigneurs d'Allemagne qui puilfent con- tradter ces fortes de mariages. Les grandes Maifons d'Allemagne font en polfeUlon de croire que les Prin- ces , s ils n'époufent des Princ.fles , n'ont point d'en- fans qui puillent fuccéder a la Principauté ; c'eft ce qu'on appelle des mariages àa côté gaucfte. Pelisson. Mariage , fignine aulli le bien qu une femme apporte en mariage. Dos. Cet homme a trouvé un bon parti, un grand mariage. Ce mariage elt de cent mille écus. Il faut rendre le mariage de la femme , quand elle meurt fans enfans. La dot eft donnée pour l'ou- tenir les charges du mariage. Dotem recentiores macrimonium appellarunt. Ainii en plulicurs Coutu- mes on .appelle la dot, le maria je i Se on appelle en Normandie, Bref de mariage encombré, 1 ac- tion de réintégrande , qu'a la fenime pour rentrer dans les biens dotaux , ou de Ion mariage j qui ont été aliénés par fon mari. Mariage, fe dit aulîi des cérémonies qui fe font à la paftation de ce contrar. Sponfalia, Ils font en pro- melïe de mariage. On a donné les articles de maria- ge. Il eft détendu de faire des contrats de mariage par paroles de prcfent. Perverba de prîfenci. On a publié les bans du futur mariage. La célébration du mariage fe doit faire en face d'E^life, & devant fon propre Curé. On doit tenir à 1 Eglife des regif- tres des mariages , pour donner des certificats des mariages. Le douaire ne fe gagne que par la con- fommation du mariage. Les mariés font tenus ae fe rendre réciproquement les devoirs du manage , de fe garder la foi de mariage. Les Turcs ont trois fortes de mariages , &c trois fortes de femmes ; des femmes légitimes , des fem- mes à Kabin , &des elclaves. Ils époufent les pre- mières J ils louent les fécondes , &c achettent les troifièmes. Du Loir , p. lyi. Cet Auteur décric au même lieu , & pag. fuiv. la manière dont fe font les mariages légitimes : pour le mariage à Ka- bin, l'homme n'a qu'à paffer devant le Magiftrac un contrat de mariage pour la fomme qu'il eft con- venu de lui donner , quand il lui plaira de la quitter , à condition pourtant qu'il nourrira les enfans qui en proviendront. Quelquefois les Turcs en ont aiitfi des Chrétiennes , & cette forte de mariage eft aulTi fouvent pratiquée par les Chrétiens étrangers, qui font ici ( à Conftantinople j , & qui ont auili la liberté d'avoir des efclaves , mais de leur religion feulement. Les Turcs feuls en peuvent avoir de tou- tes fortes de religions. Du Loir, p. 17s , 17S. Voye^ encore Kabin. Mariage, fe dit aulîi de la folennitédes noces. Être invité à un mariage. Mariage avenant. Terme de Coutumes. Matrimo- nium conveniens. Il eft ainsi défini dans l'ancienne Coutume de Normandie. Mariage avenant est, fc