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ORD

ORDINANT. s. m. Evêque ou Prélat qui donne les Ordres. Ordines conferens. L’Ordinant doit dire la Messe, faire telles & telles cérémonies suivant les Ordres qu’il confère.

ORDINATEUR, s. m. Celui qui met en ordre. Ordinator. M. l’Abbé Fleury, s’est servi de ce mot dans son Hist. Eccl. T. III. p. 143. Les Juifs ont un ancien Rabbin, nommé Rabbi Jehuda Ban-Baha, qui porte le surnom d’Ordinateur, en Hebreu הסומך, Hassomech. Voyez David Ganz, Milliar. 4, an. 828. Ailleurs il s’en sert pour exprimer l’Evêque qui confère les Ordres : Le Concile dit, il faut déposer & l’Ordinateur, & celui qu’il a ordonné. T. XII. p. 132.

☞ ORDINATION, s. f. Action par laquelle on confère les Ordres sacrés. Ordinatio. Les Théologiens Catholiques définissent l’ordination un sacrement de la nouvelle loi, qui donne le pouvoir de faire les fonctions ecclésiastiques, & la grace pour les exercer saintement. Se présenter à l’ordination. C’est un tel Evêque qui fait l’ordination. Quand on demande les Ordres hors le tems de l’ordination, il faut avoir une dispense de Rome, expresse pour cela, qu’on appelle extra tempora. L’ordination a toujours été la principale prérogative des Evêques, & ils se sont toujours réservé cette fonction, comme une marque de souveraineté dans leur diocèse. Par l’ancienne discipline l’on ne faisoit point d’ordinations vagues & absolues : il falloit avoir une Eglise pour être ordonné Clerc, ou Prêtre. Dans le XIIe siècle on se relâcha, & on donna l’ordination sans titre, ou sans bénéfice. Le Concile de Trente a renouvellé l’ancienne discipline, & défendu de promouvoir aux Ordres sacrés un séculier, qui ne soit pourvu d’un bénéfice suffisant pour subsister. Cela ne s e pratique point en France. Voyez Titre. Les Protestans tiennent que la vocation du peuple est la seule chose essentielle pour la validité du Ministère des Pasteurs, & que l’ordination n’est qu’une cérémonie qui rend la vocation plus authentique & plus majestueuse, mais qui n’est point d’une nécessité absolue. Chez eux l’ordination n’est autre chose que la cérémonie d’installer un Candidat d’Eglise réformée dans le Diaconat ou dans la Prêtrise.

L’Eglise Anglicane tient que personne ne doit s’ingérer dans les fonctions du ministère, sans ordination, & qu’il n’appartient qu’aux Evêques de la donner.

☞ Le Concile de Rome tenu en 744, ordonne par son IIe Canon qu’on ne fera les ordinations qu’au premier, au quatrième, au septième & au dixième mois ; c’est à-dire, aux Quatre-tems. Les Grecs n’usent point d’onction dans l’ordination des Prêtres, ni des Evêques. L’ordination des Evêques s’appelle proprement consécration. On ne trouve point non plus dans l’Eglise Romaine de vertiges de l’onction des Evêques avant saint Léon ; & l’onction des Prêtres y étoit encore inconnue du tems de Nicolas I. Fleury, Hist. Eccles. L. 76. Le Pape Alexandre II défend l’ordination per saltum dans son Epitre 32e, c’est-à-dire, le passage à un Ordre supérieur, sans avoir passé par les inférieurs, comme des quatre moindres, passer au Diaconat, sans avoir été ordonné Soudiacre auparavant ; c’est ce qui s’appelle ordinatio per saltum. On appeloit ordination absolue, l’ordination d’un Clerc qui n’avoit point de titre. Le Concile de Meaux en 845, Canon 52, défend les ordinations absolues. On ne fera point d’ordinations absolues, & ceux qui seront ordonnés pour des titres, auront passé au moins un an, dans un clergé réglé, ou dans la cité, c’est-à-dire, la ville épiscopale, afin que l’on puisse connoître leur doctrine & leurs mœurs. Fleury. On nommoit ainsi ces ordinations, parce qu’elles ne lioient point l’Ordonné à aucun titre ni à aucune Eglise.

ORDINGEN. Nom d’une petite ville du Diocèse de Cologne, en Allemagne, Ordinga, Castra Hordiani. Elle, est près du Comté de Meurs, sur le Rhin, environ à deux lieues au-dessous de Kayserwert. Maty.

ORDIR. Vieux v. a. Souiller. Borel. Salir. Maculare, inquinare, inficere.

