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FEMME ADULTÈRE — FENÊTRE


devait infliger ; mais la coutume avait prévalu d’employer la lapidation, comme pour la fiancée infidèle. Deut., xxii, 23-37. Cf. Ezech., xvi, 38-40. Au temps de Notre -Seigneur, cette pénalité contre l’adultère était tombée en désuétude, soit à cause de la fréquence du crime, soit à raison de la facilité qu’on avait de se défaire de la femme coupable au moyen du billet de répudiation. Voir t. i, col. 244 ; t. ii, col. 1449. Or c’est cette contradiction entre la loi mosaïque et son application actuelle qui faisait le nœud de la difficulté. — 4° Au lieu de répondre, Notre-Seigneur se penche et écrit sur la terre, c’està-dire sur la poussière des dalles du parvis ou du portique. Ce geste est destiné à faire, comprendre aux interrogateurs que le Sauveur ne juge pas à propos de s’occuper d’une affaire qui est du ressort du sanhédrin, ou bien que des caractères tracés au hasard dans la poussière sont plus dignes de son attention que la question des docteurs. Il n’y a pas à se demander ce que NotreSeigneur écrivait. Rien de distinct, vraisemblablement, comme fait un homme qui trace des traits machinalement pendant qu’il est préoccupé d’autre chose. — 5° Le Sauveur n’intervient que sur l’insistance de ses ennemis, prouvant ainsi qu’il ne parle que, pour ainsi dire, forcé par eux. Selon son habitude, il emprunte à la Sainte Écriture les éléments de sa réponse. Pour l’exécution d’un jugement à mort, ce sont les témoins qui doivent porter les premiers coups. Deut, xvii, 7. Notre-Seigneur rappelle cette loi aux accusateurs de la femme coupable, mais en y ajoutant une clause qui les couvre de confusion : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre ! » Joa., viii, 7. Il se remet ensuite à écrire, pour leur laisser la liberté de se retirer sans avoir à affronter son regard, et tous s’en vont sans répliquer, à commencer par les plus âgés, trait qui marque assez la perversité invétérée de ces hommes. — 6° La sentence que rend ensuite Notre-Seigneur au sujet du crime commis est toute de miséricorde, mais ne concerne que le for intérieur et suppose la contrition mise par la grâce au cœur de la coupable. L’absolution qui lui est accordée n’implique ni approbation, ni tolérance du mal. Le divin Maître se comporte à l'égard de la femme adultère comme il l’a déjà fait à l'égard de la Samaritaine, Joa., iv, 7-26, et de Marie Madeleine. Luc, vii, 47. — 7° Enfin la scène se passe dans le Temple, dans les jours consacrés à la fête des Tabernacles. Durant ces fêtes, on faisait une libation solennelle d’eau puisée à la fontaine de Siloé et on allumait de grands candélabres de cinquante coudées de haut. Reland, Anliq. sacr., Utrecht, 1741, p. 242, 243. Notre-Seigneur fait une allusion évidente à ces usages quand il dit, le jour de son arrivée à la fête : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, » Joa., vii, 37, et le lendemain : « Je suis la lumière du monde. » Joa., viii, 12. Or on lit dans Jérémie, xvii, 13 : « Espoir d’Israël, Jéhovah, tous ceux qui t’abandonnent seront confondus ; ceux qui se détournent de toi seront inscrits sur la terre, pour avoir délaissé la source des eaux vivantes, le Seigneur. » Être inscrit sur la terre, c’est avoir son nom écrit sur la poussière du sol où le vent vient l’effacer, comme le nom de quelqu’un qui ne compte pas. Rosenmùller, In Jerem., Leipzig, 1826, t. i, p. 450. Ce passage du prophète semble résumer à l’avance toute la scène évangélique : l’invitation de Notre-Seigneur à venir à lui comme à la source d’eau vive, le refus des Juifs, leur confusion, l’inscription de leur nom sur la terre. Il se peut donc que le Sauveur ait eu en vue les paroles du prophète, et qu’il se soit mis à écrire sur le sol pour attirer l’attention des Juifs sur l’oracle de Jérémie. Il y a là en tout cas une coïncidence assez frappante et qui aurait pour conséquence de confirmer la connexité de l’histoire de la femme adultère avec le contexte. Cf. Cornely, Introd. spécial., t. iii, p. 234. Saint Jérôme, Dialog. adv. Pelagian., ii, 17, t. xxiii, col. 553, avait déjà signalé cette relation entre l’acte de Notre-Seigneur

et le texte de Jérémie. Cf. W. Hilliger, De scriptione Christi in terra, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 494-501. Sur l’histoire de la femme adultère, voir saint Augustin, In Joa., xxxiii, 4-6, t. xxxv,

col. 1648-1650.

H. Lesêtre.

FEMME DE LOT. Voir Lot.

    1. FENÊTRE##

FENÊTRE (hébreu : halôn ; chaldéen : kav ; Septante : 6'jpîç ; Vulgate : fenestra), ouverture destinée à faire pénétrer la lumière à l’intérieur d’un édifice. La fenêtre est aussi désignée par les mots : sôhar, que les Septante traduisent par cm ; , et la Vulgate par fenestra, Gen., vi, 16 (d’autres traduisent : « toit » ) ; méhézâh, Septante : 6-jpo)[ia. I (III) Reg., vii, 4, 5 (Septante, 42, 43). La Vulgate n’a pas traduit cette partie du texte.

I. Les fenêtres chez les Juifs. — 1° Il est fait pour la première fois mention de fenêtre dans la construction de l’arche par Noé. Nous ne savons s’il y en avait plusieurs, ou si le patriarche ne mit que celle par où sortit le corbeau. Gen., viii, 6. Le texte ne dit pas si elle était ouverte dans le toit ou en haut d’une des parois latérales. Les interprètes ne s’accordent pas sur la question de savoir si, dans Gen., vi, 16, le texte indique la coudée comme étant la dimension de la fenêtre en largeur ou s’il s’agit de l’inclinaison du toit de l’arche. Voir Arche de Noé, t. i, col. 924. — 2° Les maisons des Hébreux étaient éclairées par des fenêtres comme toutes celles des peuples voisins. Ces fenêtres étaient fermées uniquement par des nattes ou des treillis moins ornés, mais dans le même genre que les moucharabiés de l’Egypte moderne (fig. 641). Différents mots désignent

6 « .

Fenêtre & Jalousie ou moucharablé du Caire. D’après une photographie.

ces treillis-fenêtres en hébreu : 'ârubâh, pluriel 'drubôt, Eccle., xii, 3, que les Septante traduisent par otzai, et la Vulgate par fenestra ; hârakim, Cant., ii, 9 (Septante : SîxTua) ; sebâqah, II (IV) Reg., i, 2 (Septante : SixrjiùTov) ; 'éSnâb, Jud., v, 28 ; Prov., vii, 6 (Septante : 6ypt' : ). La Vulgate traduit tous ces mots par cancelli. Voir Cataractes, col. 348. Une maison qui a des fenêtres est une maison d’un certain luxe, , 1er., xxii, 14. — 3° Les fenêtres servaient à éclairer l’intérieur de la maison et à voir ce qui se passait au dehors. Il est souvent question de personnages qui regardent parla fenêtre. Gen., xxviii, 6 ; Jud., v, 28 ; II Reg.