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de ses Réflex. sur l’usage présent de la Langue Françoise. Il faut dire, selon sa remarque, cette femme est Poëte, est Philosophe, est Médecin, est Auteur, est Peintre ; & non Poëtesse, Philosophesse, Médecine, Autrice, Peintresse. On doit en cela, continue-t-il, deférer à l’usage qui donne la terminaison féminme à certains mots pour le genre féminin, & qui ne la donne pas à d’autres… Il y a pourtant, (c’est toujours lui qui parle) des mots que l’usage de notre Langue n’a pas encore bien arrêtés là-dessus : en ce cas-là il faut suivre la règle que donne M. de Balzac, Liv. 6., Lett. 57. qui est de prendre conseil de l’oreille, & de choisir ce qui la choque le moins, & qui est le plus doux à la prononciation. Par exemple, dit Balzac, je dirai plutôt que Mademoiselle de Gournai est Poëte que Poëtesse, & Philosophe que Philosophesse. Mais je ne dirai pas sitôt qu’elle est Rhétoricien que Rhétoricienne, ni le Traducteur que la Traductrice de Virgile… Je crois qu’il n’auroit pas dit non plus, cette femme est Médecin, pour marquer qu’elle exerce la Médecine. S’il s’agit de la femme d’un Médecin, voici comme Richelet prétend qu’il la faut nommer. Quelques personnes se servent du mot de Médecine, pour dire, la femme d’un Médecin. Ils diront Madame la Médecine, ou Mademoiselle la Médecine est accouchée. Ces personnes parlent comme les provinciaux qui ne savent pas parler. On dit à Paris, la femme d’un Médecin. Je reviens à Peintresse, dont il y a un exemple à p. 1383, du 2 vol. du Merc. de Juin 1735, où l’on dit que le portrait du Roi de Sardaigne a été peint en petit par la Florentina, Peintresse à Turin.

Peintre. Il se dit aussi de ceux qui représentent vivement les choses dont ils parlent, dont ils traitent, soit en proie, soit en poësie. Cet Orateur est  : un grand Peintre. Ce Poëte est un excellent Peintre. Ac. Fr. La Bruyère étoit un grand Peintre.

Peintre. Terme de Fleuriste. Nom d’une tulipe, qui est colombin vif &  : blanc, pnnranière. Morin.

Peintre en ématl, celui qui avec des pinceaux &  : descouleurs d’émail, imite sur des plaques d’or ou de cuivre émailiées de blanc ; tout ce qu’il y a de beau dans la nature. Encaussicus Parler. Les couleurs du Peintre en émail font le noir d’écaillé, l’azur, le jaune, le gris de lin, le rouge, le pourpre d’or, le pourpre de Vitrier, &c. Meilleurs Bordier & Petito ont été les plus fameux Peintres en émail de Paris, & les premiers qui ont fait des portraits en émail.

☞ Peintre en miniature. Voyez Miniature.

☞ Peintre Evantailliste. Voyez ce mot.

IJ3" Peintre au gros pinceau. Ouvriers qui impriment des peintures en huile ou en détrempe sur toutes sortes d’ouvrages, & qui ne se servent que d’une grosse brolle pour appliquer les couleurs.

On dit proverbialement, gueux comme un Peintre en parlant d’un homme qui est mal dans les affaires.

PEINTURE. I. f. Couleur qui sert aux Peintres à enduire ou colorer. Color, pigmentum. Voilà une tache de peinture sur votre habit. De la. veinture à l’huile. Le fer enduit de peinture ne se retraite point. L’ocre est une peinture jaune. Dans ce sens on dit mieux couleur.

Peinture, se dit aussi figurément pour, fird. Fucus, rnundus muliehris. Les femmes ne prendroient pas tant de peine à le farder ce à s’enluminer, si elles savoient que toute cette peinture les rend astreuses & dégoûtantes. LaBruy.

☞ Peinture, estaulîî l’art d’appliquer les couleurs. l’art qui enseigne à représenter les objets, &’à leur donner une espèce de vie par le contour des traits & les diverses teintes des couleurs. Piclurit ars, piclura, graphice, graphices. La peinture est un des arts libéraux. La peinture est un art muet, qui ne parle qu’aux yeux. Le Titien, Paul Veroncfe, ont excellé en  : : l peinture. De tous les arts que l’homme a inventés, il n’y en a point de plus admirables que h peinture. sel. C’est par le moyen de la peinture, qu’on peut tracer une image, &  : une ressemblance de toutes les choses qui Tombent sous les sens, & représenter la nature même. ÏD. On dit, ombrager, rehausser une peinture ; pour « aire, lui donner les jours convenables. Charles Al P E I

phonfe du Frcnoi a écrit de l’art de peinture, dont il tait trois parties, l’invention, le dessein y&c le coloris. On y ajoûte la disposition.