ORDO. s. m. Ordo, directorium. Terme purement Latin, que l’usage a francisé pour signifier un petit livret que l’on fait pour chaque année à l’usage des Ecclésiastiques, pour les instruire de la manière dont on doit faire l’Office chaque jour, et de ce qu’il faut dire & observer de particulier dans la Messe du jour. L’Ordo est fort commode pour ceux qui ne sont pas suffisamment instruits des rubriques & des liturgies. J’ai perdu mon ordo, prêtez-moi votre ordo. Ce petit livret se nomme autrement Directoire, & les Ecclésiastiques le nomment burlesquement entr’eux Guide-âne ; mais son nom le plus commun c’est ordo. Il faut que j’achète un ordo.

ORDONNANCE. s. f. Loi, statut, commandement d’un Souverain, ou d’un Supérieur. Lex yedictum, constitutio, edictio, prAstnptum, soitum.’A suit garder les ordonnances divines, les ordonnances de l’Eglise. Il est nécelÏÏaire pour le salur, de n : s’écarter en rien des ordonnances àzXyien & des Saints Pères. Arnaud. Seigneur, vos ordonnances sont admirables, & c’est ce qui me porte à les observer. Port-R.

Ordonnance, se dit plus particulièrement dans la Jurisprudence Françoise, des loix qui sont établies par la seule autorité du Roi : auquel léns, on dit Ordonnances Royaux, par une vieille façon de parler qu’on n’a point : encore changée ; car si on vouloit parler régulurement, il taudroit dire Ordonnances Royales. Edicta Regia, Regixfanctiones. Mais cela n’est point encore reçu. Vaug. Rem. On dit aussi Ordonnance, de, Ijix faites dans les Etats Généraux du Royaume, quoiqu’il e ne soir pasémanée de la seule autonte Koyâh. Ordonnance de Blois. Ordonnance de Moulins.. Ordonnance d’Orléans. Ordonnance a encore une signification plus particulière, par laquelle on distingue une Ordonnance d’un Edit, non pas par la force, car ce ? deux fortes de hix obligent les sujets, mais par la forme. Une Ordonnance proprement dite, & prise dans cette signification étroite, dont nous pari ms, n’a pas un long préambule, qui contienne en détail les motifs de commander, ou de desendre telle chose, comme un Edit. Enfin, le mot Ordonnance est générique. Il comprend toutes les espèces de Lettrès-Patentes ; mais on l’applique dans lulage aux Edits généraux, qui contiennent des dispositions sur plusieurs matières diierentes. Toutes les Ordonnances, comme les Edits & les Lettres Patentes qui sont une première loi, commencent par C(’S mots. À tous présens & à venir, salut. Elles sont scellées de cire verte, sur des lacs de foie verte & l’on^e. Elles ne sont ditees que du mois & de l’année. Les adresses d’une même Ordonnance sont différentes sel m’les Cours. Fontanon a fait le recueil des Ordonnances Royaux en trois volumes. Pierre Guénois a fait la conférence des Ordonnances. Les Ordonnances de Saint Louis & des autres Rois qui l’ont précédé s’appellent les anciennes Ordonnances. La nouvelle Ordonnance de 1667 confirme, ou réforme les précèdentes. Elle regarde les affaires civiles. L’Ordonnance de 16^0 regarde les affaires criminelles. On les appelle l’une & lautre le Code Louis. Il y a une Ordonnance sur le fait des Eaux & Forets de l’année 1669, & une Ordonnance de la Marine de l’année 1681. Il y a aussi les Ordonnances de la Ville, celles des Lir ; hands ; celles pour la Guerre, pour les Tailles, & pour les Aides (S : Gabelles.

Ordonnance, se dit aussi des simples commandemens des Ministres, ou des Juges. Judicis decretum. On a écroué ce prisonnier de l’ordonnance verbale de la Cour, de l’ordonnance du Lieutenant Criminel.

Ordonnance, se dit aussi de ce qui est mis par les Juges au bas des requêtes qu’ils répondent. Judicisfuhscriptum, placitum. Cette requête est répondue d’une ordonnance de parler sommaire, de, viennent les parties, Ae, fou communiqué. On le dit pareillement de ce qu’ils mettent au bas d’un procès-verbal, ou qu’ils y infèrent, pour juger quelques contestations qui se forment devant eux. Quand il y a appel de l’ordonnance d’un Juge commis, il ne peut plus être rapporteur.

On appeloit, il n’y a pas long-tems, un défaut aux ordonnances, le défaut qui s’obtenoit devant un Conseiller commis à la barre de la Cour, pour instruire un débouté de défenses. C’est une procédure abrogée par la dernière ordonnance.