Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/496

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

8(H

AFiAME

802

tantôt er Saba, « ville de Saba, » tantôt mat Saba, « pays de Saba ; » la ville de ce nom était donc la capitale d’un territoire assez considérable. Il me paraît assez vraisemblable que la ville d’el-'Olâ, qui a fourni aux voyageurs modernes de nombreuses inscriptions appartenant aux trafiquants venus du sud, représente sinon la capitale de la Sabée septentrionale elle-même, du moins une des villes qui faisaient partie de son territoire. À cette hypothèse, il n’y a qu’une seule objection sérieuse, c’est qu'à l'époque où les inscriptions méridionales furent gravées, la ville d’el-'Olâ était la capitale d’un royaume indigène des Lihyân, les Lechieni de Pline. Cependant cette difficulté peut bien n'être qu’apparente : d’abord la formation du royaume lihyanite peut avoir eu lieu à une époque plus tardive, par exemple après l’expédition de Nabuchodonosor en Arabie, qui paraît avoir amené un grand bouleversement dans l’ancienne situation des tribus à l'égard les unes des autres ; ensuite l’auteur de la généalogie céturéenne a pu regarder les Lihyàn eux - mêmes, en admettant que cette tribu ait existé de son temps, comme un mélange de Céturéens et de Sabéens, dans lequel ce dernier élément formait la majorité. L’idée que la ville d’el-'Olâ serait une localité de l’ancienne Sabée septentrionale peut donc se défendre provisoirement, jusqu'à ce que de nouvelles découvertes viennent nous apporter la vraie solution du problème.

Dadan (pïï, Dedân, AotSdtv, Ae5âv, AaiSâv) est la ruine

Daïdân, située dans le Hedjàz septentrional, à l’est de Teimâ et au sud-est d’Aïla, aux contins du royaume édomite. Ezech., xxv, 13. Les Dadan livraient des tapis précieux au marché de Tyr. Ezech., xxvii, 20. Ils étaient originaires du sud, et voilà pourquoi ils figurent dans la liste des peuples cousehites dans la Genèse, x, 7 ; et cette donnée est confirmée par la présence du nom jn dans les inscriptions sabéennes.

Des peuplades issues de Madiân, on peut identifier les suivantes :

Êpha (ns’y, 'Efâh, Teçàp, Touyi) est mentionné dans

Isaïe, LX, 6, comme une tribu commerciale, riche en chameaux, et transportant de Saba l’or et l’encens. Les textes assyriens la mentionnent sous la forme Hayapâa, et les inscriptions du Saba présentent nsy comme un nom d’homme.

Opher (isï, 'Êfer, 'AçEip) peut être la localité de 'Ofr,

que les géographes arabes placent entre la Sarrat ou montagne du l’ihàma et Abân. Hénoch (^ : ii, IJânôk, 'Evii^), assez probablement à

identifier avec la ville de Hanakia, à trois journées au nord de Médine. On a fait remarquer que les noms 'Epha, 'Epher et Hanok, se retrouvent comme noms de famille dans les tribus de Juda, de Manassé transjordanique et de Ruben, et on en a conclu que plusieurs familles madianites se sont jointes aux Hébreux. Cette conclusion est bien vraisemblable, quand on se rappelle que Moïse était allié à une famille sacerdotale de, Madian. Exod., iii, 1. Il y a même lieu de penser que le m siï, 'êréb rab, qui

se joignit aux enfants d’Israël à leur sortie d’Egypte n'était pas simplement « une grande cohue mixte (sîii’u.'xtc ; tco).'jç, vulgus promiscuum innumerabile) », mais « une grande multitude d’Arabes », dans laquelle les Madianites étaient en majorité. Les rapports amicaux entre les Hébreux et les Madianites datent, dans tous les cas, de la première période du séjour dans le désert ; plus tard, les rivalités et les questions d’intérêt ont provoqué une haine implacable entre ces deux peuples abrahamides.

Les noms ethniques Abida (y-pas, 'Abldâ') et Eldaa (nyiha, 'Eldà'âh) sont inconnus.

La série des peuplades ismaélites semble se dérouler dans un ordre plus strict, procédant du sud au nord. Gen., xxv, 13-15.

