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VEP — VER

VEP

VÊPRE. s. m. Le soir, ou crépuscule qui dure depuis le coucher du soleil, jusqu’à ce qu’il soit tout-à-fait nuit. Vesper, vespera.

Ce mot vient de Vesper ou Hesperus, qui est l’étoile de Vénus, ou l’étoile du Berger. Elle paroît le soir quand elle est occidentale au soleil. On dit, Je vous donne le bon vêpre. Ce mot devient vieux.

Vêpres. s. f. pl. Partie de l’Office Divin, qu’on disoit autrefois sur le soit, Vespere, d’où vient leur nom, & qui se dit aujourd’hui l’après midi, pour l’ordinaire sur les trois heures. Vesperæ. Les Vêpres du Dimanche, de la première, de la seconde Férie. Un bon Chrétien doit assister tous les Dimanche à la Messe de Paroisse, au Sermon & à Vêpres. L’Office double est composé de deux Vêpres entières. Les Vêpres des morts, de la Vierge, &c. Les premières Vêpres, sont celles qui se disent la veille de la Fête.

On appelle Vêpres Siciliennes, un cruel massacre qui se fit en Sicile de tous les François, la veille de Pâques, l’an 1282, & dont le signal fut le premier coup qui sonna les Vêpres. Strages, vesperæ Siculæ. Quelques autres disent que ce fut le jour de l’Annonciation. On attribue ce soulevement à un nommé Prochyte, Cordelier, dans le temps que Charles d’Anjou, Frère de St. Louis, étoit Comte de Provence, & Roi de Naples & de Sicile. Le maflssacre fut si général, qu’on ne pardonna pas même aux Italiennes enceintes du fait des François. On dit par la même raison, les Matines de Moscou, en parlant de l’assassinait que firent les Moscovites, de leur Prince Démétrius, & de tous les Polonois ses adhérans qui étoient à Moscou, le 27 jour de Mai 1600, à six heures du matin, sous la conduite de leur Duc Choutski.

On a aussi appelé Matines Françoises, le massacre de la saint-Barthélemi, arrivé en 1572. Nous en parlons ailleurs.

On dit proverbialement, qu’un homme ne va ni à Vêpres, ni à Messe ; pour dire, qu’il n’est pas bon Catholique. Après Vêpres, Complies, pour dire, après cela j’aurai autre chose qui vaudra mieux. On dit d’un homme qui ne marche pas droit, qu’il va de travers comme un Chien qui va à Vêpres.

VER

VER. s. m. Petit animal, ou insecte rampant, qui n’a ni vertèbres ni os, qui naît dans la terre & dans les eaux, dans les animaux, dans le corps humain, dans les plantes, dans les fruits, &c. Vermis, vermiculus, lambricus. Les vers, comme les autres animaux, viennent d’un œuf.

Il y a un ver aquatique qui a toujours la tête & la queue dans l’eau, & le reste du corps sur terre. C’est pourquoi il se tient toujours sur le bord des eaux tranquilles. Voyez la description de ce ver singulier dans les Mém. de l’Acad. des Sciences, année 1714. Il y a un autre ver aquatique, qu’on appelle à queue de rat ; à cause d’une queue fort longue, eu égard à la longueur de son corps, qui n’est que de 7 ou 8 lignes. Cette queue est l’étui d’une autre encore plus longue, repliée sur elle-même, & qui entre jusque dans le corps de l’animal. Cette seconde queue est le canal de la respiration. En se tenant au fond de l’eau, il peut alonger sa queue jusqu’à la surface, de la longueur de cinq pouces, pour prendre l’air.

Il y a des vers qui s’engendrent dans les fruits. Les prunes, les framboises, les bigarreaux y sont fort sujets. On en trouve rarement dans les cerises & autres fruits acides. Il s’en engendre de même dans les grains & dans les farines. La calandre, le charançon qui ronge les blés, curculio, est une espèce de ver. il n’y a guère de plante qui n’ait son ver, sa chenille, son papillon.

