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HÉRITAGE — HERMENEUTIQUE


maître. Gen., xv, 2. On trouve par la suite plusieurs cas de ce genre. I Par., ii, 34, 35 ; Prov, , xxx, 23. Un esclave peut même prendre rang parmi les fils héritiers. Prov., xyii, 2. 2° Législation mosaïque.

Le premier-né a droit à

une double part dans l’héritage ; ce premier-né doit être les « c prémices de la vigueur » du père, par conséquent non celui de ses enfants qu’il lui plaît de choisir, comme firent parfois les patriarches, mais le fils premier-né du père. Deut., xxi, 17. Si le premier enfant du père est une fille, il n’y a pas alors de premier-né ayant droit à la double part. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 207. Peu importe du reste de quelle mère est né ce fils, ni quel rang il occupe parmi les enfants de sa mère. — Quand un homme meurt sans fils, d’après une loi portée par Moïse lorsque la question fut soulevée dans le désert, son héritage passe à sa fille, à défaut de fille à ses frères, à défaut de frères à ses oncles paternels ou enfin à ses parents lès plus proches du côté paternel. Num., xxvii, 8-11. — La fille qui est ainsi devenue héritière doit se marier dans sa tribu : car il est de principe qu’aucun héritage ne doit passer d’une tribu dans l’autre. Num., xxxvi, 6-9 ; Jos., xvii, 3-6 ; Tob., vi, 12. Si elle se marie avec un homme d’une autre tribu, elle doit renoncer à son héritage pour le laisser dans la tribu paternelle. Cette dernière prescription n’est pas formulée par la loi, mais elle en est une conséquence probable que note Josèphe, Ânt. jud., IV, vii, 5, et qui ne dut se produire que fort rarement. — Le fils illégitime, c’est-à-dire celui qui ne provient ni des épouses nî des concubines, est exclu de l’héritage. C’est ce qui arrive à Jephté. Jud., xi, 2. — Il n’est pas question d’héritage laissé à un père par ses enfants, parce que le père demeurait seul propriétaire des biens de la famille tant qu’il vivait. Un fils mourant avant son père n’avait donc rien à léguer. — Le testament proprement dit était inconnu des anciens Hébreux. Voir Testament. La coutume n’en fut introduite chez les Juifs qu’à la suite de leurs rapports avec les Grecs et les Romains. — Le fils prodigue qui demande à son père la part de son héritage agit avec autant d’illégalité que d’ingratitude. Luc, xv, 11-12. Il faut remarquer d’ailleurs qu’il ne reçoit pas une part des biens fonciers (xXïipovopiioc), mais des biens mobiliers (oùai’a).

II. Remarques bibliques.

Dieu bénit l’homme de bien jusque dans sa descendance ; aussi son héritage passe-t-il aux enfants de ses enfants. Prov., xiii, 22. — L’Ecclésiaste, ii, 18, 19, maudit la peine qu’il s’est donnée, parce qu’il ne sait si son héritier sera un sage ou un insensé. — L’épouse qui, par l’adultère, introduit dans la famille un héritier illégitime, est vouée à l’infamie et au châtiment. Eccli., xxiv, 32-36. — Il y avait parfois des contestations pour le partage des héritages. Deux frères vinrent un jour trouver Notre-Seigheur pour lui demander de diviser entre eux l’héritage qu’ils avaient reçu. L’aîné avait droit à la double part : de là peut-être le désaccord. Notre-Seigneur refusa de se mêler d’une affaire qui regardait les juges. Luc, xii, 13.

— Quand il n’y avait qu’un héritier, on pouvait plus aisément le faire disparaître et s’emparer de l’héritage sans soulever de réclamations. C’est le calcul que font les vignerons homicides. Matth., xxi, 38 ; Marc, xii, 7 ; Luc, xx, 14. — Il faut observer que dans un très grand nombre de passages les versions parlent d’héritage là où il est simplement question de possession. Deut., iii, 18 ; I Par., xvi, 18 ; Lam., v, 2, etc. La confusion se comprend ; chez les Hébreux, toute propriété foncière était nécessairement un héritage ; même aliéné par vente ou saisie, l’héritage revenait au possesseur primitif l’année jubilaire. Lev., xxv, 10.

