Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/505

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

879

ARA RAT

des deux montagnes occupe, entre Bayazid et Érivan, une surface de neuf cent soixante kilomètres carrés. Si des pentes douces, assez semblables à celles de l’Etna, paraissent rendre aisée l’ascension de l’Ararat, les coulées de laves et, plus haut, des fondrières de neige ramollie font, au contraire, cette expédition dangereuse et pénible ; sans compter que la superstition des Arméniens entoure la montagne d’une vénération ridicule, et soumet les voyageurs qui veulent l’explorer à toutes sortes de vexations. Toutefois les neiges ne commencent, du moins à l'état persistant, qu’au niveau de quatre mille trois cents mètres sur le grand Ararat. Jusqu'à trois mille quatre cents mètres, la végétation est complète et variée ; mais, un peu plus haut, les graminées disparaissent pour ne laisser que la flore des hautes Alpes. Du reste, même sur la partie inférieure de la pente, cette végétation est misé dans Russ. Archiv, 1851, p. 608 ; Longuimofi et Abich, L’ascension de l’Ararat, dans le Bulletin de la Société de géographie de Paris, ive série, t. i, 1851, p. 52, 66, 515 ; Abich, Reise in Arménien, 1860 ; Id., Ararat in seiner genetischen Bildung, dans le Bulletin de la Société de géographie allemande, 1870 ; Douglas Freshfield, Travels in the Central Caucasus, Londres, 1869 ; Brice, Transcaucasia und Ararat, in-8°, Londres, 1877, p. 242 ; dans L’Exploration du 9 novembre 1882, le récit de l’ascension d’un voyageur anglais ; Markoff et Kowalosky, Na Gorakh Araratskikh, Moscou, 1889 ; J. Leclercq, Voyage au mont Ararat, Paris, 1892.

Si, dans la nomenclature géographique actuelle, l’Ararat désigne une montagne, cela n’est pas aussi certain pour la géographie bibliqje. Le terme Ararat se lit cinq fois dans l'Écriture, savoir : Gen., viii, 4 ; 1°V Reg., xix, 37 ;

[[File: [Image à insérer] |300px]]
213. — Le mont Ararat. D’après une photographie.

rable et flétrie. Les pentes de l’Ararat sont, en effet, extrêmement arides, malgré les neiges du sommet. On croit que les eaux s'écoulent, par des fissures, sous les cendres et les laves, dans l’intérieur de la terre. Aussi les voyageurs signalent-ils l’Ararat comme un véritable désert, les indigènes n’y conduisent guère leurs troupeaux ; on n’y rencontre que rarement un animal, le bouquetin tour, la fouine et une espèce de lièvre ; peu ou point d’oiseaux. Depuis l'éruption de 1840, qui détruisit le couvent de SaintJacques et le village d’Argouri, la montagne est de moins en moins habitée.

Les Turcs donnent à l’Ararat tantôt le nom d’Agridagh (mont escarpé), tantôt celui d' Arghi-dagh (mont de l’Arche) ; les Persans l’appellent Koh-i Nouh, c’est-à-dire la montagne de Noé. Chez les Arméniens, la seule appellation en usage est celle de Masis ou Massis, qui signifie : « élevé, haut. » Nicolas de Damas, au témoignage de .Tosèphe, Ant.jud., 1, m. 6, désigne l’Ararat par le nom de Baris. On peut consulter pour la géographie physique de l’Ararat les monographies suivantes : K. von Raumer, Der Ararat, der P’ison und Jérusalem, dans Hertha, Zeitschrift fur Erdkunde, 1829, t. xiii, p. 333 et suiv. ; D r Parrot, AuthentischeNachrichtenvon der Besteigung des Ararat, dans Sophronizon, 1830. t. xir. 4e livr., p. 1 ; ld., Reise zum Ararat, Berlin, 1835 ; Jloritz gagner, Reisc nach dem Ararat, Leipzig, 1845 ; Monteilh, La plaine d' Ararat, dans Annales des voyages, 1850. t. iii, p. 159 ; Khodzko, Besteigung des grossen Ararat in 1850,

Tob., i, 21, seulement dans le texte grec ; Is., xxxvii ; 38 ; Jer., li, 27 (Septante, xxvii, 38). La Genèse et le livre de Tobie parlent des « montagnes » d' Ararat ; le livre des Rois et Isaïe de la « terre » ; Jérémie du « royaume » d’Ararat. Voilà pour les textes originaux ; dans les diverses versions, les interprètes ont plutôt commenté que traduit. C’est ainsi que la Vulgate porte successivement pour ces divers passages : super montes Armenise, in terram Armeniorum, in terram Ararat, regibus Ararat. Les Septante ont ètz tï op7] Tï 'Apapx-r, Et ; yîiv 'ApapàÔ, s !  ; ta opr, 'Apxçif), eî ; 'Apiisviav (deux fois).

De l’ensemble de ces passages, Franz Delitzsch, Commentai- ûber die Genesis, l re édit., p. 221, inférait que, dans la langue de la Bible, Ararat est plutôt le nom d’un pays. Si l’on objecte que Gen., viii, 4, et Tob., i, 21, parlent clairement de « montagnes »,-rà op-rj, les critiques répondent que si l’on tient compte du pluriel hàrê, « montagnes, » et d’un passage similaire, Jud., xii, 7, le texte de la Genèse et celui de Tobie peuvent se traduire « sur les montagnes [du pays] d’Ararat ». C’est ainsi qu’ont traduit MM. Xôldeke, Untersuchungen zur Kritik des alten Testaments, chap. i, Der Landungspunkt Noah’s, p. 146, et Guidi, Délia sede primitiva dei popoli semitici, dans Mémoires de la classe des sciences hist. et phïl. de l’Académie royale des Lincei, 3e série, t. iii, p. 50.

Quel est le pays que la Bible désigne sous le noiïL. d’Ararat ? Bochart. Geographia sacra ; Westen, Arc/ixologia, t. xviii, p. 302 ; Saint-Martin, Mémoires historiques