Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/870

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
4685
1686
JOSUÉ


titre de serviteur de Moïse et « choisi dans le grand nombre ». Cette seconde épithète peut aider à déterminer comment Josué était le serviteur de Moise. D’après Exod., xxiv, 13, on a pu conclure que Josué servait Moïse dans sa mission sainte. Mais comme l’expression hébraïque désigne des jeunes gens, surtout des guerriers, Is., IX, 16 ; xxxi, 8 ; Jer., xviii, 21, il paraît préférable de dire que Josué était le chef des gardes du corps de Moïse. Il veillait de même sur le tabernacle d’alliance, et pendant que Moise remontait au Sinai, il demeura au camp pour empêcher par sa présence une nouvelle sédition. F. de Hummelauer, Exodus et Leviticus, Paris. 1897, p. 256 ; Numeri, 1899, p. 95.

Il fut du nombre des espions que Moïse envoya en exploration dans le pays de Chanaan. Num., xiii, 9, 17. Mais, au retour, il s’efforça avec Caleb de calmer l’effervescence du peuple soulevée par le récit exagéré de ses compagnons. Déchirant ses vêtements, il vanta la fertilité de la Terre Promise et excita dans la foule la confiance en Dieu, sans crainte d’être lapidé. Num., xiv, 6-10. Voir t. ii, col. 57-58. Cette fidélité et cette fermeté lui méritèrent la faveur d’entrer, seul avec Caleb de tous les Israélites ayant alors vingt ans et au-dessus, dans le pays de Chanaan. Num., xiv, 30-38 ; xxvi, 65 ; xxxii, 12. Durant les trente-huit années des pérégrinations d’Israël dans le désert, Josué ne paraît pas ; d’ailleurs, nous ignorons complètement l’histoire de toute cette période.

Quand Dieu avertit Moïse’que sa fin est proche, il désigne comme son successeur Josué, « homme en qui réside l’esprit, » l’esprit de prudence et de force, nécessaire au chef d’un peuple, et il lui ordonne de lui imposer les mains en présence du grand-prêtre et de la multitude, en signe de la transmission de pouvoir. Moïse doit lui communiquer dès lors une part de sa gloire, c’est-à-dire de sa dignité et de son autorité. Josué ne sera plus un simple ministre de Moise ; il aura droit de commander et le peuple devra lui obéir. Plus tard, dans l’exercice de son pouvoir, il ne jouira pas de toutes les prérogatives de Moïse ; il n’entrera pas comme lui directement en communication avec le Seigneur. Le grand-prêtre Éléazar consultera Dieu, et Josué, à la tête du peuple, exécutera les ordres reçus. Josué fut intronisé dans ses fonctions selon le rite indiqué et conformément à la volonté divine. Num., xxvii, 18-23 ; F. de Hummelauer, Numeri, p. 328-329. Moïse demeure cependant jusqu’à sa mort le chef suprême des Hébreux ; il règle les conditions du placement des tribus de Ruben et de Gad, et Josué, qui aura la mission de faire le partage de la Terre Promise, Num., xxxiv, 17, devra tenir compte des décisions de son prédécesseur. Num., xxxii, 28. D’ailleurs, la délégation de Josué au gouvernement du peuple juif a pu être racontée par anticipation. Num., xxvii, 18-23. Dans cette hypothèse, elle n’aurait eu lieu qu’au jour même de la mort de Moïse. F. de Hummelauer, Beuteronomium, Paris, 1901, p. 497. Quoi qu’il en soit, Dieu lui-même, ce jour-là, fortifia Josué et lui assura le succès dans sa mission qui était d’introduire les Israélites dans la Terre Promise. Deut., xxxi, 14, 23. Josué était auprès de Moïse, tandis que celui-ci adressa au peuple ses derniers avis. Deut., xxxii, 44. Moïse mort, Josué fut rempli de l’esprit de sagesse, nécessaire au bon gouverment, par l’effet de l’imposition des mains de son prédécesseur. Deut., xxxiv, 9. Il devint dès lors un véritable chef, hardi et entreprenant, et il remplit parfaitement les desseins de Dieu sur lui. Le peuple, habitué à l’obéissance par la vie nomade du désert, se montra plus docile à sa voix que la génération précédente ne l’avait été à celle de Moïse. Deut., xxxiv, 10.

II. Après la. mort de Moïse. — Une double tâche incombait au nouveau chef d’Israël : conquérir par les armes le pays de Chanaan et en faire le partage. Jos., .1, 1-6.