☞ La première manière de peindre tire sans doute fou origine de l’ombre des corps, & ne consista d’abord qu’en quelques traits, qui le multipliant peu-à-peu formèrent le dessein. On y ajouta ensuite la couleur. Elle fut d’abord unique à chaque destein, & cette manière de peindre lut nommée monockromate, c’est à-dire, d’une seule couleur. L’art le perfedtionnadei jour en jour ; on y joignit d’autres couleurs, avec lesquelles les- anciens Peintres ont fait tant d’excellen ; ouvrages, qui ont rait l’admiration de tous les siècles, Il y a des Jurés & des Gardes de la Peinture, qui p ; les statuts doivent taire rapport de toutes les méprentures & offenses qif ils trouveront être faites aux ouvrages & besognes du métier. Leurs statuts défendent aux M.içons & Charpentiers, aux Parfumeurs, Mer ; ciers, Lingères, Tabletiers, Miroitiers, Nattiers Plombiers, d’entreprendre aucuns ouvrages depeintun & de sculpture. Parmi les Grecs il étoit défendu auï esclaves de s’appliquer à la peinture, & d’exercer art il noble & si excellent. Felibien.

Peinture, se dit aussicies tableaux, des ouvrages de l’ar de peinture. Piclara^piou tahelU. Allons voir tspein rrtï, de la sorte. La plupart des tableaux d’Italie font de peintures à fresque. Les peintures en « OTiji/durent long tems. Les)[3.tes peintures de Philoftrate. La ville d Culo au Pérou, est renommée par la grande quantit de tableaux & de peintures que les Indiens y font, S dont ils remplissent tout le Royaume ^ quelques mai vaises qu’elles soient. Frézier, pag. iss.

Peintures, au jeu de cartes, se dit des Rois, des Ds mes & des Valets. Folia luforia picla. On dit qu’u homme a blanche, quand il n’y a point de peintui dansfon jeu.

Peinture, se dit figurément en choses morales, & ; gnifie, description vive & naturelle d’une chose. De criptio, reprdfentatio.’Il nous a fait la peinture nzi d’une telle chose, pour dire, il nous en a tait au nati sel la description. Salomon a fait une peinture naïve c’les irrésolutions, de les désirs & de son ignorance. ; EvR. Ovide fait deSst’Éirtf : lre, de ses amours trop la cives & trop voluptueuses. Id. La Poësie fait hpeii ture des passions de l’ame. La langue Italienne fonf plus à faire de heWespeintures, que de bons portrait ! & pourvu que les tableaux plaisent, elle ne le foue pas qu’ils ressemblent. Bouh. Les peintures ridiculi qu’on expose sur le théâtre, doivent être regardéesc tout le monde sans chagrin ; ce sont des miroirs pi blics, où il ne faut jamais témoigner qu’on se voi MoL. L^peinture du vice est utile, pour en donner c’l’horreur, & pour apprendre à l’éviter. Vill. Apn lui avoir fait une iïdce peinture du pays. Bouheur ;

De cette pajfwn {l’amour) lasensible peinture, Efi, pour aller au cœur, la route la plus sûre, Boi

On dit aussi familièrement qu’un Roi n’est Roi que peinture, Rex nomine tanthm, lorsqu’il ne gouveri pas son Etat par lui-même, qu’il en laisse à d’aussi le loin & l’autorité.

Un duel met les gens en mauvaise posture, Et notre Roi n’est pas un Monarque en peintui

Mol

On dit qu’un homme est vaillant en peinture, 1 brave en peinture ; qu’il n’est riche qu’en peinture lorsqu’il ne l’est qu’en apparence. On dit aussi, qu’c a fait une mauvaise peinture d’un homme ; pour din qu’on en a mal parlé.

On ne fait point quelle a été l’origine de hpei, ture ; mais il est certain qu’elle est fort ancienne. Di’l dore de Sicile, L. II, c. 4. rapporte que Sémirait, ayant tait rebâtir Babylone, il y avoit une muraille, deux lieues & demie de tour, dont les briques avoit été peintes av.ant que d’être cuites, & représentoie. diverses sortes d’animaux. Et quoique cette sorte