Nabaioth (ïva ; , Nebàyôf, Naoat(ô0) représente la nation

considérable des Nabatéens, qui, à partir de l'époque perse, formèrent un puissant royaume dont la capitale était la ville célèbre de Pétra, l’ancienne résidence des rois iduméens, dont est tirée la dénomination d’Arabie Pétrée. Jusqu’au temps de Nabuchodonosor, ils habitaient sur les limites du Hedjàz, et leur ville principale était i ; n ou

Egra. Les voyageurs récents y ont découvert un grand nombre d’inscriptions funéraires, dont quelques-unes sont antérieures à 1ère chrétienne. En 169 avant J.-C, le grand prêtre renégat Jason se réfugia auprès d’Arétas ( nn~n) I er, roi des Nabatéens, II Mach., v, 8, et déjà, en 312, les Nabatéens furent assez forts pour repousser l’attaque d’un détachement grec conduit par Athénée, un général d’Alexandre, et le succès remporté sur eux par Démétrius fut peu décisif. Diodore, xix, 94-100 ; Plutarque, Demetr., vu.

Le nom national des Nabatéens est, dans les inscriptions et les légendes monétaires des rois de Pétra, yjx, avec un a, t ; mais l’orthographe hébraïque est confirmée par les textes assyriens, qui écrivent Nabayâta. On a longtemps discuté la question de savoir si les Nabatéens étaient Arabes ouvraméens ; la première opinion est soutenue par des savants très compétents, je crois cependant avoir prouvé que la seconde alternative était beaucoup plus vraisemblable. La langue des inscriptions, loin de montrer une uniformité et une stabilité qui distinguent les langues littéraires, diffère considérablement de l’araméen du nord, tel qu’il se présente dans les inscriptions de Palmyre, et dont la forme la plus ancienne nous a été conservée dans l’inscription de Teimâ. La masse énorme de courtes inscriptions ne contenant que des noms propres, et qui ont visiblement pour auteurs les classes les moins instruites de la nation, serait inexplicable, si l’on y voit l’usage d’une langue étrangère et savante. Enfin le développement de l'écriture nabatéenne, si différent de celui que nous constatons chez les autres peuples araméens, fait bien supposer un usage très prolongé de cette écriture, et par conséquent aussi de la langue qu’elle exprime. On objecte, il est vrai, qu’un grand nombre de noms propres nabatéens sont d’origine arabe ; mais cela prouverait seulement que les populations de race arabe exerçaient déjà à cette époque une puissante influence sur leurs voisins araméens ; ne voit - on pas les noms propres islamiques portés par des personnes qui ne sont pas de race arabe ? Mais en réalité, quelle que soit leur origine, les noms propres nabatéens se distinguent par la terminaison w (i), qui n’existe pas dans les dialectes arabes voisins ; il y a donc ici une formation spécialement nabatéenne.

Cédar ("iip, Qêddr, K^Sip) est mentionné à côté des

Nabatéens, aussi bien dans la Bible (cꝟ. 1s., lx, 7) que dans les inscriptions assyriennes. Ils habitaient dans des tentes noires, Cant., i, 5, et des villages dépourvus de murailles ; ils possédaient de riches troupeaux de bétail et de chameaux, dont ils faisaient un commerce lucratif. Ezech., xxvii, 21. Us sont toujours restés les alliés fidèles des Nabatéens ; même aux derniers temps de l’existence du royaume nabatéen, les Cedrei étaient inséparables des Nabatsei. Pline, H. N., v, 12. Cette circonstance donne à penser que dans la formule si fréquente dans les inscriptions nabatéennes, is’wi tesj mn, « interdit des Nabatéens. et des Salamiens, » le second nom ethnique est un remplaçant moderne de l’ancien nom de Qêddr. Etienne de Byzance explique le nom de Ex), a|iiOi par « hommes de paix » ( = « aiw), et ajoute ces mots : » On les appelle ainsi parce qu’ils se sont ralliés aux Nabatéens {àito toû ëvcttiovôoi yz-iitjQM toi ; NxSatasoi ; ). » Les Targums rendent l’hébreu >iip, Num., Qêni, xxiv, 2, par n>o~tf, Salàm'âh, « Salamiens. »