1. Conquête de la Terre Promise.

Josué se mit immédiatement à l’œuvre. Sur l’ordre de Dieu et avec ses encouragements, il ordonna les préparatifs pour le passage du Jourdain et rappela aux tribus de Ruben et de Gad et à la demi-tribu de Manassé les conditions fixées par Moïse au sujet de leur territoire sur la rive gauche du fleuve. Jos., i, 1-18. Il envoya à Jéricho, ii, 1, deux espions qui, de retour, lui rendirent compte de leur mission, ii, 23-24. Devant le camp, il donna des instructions sur la manière de traverser le fleuve, iii, 1-13. Le passage opéré, deux monuments de pierre furent élevés sur la rive droite et au milieu du Jourdain en souvenir du prodige, iv, 1-25. « Encejour-là, le Seigneur glorifia Josué devant tout Israël, afin qu’ils le craignissent comme ils avaient craint Moïse, pendant sa vie, » iv, 14. Sur l’ordre divin, Josué fit circoncire tous les Hébreux qui ne l’avaient pas été dans le désert, v, 1-9. Voir col. 84-85 et t. ii, col. 774-776. Un ange apparut à Josué, v, 13-16, et le Seigneur lui indiqua par sa bouche les moyens de prendre Jéricho. Josué les communiqua aux prêtres et les fit exécuter, vi, 1-27. Voir col. 1232-1293. Dans la prise miraculeuse de cette ville, le Seigneur fut avec Josué, dont le nom devint célèbre dans tout le pays de Chanaan, vi, 27. Ce prodige avait pour but de prouver à Josué que Dieu, selon sa promesse, était avec lui, et de lui donner courage et confiance. C’est par la ruse et la force que Josué s’empara d’Haï. Voir col. 398-399. Une première tentative ajant échoué à cause de la désobéissance d’Achan, voir t. i, col. 128130, Josué s’en plaint au Seigneur, qui lui fit connaître la raison de l’échec. L’expiation accomplie, Josué se mit à la tête de toute l’armée et s’empara de la ville, après avoir tendu une embuscade aux habitants, vii, 2 ; vm, 29. Conformément aux ordres de Moïse, Deut., xxvii, 1-8, Josué éleva sur le mont Hébal un autel de pierres, sur lequel il fit offrir des sacrifices, et une stèle sur laquelle on grava une partie de la loi mosaïque, non pas le Pentateuque entier, comme l’ont pensé les rabbins, ni même le livre du Deutéronome, mais seulement soit un résumé de la législation proprement dite, Fillion, La sainte Bible, Paris, 1888, t. i, p. 639, soit les malédictions contenues, Deut., xxvii, 15-26 ; Clair, Le livre de Josué, Paris, 1883, p. 54, soit les discours de Moise, Deut., v-xi, avec les malédictions et les bénédictions. Deut., xxvii, 15-xxviii, 68. F. de Hummelauer, Beuteronomium, p. 438-440. Voir col. 46L. Quoi qu’il en soit, le peuple étant disposé comme Moïse l’avait ordonné, Josué lut certainement les malédictions et les bénédictions précitées, viii, 33-35. Trompé par un audacieux stratagème, Josué conclut alliance avec les Gabaonites ; la fraude découverte, il resta fidèle à la convention, malgré les murmures du peuple, mais il soumit ces alliés au service du culte, îx, 1-27. Voir col. 19-20. Il vint à leur secours et remporta sur les rois chananéens ligués contre eux la célèbre victoire, favorisée par une grêle extraordinaire, voir t. i, col. 1703 ; t. iii, col. 337, et par l’arrêt du soleil et la prolongation du jour. Voir t. i, col. 297. Josué prit ensuite plusieurs places fortes du sud de la Palestine, Macéda, Lebna, Lachis, Églon, Hébron, Dabir, Asédoth. Par cette série d’heureux coups de force il fut maître de toute la partie méridionale du pays de Chanaan, x, 28-43. Les rois du nord, ligués à l’instigation de Jabin, furent défaits près des eaux de Mérom, xi, 1-15. Josué poursuivit ses conquêtes dans le nord, xi, 16-23. On trouve, xii, 7-24, l’énumération de tous les rois que Josué a vaincus dans l’intervalle de la conquête, ordinairement évalué à sept années.

On a souvent reproché à Josué l’extermination des tribus chananéennes, dont il avait conquis le territoire. Mais il faut observer qu’il ne l’a fait que sur l’ordre de Dieu, Num., xxxiii, 50-56, qui voulait par là les punir de leurs crimes. Théodoret, Quxst. xxi in Jos., t. lxxx,