Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/766

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1479
1486
NARD — NARINES


près, et non jaunes, ainsi que par le limbe du calice accrescent qui persiste au sommet du fruit sous forme de couronne membraneuse à 5 lobes ; Ce genre se sépare encore des vraies Valérianes par ses étamines au nombre de 4 et par les lobes calycinaux qui ne se développent pas en aigrettes plumeuses à la maturité.

Le Nardostachys Jatamansi (fig. 4M) est une herbe vivace ressemblant à la Scorzonére, avec un rhizome aromatique pourvu de racines et de feuilles lancéolées. Celles-ci persistent longtemps, même après la destruction de leur limbe, sous forme de fibres dressées. Audessus la tige aérienne s’allonge portant en bas des feuilles velues et vers le sommet plusieurs inflorescences oppositifoliées avec une principale terminale.

Une espèce voisine croissant dans la même région, le N.’grandiflora, a les feuilles glabres et porte un capitule unique au sommet de la tige. Le Nard du commerce, formé par la. partie souterraine de la plante sèche, a l’aspect d’un petit paquet de libres brunâtres allongé en forme de fuseau. Son odeur forte et persistante rappelle un peu celle du patchouly. Plusieurs autres Valérianes vivaces exhalent de leur souche des odeurs pénétrantes, mais souvent fétides. Celles dont le parfum est plus agréable constituent des Faux-Nards. Ainsi on a appelé Nard-de-Crète la Grande-Valériane ou Valeriana Phu de Linné, originaire de l’Europe méridionale ; Nard celtique, le Valeriana Celtica Villars, des hauts soms mets alpins. Enfin diverses autres plantes ont été confondues avec le vrai Nard, surtout YAndropogon Nardus de Linné, dont il a été question à l’article de Jonc odorant, t. iii, col. 1629. Le Nard d’Italie est le Lavandula lalifolia, vulgairement Spic, et le Nard sauvage est fourni par la racine de YAsarum europeum. F. Hy.

II. Exégèse. — Le nom de ce parfum n’est pas hébreu, il vient comme le parfum lui-même du pays d’origine, l’Inde, d’où il est passé dans les langues sémitiques et aryennes. En sanscrit le nard se dit naladâ : en venant par la Perse il a pris la forme nardîn, plus rapprochée des formes sémitiques et occidentales. — 1° Le nard ne se trouve mentionné que trois fois dans l’Ancien Testament, deux fois au singulier nêrd, Gant., i, 12 (Vulgate, 11) ; IV, 14 ; et une fois au pluriel, nerâdim, iv, 13. Ces textes présentent le nard comme un parfum exquis. Dans le premier, Cant., i, 12, c’est l’épouse qui parle :

Tandis que le roi est à son divan

Mon nard exhale son parfum.

Ce qui fait allusion sans doute à l’usage de répandre le nard sur la tête des convives. Cf. Joa., xii, 3 ; Horace, 1. II, ode XI, vers 16 ; Tibulle, 1. III, Eleg. viii, vers 3 ; Martial, XIII, Epigr.bi, eTs ; YrxuleTice, Psychomachia, 359, t. îx, col. 49. Au chap. iv, ꝟ. 13 et 14 du Cantique, l’époux prend la parole pour faire l’éloge de l’épouse :

C’est un jardin fermé que ma sœur fiancée ;

Un bosquet où croissent les grenadiers,

Avec les fruits les plus exquis

Le henné et le nard ;

Le nard et le safran

Et toutes les plantes embaumées.

