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PIERRE — PIERRE PRECIEUSE


pierres servaient à fermer des puits ou des excavations diverses. Gen., xxix, 2, 3, 8, 10 ; Dan., vi, 17. Jetée dans l’eau, la pierre va au fond, à cause de son poids, et entraîne avec elle ceux qui y sont attachés. Exod., xv, 5 ; Jer., li, 63 ; II Esd., ix, 11 ; Apoc, xviii, 21. Voir Meule, t. iv, col. 1054. — La pierre à feu est mentionnée II Mach., x, 3. — Certaines pierres remarquables, soit par leur grandeur naturelle, soit par le souvenir qu’on y attachait, ont donné leur nom à plusieurs localités. Voir Pierre 5, col. 415 ; Ében, Ében-Ézer, t. ii, col. 1525, 1526.

Pierres travaillées.

Dans les plus anciens temps, les habitants de la Palestine ont commencé à tailler la pierre. Des dolmens subissent déjà un travail reconnaissable, comme celui de Tell el-Mataba, qui est régulièrement troué. On taille ensuite des pierres pour les consacrer à des usages religieux, voir Betyle, t. i, col. 1765, funéraires ou profanes. Voir Stèle. Au Sinaï, la Loi est donnée sur des tables de pierre, Exod., xxiv, 12, que Moïse brise, Exod., xxxii, 19, et remplace ensuite. Exod., xxxiv, 1 ; II Cor., iii, 7. Souvent, le nom de « pierre » sert à désigner les idoles, à cause de la matière dont elles sont faites. Deut., iv, 28 ; xxviii, 36 ; Sap., xiii, 10 ; Jer., ii, 27 ; Act., xvii, 29, etc. On fabrique en pierre divers objets utiles, meules, voir Meule, t. ii, col. 1052, portes, voir Porte, surtout pour les tombeaux, Matth., xxvii, 66 ; Marc, xv, 46 ; Joa., xi, 38, voir t. ii, col. 1478, pressoirs, voir Pressoir, etc. On utilise la pierre à la construction des murs, des maisons, des palais, du Temple, ainsi qu’au dallage de certains espaces. Voir Pavé, t. iv, col. 2237. Les Gibliens étaient renommés pour leur habileté à mettre la pierre en œuvre, voir Gébal, t. iii, col. 139, et on les employa pour les grandes constructions salomoniennes. On taillait la pierre, IV Reg., xii, 12 ; Am., v, 11 ; I Mach., xi, 10 ; on la polissait, quand il était besoin, I Mach., xiii, 27 ; on l’appareillait pour que toutes ses faces fussent à angle droit les unes des autres. III Reg., v, 17 ; Is., ix, 10 ; Lam., iii, 9 ; Ezech., xl, 42 ; Am., v, 11. On plaçait d'énormes pierres pour servir de fondements à l'édifice, III Reg., v, 17 ; Jer., xliii, 9, 10, ou de pierres angulaires à l’intersection des murs. Voir Angulaire (Pierre), t. i, col. 601. Les belles pierres de leur Temple ont toujours émerveillé les Hébreux, qui prenaient grand soin de les réparer à l’occasion. III Reg., vi, 7-vii, 12 ; IV Reg., xii, 12 ; xxii, 6. Ils aimaient les pierres de leur Temple. Ps. cii (ci), 15. Les Apôtres se firent un jour l'écho de cette admiration et de cet amour, auprès de Notre-Seigneur. Marc, xiii, 1 ; Luc, xxi, 5.

Mais les plus solides amas de pierres n'étaient pas à l’abri de la destruction. Une ville pouvait être si bien ruinée qu’il n’en restât pas un caillou, c’est-à-dire pas la plus petite pierre informe. II Reg., xvii, 12. Des monceaux de pierres représentent seuls les cités ruinées. Is., xvii, 1 ; Jer., xxvi, 18 ; Mich., i, 6 ; iii, 12. Du Temple d’Hérode, qui semblait si solidement assis sur ses fondations, le Sauveur prédit qu’il ne resterait pas pierre sur pierre. Matth., xxiv, 2.

La pierre, soit isolée, soit enclavée dans des constructions, pouvait recevoir des inscriptions, voir Stèle, ou une décoration sculpturale. Voir Sculpture.

Autres mentions de la pierre.

