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ZACHARIE (LIVRE DE)

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tions et fluctuations ne sont pas une preuve de la solidité du système. Chacun veut aller au delà de ses devanciers, et modifie pour cela ses propres théories inconsistantes. C’est le professeur Stade qui s’est faille défenseur le plus habile et le plus écouté de la théorie nouvelle, - dans trois articles successifs publiés par la Zeitschrift fur altteslam. Wissenschaft, 1881 et 1882. Tout en maintenant que les chap. ! X-xrv sont d’un seul et même auteur, il affirme qu’ils n’ont pas été composés antérieurement à l’année 280 avant J.-C. Cornill, Wellhausen, Wildboer ont admis cette conclusion. Nowack. Rubinkham et Marti ont trouvé cette date trop ancienne. Selon Marti, Oodekapropheton, p. 396, « l’époque qui rend intelligibles toutes les indications et allusions historiques deZach., ix-xiv, est l’année 160 avant J.-C. » C’est donc alors seulement que cette partie du livre aurait été rédigée. Le passage Zach., xii, 7-8, ne daterait même que du début du I er siècle avant notre ère. IV. Réfutation des théories des néo-critiques

OPPOSÉES À L’AUTHENTICITÉ ET À L’UNITÉ DU LIVRE. —

Pour répondre à tous ces adversaires de l’unité et de l’intégrité des oracles de Zacharie, nous avons à prouver brièvement : 1° que les chap. ix-xiv sont véritablement du même auteur que la première moitié du livre ; 2° qu’on n’est pas autorisé à regarder ces chapitres comme antérieurs à la captivité de Babylone ; 3° qu’il n’est pas permis non plus de retarder leur composition jusqu’après le régne d’Alexandre le Grand.