III. L’héritage spirituel. — 1° Le peuple d’Israël est appelé bien souvent l’héritage du Seigneur, c’est-à-dire sa propriété, son peuple particulier. Deut., IX, 26 ; I Reg., x, 1 ; II Reg., xx, 19 ; Ps. xxvii, 9 ; xxxii, 12 ; Is., xix,

. 25 ; Jer., x, 16 ; Joël, ii, 17, etc. — 2° Dieu lui-même est

le seul héritage des lévites, Num., xviii, 20, Deut., xviii, 2, et celui de ses fidèles serviteurs. Ps. xv, 6, 7. — 3° La gloire céleste et les moyens d’y parvenir constituent l’héritage du serviteur de Dieu, Dan., xii, 13 ; Ps. xxxvi, 37, et spécialement du chrétien. Eph., v, 5 ; Col., - iii, 24 ; Heb., i, 14 ; I Pet., i, 4. — 4° En droit, Notre-Seigneur, en sa qualité de Fils de Dieu, est le seul héritier du Père, non seulement par sa nature divine, qui possède éternellement tout ce que possède le Père, mais par sa nature humaine associée personnellement à la divinité. Heb., i, 2 ; Joa., x, 29, 30. Par la grâce, le chrétien rendu participant de la nature divine, II Pet., i, 4, devient fils adoptif du Père, Gal., IV, 7, cohéritier de Jésus-Christ, Rom., viii, 4.7, et par conséquent appelé à partager l’héritage du Père, la grâce en ce monde et la gloire dans l’autre. Rom., viii, 17 ; Gal., iv, 7 ; TH., iii,

7 ; Jacob., ii, 5 ; I Pet., iii, 22.

H. Lesêtre.
    1. HÉRITES##

HÉRITES (hébreu : hâ-’Êri ; Septante : à’A88î), famille descendant de Héri. Num., xxvi, 16.

    1. HERMA##

HERMA, orthographe, dans la Vulgate, Jos., xii, 14, de. la ville appelée ailleurs Horma et Harma. Voir Horma.

    1. HERMAS (’Epiiâc)##


HERMAS (’Epiiâc), chrétien de Rome à qui saint Paul envoie ses salutations. Rom., xvi, 14. Ce nom, forme abrégée des noms propres grecs Hermagoras, Hermodore, Hermogène, est un dérivé d’Hermès, le dieu Mercure. Voir Mercure. Hermas, quoique habitant Rome, devait être d’origine hellénique. Sa fête est marquée au 9 mai dans le Martyrologe romain. Les Grecs la célèbrent le 8 mars et le font évêque de Philippopolis en Thrace. Voir Acta sanctorum, maii t. H (1680), p. 360. Origène, Comm. in Rom., xvi, ib x, 31, t. xiv, col. 1282 ; Eusèbe, H. E., iii, 3, t. xx, col. 217 ; saint Jérôme, De vir. ill., 10, t. xxiii, col. 625, identifient l’Hermas de l’épître aux Romains avec l’auteur du livre du Pasteur, mais cette opinion, fondée sur la simple similitude des noms, est généralement rejetée aujourd’hui. On croit que l’auteur du Pasteur est le frère du pape Pie I er qui vivait vers 150. O. de Gebhardt, A. Harnack et Th. Zahn, Patrumapostolicorwm opéra, 3e édit., 1877, t.- iii, p. lxxxiii ; Fr. X. Funk, Opéra patrum apostolicorum, 5e édit., Tubingue, 1878-1881, t. i, p. cxvii.

    1. HERMÉNEUTIQUE (spp##


HERMÉNEUTIQUE (spp.Y]veuTixTi tix^ ou Siga^), art d’interpréter les Livres Saints. À s’en tenir à l’étymologie, herméneutique aurait le même sens qu’exégèse, qui vient de éÇr]YSt<j6ac. Mais l’usage a donné à ces deux termes dès significations différentes. Tandis que l’exégèse désigne l’interprétation elle-même de l’Écriture, l’herméneutique s’entend des règles de l’interprétation ; elle est la science de l’interprétation, la théorie des principes et des méthodes, dont l’exégèse est l’application pratique. Elle est à l’explication du texte sacré ce que la logique est à l’étude de la philosophie. Elle est nécessaire pour ne pas se tromper dans la recherche et l’exposition du véritable sens de l’Écriture. L’exégète, en effet, n’a pas le droit de faire dire aux textes ce qui lui plaît, de les entendre à son gré et de les interpréter suivant son caprice ; il doit rechercher ce qu’a pensé l’écrivain dont il explique le texte. S. Jérôme r Epist. XLVin, ad Pammachium, Yl, t. xxii, col. 507. H doit le faire avec d’autant plus de soin, quand il interprète les Livres Saints, que la pensée n’est pas seulement des écrivains inspirés, mais encore de l’esprit inspirateur, auteur premier et principal des Écritures. Voir Inspiration. Il a donc besoin, comme l’écrivait saint Jérôme à Paulin, Epist. un, 6, t. xxii, col. 544, d’un guide qui le précède et lui montre la voie. Il en a d’autant plus besoin que, selon l’enseignement de Léon XIII, encyclique Providentissimus Deus, 1. 1, p. xx, « outre les.