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BARASA — BARBE


cette dernière ; mais la difficulté est de savoir si Be’ésferàh est identique à Astaroth ou à Bosra. Voir Bosra.

Dans la Peschito, au lieu de Barasa, on lit |Lu, Bu sero’, et le même mot se rencontre au ꝟ. 28 pour Bosor. De même Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 3, racontant la prise de cette ville à peu près dans les mêmes termes que l’Écriture, l’appelle Boo-oppâ (et non pas Belhsura, comme porte la traduction latine de l’édition G. Dindorf, 2 in-8°, Paris, 1865, t. i, p. 466). Barasa serait-il donc identique à Bosor du ꝟ. 28 ? Voir Bosor. La plupart des. auteurs modernes reconnaissent Barasa dans la Bostra

romaine, la Bosra, i&j&l, mentionnée comme métropole

du Hauran dans Aboulféda, Tabula Syrise, édit. Kcehler, Leipzig, 1706, p. 99, et qui, située au sud du Djebel Hauran, présente encore aujourd’hui de belles ruines.

Voir Bosra.

A. Legendre.
    1. BARAT Nicolas##

BARAT Nicolas, orientaliste, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, né à Bourges au milieu du xviie siècle, mort en 1706. Après avoir étudié à Sens, il vint à Paris, où il fut élève de Richard Simon. Il collabora au Glossarium universale hébraicum du P. Thomassin. C’est par se9 soins et ceux du P. Bordes que cet ouvrage parut deux ans après la mort de l’auteur, in-f°, Paris, 1697. Il se chargea aussi’, pour la Biblia sacra de J. B. du Hamel, in-f°, Paris, 1705, de comparer la Vulgate avec le texte hébreu et d’expliquer les passages obscurs et difficiles. Amateur de livres rares et curieux, il en réunit un bon nombre sur les sciences qu’il étudiait, et en tira des remarques critiques publiées après sa mort, sous ce titre : Nouvelle bibliothèque choisie, où l’on fait connaître les bons livres en divers genres de littérature, et l’usage qu’on doit en faire, 2 in-12, Amsterdam (Paris), 1714. Cet ouvrage forme suite à la Bibliothèque critique de Richard Simon. Sur soixante-neuf dissertations, la sixième partie environ concerne les sciences bibliques. On le dit aussi l’auteur de deux dissertations publiées dans le tome I er de la Bibliothèque critique de Richard Simon, sous le nom de Sainjore : l’une, sur les Bibliothèques rabbiniques qui ont été imprimées et sur le livre du rabbin Menahem de Lonzano ; l’autre, sur la Bibliothèque rabbinique de Bartolocci. Voir l’éloge de Barat par Tallemant, dans VHistoire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. i, p. 345 ; Cl. Gros de Boze, Histoire de l’Académie des inscriptions et belleslettres, 3 in-8°, Paris, 1740, t. l, Éloges, p. 41.

E. Levesque.

BARBARE. Ce mot nous vient des Grecs, et il est employé par l’Écriture, comme par les Grecs eux-mêmes, dans trois acceptions différentes. — 1° Il paraît être une sorte d’onomatopée et désigna primitivement ceux que les Grecs ne comprenaient pas, et dont le langage étranger leur paraissait grossier et inintelligible, comme une sorte de balbutiement, fiapêâp. C’est ainsi que l’explique Strabon, xiv, 28, édit. Didot, p. 565. Cf. Homère, qui appelle les Cariens papëapô^uvoi, Iliad., II, 867 ; Hérodote, ii, 158 ; Ovide, qui dans les Tristes, V, x, 37, dit :

Barbarus hic ego sum, qiiia non intelligor ulli.

Ce terme est employé dans ce sens par notre version latine (et par les Septante) dans le Ps. cxin (hébreu, cxiv), 1 : « le peuple barbare, » hébreu iyS, lô’êz, « balbutiant, parlant une langue étrangère, s c’est-à-dire le peuple égyptien, dont la langue était inintelligible pour les Hébreux. Saint Paul s’est servi de la même expression, dans le même sens, I Cor., xiv, 11, lorsqu’il dit : « Si j’ignore la valeur des mots, je serai pour celui à qui je parle un barbare, et celui qui me parle sera aussi pour moi un barbare. » Dans les Actes, xxviii, 1, 4, les habitants de l’île de Malte, qui parlaient la langue punique,

non le grée, sont appelés pour la même raison « barbares », sans aucune intention de mépris.