1° Arguments qui démontrent l’authenticité du livre de Zacharie envisagé dans sa totalité. — a) Si la tradition juive et chrétienne est un garant suffisant de l’authenticité des huit premiers chapitres, elle l’est aussi des six derniers. En effet, ni les Juifs, iii, à leur suite, les chrétiens des premiers siècles, n’ont jamais regardé les chap.ix-Xlv comme provenant d’un auteur distinct de celui des chap. l-vm. Cf. Fùrst, Der Kanon des A. T., p. 45 ; tr. Sanhédrin, 89a. Jamais leur tradition n’a laissé percer le moindre doute sur l’unité de la composition. Dans les plus anciens mss. hébreux et dans les plus anciennes versions, les quatorze chapitres du livre sont placés de la même manière sous la dépendance du titre « Zacharie ». Cette preuve a ici une force toute spéciale, caria tradition juive remonte jusque vers l’époque où Zacharie composa et publia ses oracles, puisque le canon juif de l’Ancien Testament a été établi peu de temps après. Ajoutons que les Juifs attachaient une importance spéciale aux écrits prophétiques, " or, leur valeur dépendait de l’autorité du prophète qui les av^it composés. Pour ce motif, on dut déployer une attention spéciale pour empêcher des écrits anonymes de se glisser dans la littérature sacrée. L’existence de livres prophétiques très courts, par exemple ceux d’Abdias, de Nahum, d’Aggée, etc., montre qu’on ne se souciait pas de les allonger en leur rattachant des oracles dont on ne connaissait pas l’auteur.— 6) L’unité du livre entier est aussi manifestée par celle des sujets traités dans ses deux moitiés. Dans la première, l’auteur prédit le châtiment des ennemis d’Israël, 1, 14-15, et vi, 8 ; dans la seconde, ix, 1-8, il signale à part quelques-uns d’entre eux, et il indique la nature de leur punition. De part et d’autre, le Messie est présenté tout ensemble comme roi et comme prêtre. Cf. m, 8 ; VI, 12-13 ; ix, 9-17. Des deux côtés, on prophétise la cessation complète de l’exil, viii, 7-8 ; K, 11-12, 16 ; x, 8-12 ; une prospérité de tout genre, i, 17 ; iii, 10 ; vm, 3-5 ; 11, 13 ; xiv, 7-10 ; la sainteté du royaume messianique, iii, t-10 ; v, 1-10 ou 11 ; xiii, 1-6 ; la protection toute paternelle de Dieu, ii, 9 ; ix, 8, etc. Voir Cornely, Introd., t. ii, p. 605. Cet argument n’a pas une valeur absolue, mais il mérite quand même d’être signalé. — c) Les chap. ix-xiv insistent, plus encore que Jes premiers, sur l’avenir messianique d’Israël, avenir tout heureux et glorieux. Or, cette perspective conso lante ne pouvait être que très utile au moment du retour d’exil, alors que tant d’obstacles s’opposaient soit à la réinstallation des Juifs à Jérusalem et aux alentours, soit à la reconstruction du temple. L’idée messianique soude donc, pour ainsi dire, les deux parties l’une à l’autre. — ci) La division qui règne entre les adversaires de l’authenticité des chap. ix-xiv est aussi une preuve en son genre. Ils sont incapables de s’entendre sur l’origine et sur la date des pages qu’ils enlèvent à Zacharie. Et notons bien qu’il ne s’agit pas seulement de divergences légères, de simples nuances d’opinion, mais de détails essentiels. Il y a entre eux de longs siècles d’intervalle. De plus, ils ne peuvent alléguer que des preuves intrinsèques, dont la faiblesse est mise en évidence par les graves divergences que nous venons de signaler. Les néo-critiques reconnaissent eux-mêmes cette faiblesse, lorsqu’ils expriment toute leur pensée. « La date de cette prophétie (Zach., ix-xi), dit entre autres M. Driver, Introd., 5e édit., p. 325, est extrêmement difficile à déterminer, et en fait les arguments intrinsèques marquent des directions différentes. » En effet, continue-t-il, p. 326, « il y a des indications qui semblent montrer clairement que la prophétie est antérieure à l’exil. » Et, d’un autre côté, elle « contient aussi certains passages qui semblent impliquer une date postérieure à la captivité. » Il suit de là que c’est la tradition qui doit juger en dernier ressort, et non pas une appréciation purement personnelle. — e) Les adversaires de l’unité ne réussissent pas à expliquer pourquoi et comment les chap. ix-xiv ont été rattachés aux chap. i-vm, avec lesquels ils n’auraient, dans l’hypothèse, aucune relation. D’après une conjecture de Bertholdt, Einleitung, p. 1728, l’auteur des chap. ix-xiv se nommait aussi Zacharie. et était pareillement fils de Barachie. L’identité des noms aurait occasionné cette suture, au moment où fut organisé le recueil biblique. Ou bien, ditM.Wildeboer, Litteratur des A. Test., p. 361, ces chapitres formaient une prophétie anonyme qui, dans une première collection, était placée tout d’abord à la fin du livre des petits prophètes, etc. On voiteombien tout cela est arbitraire. — f) Rien dans la forme et le style du livre n’exige la pluralité d’auteurs. 1° Quelques hébraïsants distingués, comme M. Kbnig, Einleitung in dasA. T., p. 366, croient pouvoir reconnaître dans le style l’absence de tout élément constitutif de l’hébreu postérieur à l’exil ; mais d’autres, notamment Bôttcher, Aehrenlese, t. ii, p. 246, voient au contraire dans les chap. ix-xiv un coloris tardif. Cela prouve combien cet argument est négatif. Cf. E. Reuss, Geschichte der heil. Schriflen Allen Testaments, p. 266. La différence alléguée n’est pas telle, qu’elle exige des époques et des auteurs distincts. Elle s’explique fort bien par celle des sujets traités, comme le montrent des dissemblances analogues dans les’prophéties d’Osée, d’Isaïe, de Jérémie, etc. C’est pour cela que, suivant la remarque faite plus haut, le style a un essor plus poétique dans la deuxième partie. Le langage est vraiment partout le produit de la même imagination très vive et très inventive. — 2° On signale aussi, comme preuve de la pluralité d’auteurs, les titres placés en tête de divers oracles, soit dans les premiers, soit dans les derniers chapitres. Là, ils indiquent la date de la révélation divine et le nom du prophète. Cf. Zach., 1, 1, 7 ; vii, 1. Ici, Zach., ix, 1, et xii, 1, ils demeurent vagues et imprécis. « Cela est visiblement contre l’unité d’auteur, » dit Kônig, loc. cit., p. 365. Assurément non, car le prophète n’était pas tenu de répéter son nom et les dates en avant de tous ses oracles. Cf. Is., 1, 1 ; vi, l ; Xin, 1 ; XV, 1 ; xvil, 1 ; XX, 1-2, où les titres des prophéties varient pareillement. Jérémie et Ézéchiel ne datent aussi qu’un nombre’limité de leurs oracles. Enfin, si les prophéties des chap. ix-xrv.’rie _ portent aucune