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ACHAB — ACHAIE

il le faisait, dans l’adultère, le roi de Babylone le fera périr, et par un supplice si cruel, qu’il fournira aux survivants cette formule de malédiction : « Que Jéhovah te traite comme le roi de Babylone a traité Achab. » Jer., xxix, 21-22. Ce supplice est celui du feu, inusité en Palestine, mais en usage chez les Babyloniens. Daniel en fait expressément mention, iii, 6. Cf. Smith, History of Assurbanipal, p. 137, 138, 157 ; Transactions of the Society of biblical archæology, t. ii, p. 360 et suiv. ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 3e édit., t. iv, p. 439-442. Nous ne saurions dire s’il y a, dans le mot employé pour désigner le supplice d’Achab (qâlâm), une allusion au père de ce faux prophète (Qôlâyâh).

L’identité de l'époque à laquelle vivait Achab et l’autre faux prophète menacé par Jérémie, xxix, 21-22, d’une part, et les deux juges calomniateurs de la chaste Susanne, Dan., xiii, 5, d’autre part ; la similitude de leurs fonctions et celle de leur fin tragique ; enfin et surtout le désir de justifier par une référence l’expression : « ceux dont a parlé le Seigneur, » Dan., xiii, 5, avaient porté plusieurs Juifs dont parle saint Jérôme, In Danielem, in hoc loc. à voir dans les deux vieillards de l’histoire de Susanne les deux faux prophètes Achab et Sédécias. Mais, outre que le supplice est fort différent, ici la lapidation, Dan., xiii, 62 ; cf. Deut., xix, 1819 ; Ezech., xvi, 40, là le supplice du feu, Jer., xxix, 21-22, il y a une différence entre ceux qui prononcent le châtiment : contre les vieillards, c’est le peuple ; contre les faux prophètes, c’est le roi de Babylone. Ces divergences ont fait abandonner universellement l’assimilation.

P. Renard.


ACHAD (hébreu : ʾAkkad ; quelquefois incorrectement : Akkar, à cause de la ressemblance du daleth, ד, et du resch, ר, hébreux ; Septante : Ἀρχάδ ; textes cunéiformes : Agadê, Akkadu), ville située sur la rive gauche et assez près de l’Euphrate, à environ cinquante kilomètres nord-ouest de Babylone, à l’endroit où l’Euphrate et le Tigre, n'étant plus séparés que par une distance de trente kilomètres, étaient autrefois réunis par un canal nommé canal d’Akkad. Cette ville était située sur le quai méridional du canal, tandis que sur l’autre quai s'élevait la ville de Sippar, la Sépharvaïm de la Bible, dont Achad semblait n'être qu’un faubourg.

La Genèse, x, 10, mentionne cette ville comme faisant partie de la tétrapole du Sennaar, gouvernée par Nemrod. Les fouilles ont prouvé qu’elle remonte, en effet, à la plus haute antiquité. Les scribes babyloniens plaçaient vers l’an 3800 av. J.-C. le règne de Sargon d’Akkad ; cette indication est confirmée par les monuments qui portent le nom de ce prince, dont les inscriptions sont tracées en style fort archaïque : le clou ou coin, élément constitutif de l'écriture cunéiforme, n’y apparaît pas encore ; on n’y rencontre que la ligne droite ou brisée, figurant d’une façon plus ou moins grossière l’objet dont on veut peindre le nom. (Fig.18.)


18. — Cylindre de Sargon l’Ancien. Collection de M. de Clercq.

À cette époque, Achad était déjà un centre d'études littéraires, astronomiques et surtout astrologiques. Nous possédons encore, sinon en originaux, du moins en copies, une portion de la bibliothèque rassemblée par Sargon et Naram-Sin, son fils. Voir Records of the past, 2e série, i, p. 37 ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 77-79. Plus tard, Achad perdit son rang de capitale ; mais les plus anciens souverains de Babylone tinrent à honneur de joindre à leur titre celui de roi de la région d’Akkad, Šar mat Akkad ; et le nom d’Akkadien, Akkadu, paraît être demeuré l’appellation ethnographique pour la portion septentrionale de la Babylonie, tandis que celui de Sumir semble avoir été réservé à la partie méridionale. Malgré le déplacement de la royauté, Achad continua à jouer un rôle important jusque sous la domination des Perses. Cette ville est mentionnée dans les inscriptions égyptiennes d’Amenhotep II (xviiie dynastie), qui s’en empara, ainsi que de Ninive. Jusqu'à présent son histoire ne paraît pas, comme celle d’Arach, liée intimement avec les aventures d’Isdoubar, le Nemrod chaldéen. Anounitou, l’Istar ou la Vénus du matin, était la déesse protectrice d’Achad. Pendant longtemps les assyriologues ont donné du nom de cette ville la lecture erronée Âgané ; cette méprise, due à la polyphonie du dernier signe cunéiforme, qu’on peut lire ou , a contribué à prolonger l’ignorance des exégètes relativement à la situation véritable de la ville nemrodienne. Les anciens avaient cru la retrouver dans Nisibe : c'était l’opinion des Targums, de saint Éphrem, de saint Jérôme, d’Aboulfaradje ; mais cette ville est beaucoup trop éloignée du Sennaar. Plusieurs parmi les modernes ont proposé Akkerkouf et Niffar, l’ancienne Nipour ; mais si la situation géographique est plus satisfaisante, les noms eux-mêmes protestent contre cette hypothèse gratuite. Voir Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? p. 209 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 307-308.


ACHAÏE (Ἀχαΐα). Ce terme géographique a désigné, dans l’antiquité et dans les temps modernes, une étendue de pays très diverse. Pour Homère, Achéen et Grec étaient synonymes ; la Phthiotide fut d’abord appelée Achaïe.


19. — Monnaie de l’Achaïe.
Zeus Homogyrius debout, tourné à gauche. Il tient dans la main droite une Victoire qui lui pose une couronne sur la tête et de la main gauche Il s’appuie sur un long sceptre. ΗΙΠΑΡΧΟΣ [titre du second magistrat de la ligue achéenne. Son nom manque sur la médaille. Ce magistrat n’existait plus à l'époque romaine]. — F. Déméter Panachaïa, assise sur un trône, à gauche. Elle a une couronne dans la main droite et elle s’appuie de la gauche sur un long sceptre, comme Jupiter. ΠΑΛΛANTEΩN AXAIΩN [monnaie] de Pallantion [en Arcadie, ville] de la ligue achéenne.

Plus tard, ce nom fut réservé à la contrée située au nord du Péloponèse, le long du golfe de Corinthe. Après la conquête romaine, on appela Achaïe tous les pays qui avaient fait partie de la ligue achéenne. Pausanias, VII, xii, § 10. L’Achaïe renfermait donc le Péloponèse, la Grèce centrale et les lies adjacentes. C’est à l’Achaïe qu’actuelle-