2° Par suite de ce premier sens du mot barbare, « celui qui ne parle pas grec, i> ce terme prit une nouvelle acception et signifia simplement, chez les Grecs, un étranger : Ilàç |iïl "ËX>r)v pipêapo ; , dit Servius, JEn., Il, 504, Comnientarii in Virgilium, 2 in-8°, Gœttingue, 1826, t. i, p. 157. De même, chez les Romains, barbarus désigna celui qui n’était ni Grec ni Latin. La locution "EM^ves xai pâp6apoi (Polybe, Bist., V, xxxiii, 5, édit. Didot, p. 284 ; Pline, H. N., xxix, 7, édit. Lemaire, t. x, p. 196, etc.) embrassa ainsi tous les hommes. Thucydide, i, 3, remarque que cette division est postérieure à l’époque d’Homère. Chez les Hébreux, il y avait une distinction analogue : tous ceux qui n’appartenaient pas au peuple de Dieu étaient appelés D>11, gôïm, mot que les Septante ont traduit par ta’éSv-r), et la Vulgate par gentes, d’où nous est venu le mot « Gentils ». Nous retrouvons dans le Nouveau Testament toutes ces manières de parler. « Je me dois aux Grecs et aux barbares, » c’est-à-dire à tous les peuples, écrit saint Paul aux Romains, i, 14. L’Apôtre emploie cependant ordinairement, pour désigner tous les peuples en général, la locution hébraïque : « les Juifs et les Gentils, » Rom., iii, 29 ; ix, 24, etc., ou bien « le peuple (de Dieu) et les Gentils, » Rom., xv, 10, comme le font les Évangélistes. Luc, ii, 32 ; cf. Matth., vi, 32 ; Act., xxvi, 17, 23, etc. Saint Paul appelle qûelquelois d’une manière * analogue ceux qui ne faisaient pas partie de l’Église : « ceux du dehors, » oî s’Çto. I Cor., v, 12 ; Col., iy, 5 ;

I Thess., iv, 11 ; 1 Tim., iii, 7. Dans l’Épître aux Colossiens, m, 11, il réunit ensemble, pour exprimer plus fortement sa pensée, la locution hébraïque et la locution grecque : « (Dans l’Église), il n’y a ni Gentil ni Juif, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni homme libre, mais le Christ est tout en tous. »

3° À la suite des.guerres des Perses contre les Grecs, le mot « barbare » prit une nouvelle acception, celle de « cruel ». (’H fiapSàpoç [yîj], la Perse, dans Démosthène, Philipp., iii, 31, édit. Didot, p. 62.) L’auteur du second livre des Machabées, qui a écrit en grec, a fait plusieurs fois usage du mot dans ce sens. Il emploie fiâpëapoç,

II Mach., ii, 22, et iv, 25 ; SapSaputepoç, au comparatif, v, 22 ; le participe pEêotpëapto^voç, xiii, 9, et l’adverbe fjapëâpwç, xv, 2, toujours pour exprimer la cruauté des Syriens. Le cruel pontife Ménélas est appelé, iv, 25, G-ripàç pâpëapou, « une bête féroce. » Les Septante ont employé une fois dans le même sens les mots avSpsç pocp6âpoi dans leur traduction d’Ézéchiel, xxi, 31 (Vulgate : homines insipientes ; hébreu : ’ânâUm bô’ârîm, « hommes emportés, violents » ).

4° Plus tard, on a réservé pour les peuples sauvages ou non civilisés le nom de barbares ; mais cette acception est postérieure à l’époque de la composition des Livres Saints. Cf. Gibbon, Histoire de la décadence de l’empire romain, trad. J. C. A. Buchon (Panthéon littéraire), c. 41, Paris, 1843, t. ii, p. 481 ; F. Roth, Ueber Sinn und Gebrauch des Wortes Barbar, Nuremberg, 1814.

F. Vigouroux.

    1. BARBE##

BARBE (hébreu : zâqân ; le mot sâfâm, Lev., xiii, 45 ; II Sam. (Reg.), xix, 25 ; Ezech., xxiv, 17^ 22 ; Mich., iii, 7, désigne spécialement « la moustache » ), marque de la virilité (toû âvêpdç zb o-’Jv8ri[ia tô fiiziov, dit Clément d’Alexandrie, Psed., iii, 3, t. viii, col. 581) qui a toujours été tenue en haute estime parmi les Sémites, et en général parmi les habitants de l’Asie occidentale (fig. 438). « Les Arabes, dit d’Arvieux, ont tant de respect pour la barbe, qu’ils la considèrent comme un ornement sacré… Ils disent que la barbe est la perfection de la face humaine, et qu’elle serait moins défigurée si, au lieu d’avoir coupé la barbe, on avait coupé le nez. » Voyage dans la Palestine, in-12, Paris, 1717, p. 173, 177. Cf. Lucien, Cynic, 1 ï, édit. Didot, p. 769 ; J. B. Tavernier, Voyages, 2 in-4°, Paris, 1676, t. i, p. 629. Sur les monuments égyptiens,