2° Dans le Nouveau Testament, le nard est mentionné deux fois : à l’occasion du repas chez Simon, rapporté par saint Marc, xiv, 3, et saint Jean, xii, 3. Marie brise un vase d’albâtre rempli d’un parfum composé de nard pur et précieux pour oindre la tête et les pieds de Jésus. Le texte grec dans ces deux passages parallèles donne au nard l’épithète de marix » ) ?, que la Vulgate rend dans saint Jean, xii, 3, par le mot même latinisé, pistici, et dans saint Marc, xiv, 3, par spicati. Par ce dernier mot le traducteur semble avoir voulu indiquer le nard extrait de l’épi du Nardostachys, le Spicanard. Mais ce ne saurait être le sens du grec nurrixiri ?, que la Vulgate d’ailleurs, au passage parallèle, Joa., XH, 3, se contente de tran scrire en lettres latines. On a beaucoup discuté sur la signification de cette épithète, tcutixi^ç. Les uns avec saint Augustin, Tract, in Joan., L, 6, t. xxxv, col. 1760, ont pensé qu’elle marquait le lieu d’origine et que ce lieu, selon Louis de Dieu, était Pista, ville de l’Inde où le nard aurait été particulièrement recherché ; ou Psitace, ville située sur le Tigre, qui aurait donné au nard le nom de Psitatica. Pour d’autres le mot viendrait de ittvw, « boire, y. ou de mm<nui, « faire boire, » d’où la signification de muréç, itiarixii ; , « potable, liquide. » On peut voir ces opinions et d’autres encore moins fondées dans C. Fr. A. Fritszche, Evangelium Marci, in-8°, Leipzig, 1830, p. 594-601, et dans H. Alford, The Greek Testament, in-8°, Londres, 1894, t. i, p. 411. Il paraît plus vraisemblable de rapprocher maTixoç de morô ; , fidèle, authentique, et de donner à cette épithète le sens de pur, non frelaté. C’est le sens d’Euthymius, Comment, in Matth., lxii, t. cxxix, col. 6151 : àxpa-tov xai xatocu £TU<TTSuuiv7jv eîç xa9apÔTï]Ta ; de Théophylacte, Enarr. in Marc, xiv, t. cxxiii, col. 645 : aôoXov xcù he™ 7u<TT£wç xaTa<TXE - ja<T6sï<T « v ; de saint Jérôme : Conim. in Matth., xxvi, 7, t. xxvi, col. 191 : veram et absquedolo. Ce serait l’équivalent du nardus pura de Tibulle, 1. II, Eleg. ii, vers 7 ; du (genus nardi) sincerum de Pline, H. N., xii, 26. Déjà du temps de Dioscoride, i, 6, et de Pline, H. N., xii, 12 ; xiii, 1, on cherchait à falsifier le nard, comme toutes les substances précieuses et rares. La seconde épithète qui qualifie le nard dans le repas de Béfhanie, est dans saint Marc, xiv, 3, hûXuteXoûç, et dans saint Jean, XII, 3, tcoXuti’hou, deux expressions synonymes, rendues également et exactement par pretiosi dans la Vulgate. Le nard passait en effet pour un des plus précieux parfums ; principale in unguentis, comme s’exprime Pline, H. N., xii, 26. Il ajoute que le prix des épis du nard montait à 100 deniers (82 fr.) la livre. Celui des feuilles est moindre et varie suivant qu’il s’agit des grandes ou des petites feuilles. Horace, Carm., 1. IV, xii, vers 16-17, promettait à Virgile un tonneau entier de bon vin pour une petite fiole de nard. Cf. Dioscoride, i, 72. Cette estimation du nard explique la réflexion intéressée de Judas, Joan., xii, 5 : Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers (environ 250 fr.) ? Pline, ff. N., xii, 26, constate aussi l’odeur extrêmement subtile et agréable du nard. L’évangéliste fait allusion à cette qualité en notant que le vase.d’albâtre brisé « toute la maison fut remplie de l’odeur de ce parfum ». Joa., xii, 3. Les deux évangélistes remarquent que le nard était contenu dans un vase d’albâtre : les anciens conservaient en effet les parfums les plus précieux dans des vases d’albâtre. Pline, H. N., xiii, 2 ; Martial, XI, Epig., 9 ; Athénée, XV, 13 ; Hérodote, Thalia, xx. On reconnaît aujourd’hui que le nard dont il est question dans les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament était bien le véritable nard, c’est-à-dire cette huile aromatique fabriquée avec les racines, les feuilles et l’épi d’une plante de la famille des Valérianées, le Nardostachys jatamansi, qui pousse dans l’Inde dans la région de PHymalaya. G. William Jones, Asiatic Researches, Londres, t. ii, p. 416. C’est le nard que les Arabes appellent Sunbul Hindi, l’épi de l’Inde, le Spicanard. Ibn El. Beithar, Traité des simples, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxv, in-4°, 1881, p. 295. C’est par les caravanes et le commerce qu’il était importé dans l’Asie antérieure, dans la Palestine. O. Celsius, Hierobotanicum, in-8°, Amsterdam, 1748, t. H, p. 1-11 ; E. Fr. K. Rosenmuller, Randbuch der Biblischen Alterthumskunde, in-8°, Leipzig, 1830, t. iv, p. 165. E. Levesque.

    1. NAREG##

NAREG, commentateur arménien. Voir Grégoire de Nareg, t. iii, col. 333.

NARINES. Voir Nez.