Il s’engendre aussi des vers dans les corps vivans. Les enfans sont sujets aux vers. On appelle vermifuges, les remèdes qu’on emploie pour faire mourir les vers qui s’engendrent dans le corps humain, ou pour les en chasser. Il y a de petits vers dans le foie de quelques animaux, & surtout dans le foie des moutons, dont on voit la description dans le Journal des Savans de l’année 1668. Tous ces vers viennent des œufs de quelque insecte qui ont passé dans le corps, mêlés avec les alimens, ou par quelque autre voie.

M. Andry a fait un excellent Traité de la génération des vers dans le corps de l’homme : il y en a eu deux éditions à Paris, une en 1700, & l’autre en 1714. L’opinion de la plupart des Anciens étoit que les vers se produisoient de pourriture sans aucune semence : M. Andry prétend qu’ils se produisent dans la pourriture, & à l’occasion de la pourriture ; mais par le moyen de germes formés dès la création du monde, & ensuite introduits successivement dans des œufs par le moyen de la génération ; que les œufs des vers peuvent entrer dans notre corps & avec les alimens que nous prenons, & avec l’air que nous respirons : que les vers mêmes qui se produisent dans les corps morts des animaux, y étoient déjà en œufs dès le vivant de l’animal ; que des insectes qui se produisent dans les animaux, quelques-uns peuvent y être entrés avec l’humeur spermatique, qui a servi à la génération des animaux.

Les vers qui se produisent en nous, naissent ou dans les intestins, ou hors des intestins. Dans les intestins il y en a d’ordinaires, & un extraordinaire nommé tenia ruban, à cause de sa figure, ou ver solitaire. Voyez ces mots. Ceux qui naissent hors des intestins, sont de douze classes différentes, selon les lieux où ils s’engendrent. Les encéphales naissent dans la tête, les pulmonaires dans le poumon, les hépatiques dans le foie, les spléniques dans la ratte, les cardiaires dans le cœur, les péricardiaires dans le péricarde, les sanguins dans le sang, les vésiculaires dans la vessie, les helcophages se nourrissent dans les ulcères & dans les plaies, les cutanés sous la peau, les ombilicaux dans le nombril, & les vénériens dans les parties attaquées de la vérole, les rinaires ou nasicoles viennent dans le nez, les auriculaires viennent dans les oreilles, & les dentaires viennent aux dents. Les vers des intestins sont de trois sortes, les ronds & longs, les ronds & courts, & les plats. Les ronds & longs, autrement appelés strongles du mot Grec, qui signifie long & rond, s’engendrent dans les intestins grêles, & pour l’ordinaire dans le duodénum. Les longs & courts se produisent dans le rectum, & s’appellent ascarides du terme Grec, qui signifie agile & remuant, parce que ces petits vers sont dans un mouvement continuel. Le ver plat se nourrit dans le pylore de l’estomac, & se nomme tenia ou ruban. Voyez le Traité de M. Andry sur les vers qui s’engendrent dans le corps humain.

Edouard Tyson, Médecin de Londres, & Membre de la Société Royale, a fait aussi une Description des vers plats & larges qui se trouvent dans le corps de l’homme & des animaux. Elle est dans les Transactions Philosophiques d’Avril 1683. & dans le Journal de Leipsick, 1684, p. 149.

Ver à Soie, est un ver qui produit la soie, & qui est une des merveilles de la nature. Bombyx. Il se nourrit de feuilles de mûrier blanc. Il s’enferme dans une coque qu’on dévide, dont on fait la soie, au-dedans de laquelle est une fève qui devient un papillon, & qui fait une infinité d’œufs qui éclosent au printemps. Les vers à soie de la Chine sont des espèces d’araignées, en Latin ser. Le nôtre s’appelle bombyx. Il y a des vers à la Chine qui font de la cire. Un ver à soie avec ces mots, sibi vincula nectit, est la devise d’un Courtisan qui se rend esclave, & qui se fait des chaînes à soi-même aussi-bien que le ver à soie. Bouh.

Ver, se dit aussi de la cochenille, qui est une espèce de ver plat & rond comme une punaise, qui est gris quand il est sec, & qui teint en écarlate. Vermiculus Indicus, quem vocant cocinillam.

Ver luisant, est un certain ver qu’on voit particulièrement en Automne, qui est brillant la nuit comme une chandelle, λαμπυρὶς Lampyris, cicindela femina