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CENACLE


qui devaient transformer le monde, resta particulièrement cher à la piété de tous, et quand même il n’aurait pas continué à être exclusivement le lieu de rendez-vous des fidèles et des Apôtres, il serait demeuré l’auguste relique de la première génération chrétienne. En supposant qu’il eût été ruiné pendant le siège de Titus, ce qui n’est pas certain, car l’effort de la lutte ne fut pas au midi de la ville, mais au nord, le souvenir en eût survécu à sa catastrophe universelle et la piété de tous n’aurait pas tardé à relever les pierres du pieux sanctuaire. Aussi, dès le IVe siècle, saint Épiphane assure-t-il qu’il avait été épargné par les Romains et qu’il était fréquenté par les fidèles dès le temps d’Adrien. Cet auteur, Lib. de

sa relation du transfert des reliques de saint Etienne, de Gamaliel et de Nicodème, le prêtre Lucien qualifie le sanctuaire de Sion d’  « église première ». En effet, il n’est pas un pèlerin qui ne fasse mention de l’église de Sion ou Sainte-Sion dans le récit de son voyage. Arculphe en traça même un plan rudimenlaire sur une tablette de cire ; elle a la forme d’un parallélogramme régulier, t. lxxxviii, col. 789. À la fin du XIe siècle, l’antique édifice avait disparu sous le marteau des Sarrasins. Les croisés le relevèrent et l’entourèrent d’un mur fortifié, pour protéger les religieux augustins préposés à sa garde, ce qui n’empêcha pas, à la chute du royaume latin, les musulmans de s’en emparer. Après l’avoir reconquis,

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130. — Le Cénacle. D’après une photographie.

mens, et pondei : , 14, t. xun, col. 261, décrivant l’état du mont Sion après la ruine de Jérusalem, assure qu’on y voyait « une église de modestes proportions, à l’endroit même où les disciples, revenant de la montagne des Oliviers, après l’ascension, montèrent à l’étage d’en haut ». C’est ce sanctuaire que visita sainte Paule, vers 404 : « Ubi super centum viginti credentium animas Spiritus Sanctus descendisset. » Iliner. Terr. Sanct., édit. Tobler, Genève, 1877, p. 33. Les évêques de Jérusalem le signalent à la vénération de leur peuple, et saint Cyrille, vers 350, dans sa Catéchèse XVI, 4, t. xxxiii, col. 924, relative à la troisième personne de la sainte Trinité, s’écrie : « Nous connaissons le Saint-Esprit qui a parlé par les prophètes, et qui est descendu sur les Apôtres en forme de langues de feu, ici même, à Jérusalem, dans l’église supérieure des Apôtres, èv tr t àvcô-rep* xàri à-<5uTo).wv èxxiïjo-iï. » Si l’on en croit Nicéphore Callixte, H. E., viii, 30, t. cxlvi, col. 116, l’église dont parle saint Cyrille aurait été, non plus le petit sanctuaire contemporain d’Adrien, mais un édifice imposant, qui, sur Tordre de l’impératrice Hélène, l’avait remplacé. Dans

perdu et repris encore, les Franciscains le perdirent définitivement au milieu du xvie siècle. C’est aujourd’hui une mosquée. —Voir Melch. de Vogué, Les églises de la Terre Sainte, in-4-, Paris, 1860, p. 322-330 ; F. Cabrol, Les églises de Jérusalem, in-8°, Paris, 1895, p. 19-21.

III. État actuel du Cénacle. — On y arrive, en sortant de Jérusalem moderne, par la porte du sud, dite de David. À deux cents mètres du rempart, se dresse un ensemble de constructions isolées, que dominent une coupole assez basse et un minaret (fig. 130). On pénètre dans une cour intérieure, et de là, par un escalier rapide, on atteint la terrasse pavée sur laquelle s’ouvre la porte d’une église supérieure. Celle-ci est supposée correspondre à l’ancienne salle haute ou Cénacle. L’ensemble du bâtiment qui subsiste est un fragment gothique de la meilleure époque, probablement le bas-côté méridional de l’église des croisades, où l’on croyait posséder et où l’on vénérait les sites traditionnels de la descente du Saint-Esprit à l’extrémité orientale de la nef, de la Cène à la première travée en allant vers l’occident, de la colonne de la flagellation à la division des deux travées.