1. Comparaisons.

L’eau gelée devient comme de la pierre. Job, xxxviii, 30. Être comme une pierre signifie qu’on est sous le coup de la stupéfaction. I Reg., xxv, 37. Un cœur de pierre est un cœur dur, insensible et inintelligent. Ezech., xi, 19 ; xxxvi, 26. Certaines pierres ont quelque ressemblance avec le pain ; le démon en prend occasion de proposer à Notre-Seigneur le changement des pierres en pain, Matth., iv, 3 ; Luc, iv, 3, et le Sauveur lui-même, faisant allusion à la même ressemblance, dit qu’un père ne donnerait pas une pierre à son enfant qui réclame du pain. Matth., vii, 9 ; Luc, En cours

xi, 11. Dans les déserts rocheux, les pierres plus ou moins hautes se dressent à perte de vue et ont l’air d'êtres immobiles : Dieu, par sa puissance, pourrait changer ces pierres en fils d’Abraham. Matth., iii, 19 ; Luc, iii, 8. Le paresseux est comparé à une pierre , souillée d’ordure et qu’on ne peut toucher. Eccli., xxii, 1. Voir t. ii, col. 2136. Rien de plus commun que les pierres ; l’argent était aussi commun à Jérusalem sous Salomon. III Reg., x, 27. — 2. Métaphores. — Avoir une alliance avec les pierres des champs, c’est vivre.en paix sur le sol où l’on a sa tente. Job, v, 23. Quand on bâtit sa maison avec des gains iniques, la pierre crie delà muraille, c’est-à-dire les êtres inanimés protestent eux-mêmes contre l’injustice. Hab., ii, 11. À défaut des enfants acclamant le Sauveur, les pierres ellesmêmes auraient crié pour saluer en lui le Messie. Luc, xix, 40. — 3. Symboles. — Dans un songe, Nabuchodonosor vit une haute statue qu’une pierre vint briser et dont elle ne laissa pas trace ; la pierre devint ensuite une grande montagne. Cette pierre représentait le Messie et son royaume, devant lequel devaient disparaître toutes les autres puissances de la terre. Dan., il, 34-45. — Le Sauveur traite saint Pierre comme la pierre sur laquelle il doit asseoir inébranlablement l'édifice de son Église. Matth., xiv, 18. Les fidèles sont eux aussi des pierres vivantes et spirituelles appelées à entrer dans la construction. Eph., ii, 20-22 ; I Pet., ii, 4-8. — Au vainqueur, Dieu donnera une pierre blanche, postant un nom écrit, que connaît seul celui qui la reçoit. Apoc, ii, 17. Le caillou blanc marquait, chez les anciens, les jours heureux et les votes favorables. Cf. Martial, ix, 53 ; Perse, ii, 1 ; Ovide, Metam., xv, 41. Pour saint Jean, il désigne le sort heureux attribué dans le ciel à celui qui a bien combattu sur la terre.

H. Les être. PIERRE PRÉCIEUSE, pierre remarquable par sa couleur, son éclat ou sa rareté. Les pierres précieuses étaient recherchées des Orientaux qui les faisaient entrer dans la composition de leurs bijoux, anneaux, bracelets, colliers, pendants d’oreille, dans l’ornementation des vêtements, couronnes de rois, voiles, etc. II Reg., xii, 30 ; I Par., xx, 2 ; Judith, x, 19 ; xv, 14 ; Cant., x, 14, etc. Voir Bijoux, 1. 1, col. 1794.

I. Nom général. — On les appelle habituellement en hébreu 'ébén yeqâràh, « pierre de prix » (cf. l’assyrien ubnu aqartu, pierres précieuses, Frd. Delitzsch, Assyrisches llandwôrlerbuch, in-8°, Leipzig, 1896, p. 8). II Reg., xii, 30 ; III Reg., x, 2 ; I Par., xx, 2 ; II Par., ix, 1, 9, 10 ; xxxi, 27 ; Ezech., xxvii, 22 ; xxviii, 13 ; Dan., xi, 38. Quelquefois 'ébén yeqâràh est employé non pour des pierres précieuses proprement dites, mais pour des pierres de construction, comme le marbre, etc. L’expression 'ébén yeqâràh, pierre précieuse, est parfois remplacée par une locution équivalente, comme 'ébén héfés, Is., Liy, 12, mot à mot « pierre de désir », pierre qui excite le désir, la convoitise 'par sa beauté ; ou comme 'ébnê hên, Prov. xvit, 8, « pierres de grâce, de beauté, » c’est-àdire belles pierres. On rencontre aussi le mot 'ébén accompagné du nom d’une espèce particulière de pierres précieuses, par exemple 'ébén sôham, pierre de soham, ou onyx ; 'ébén sappir, pierre de saphir ; 'ébén éqdah, pierre d'éclat, Is., liv, 12, escarboucle ou rubis. Le mot 'ébén « pierre » sans addition ne se trouve dans le sens de pierre précieuse, que lorsque le contexte, comme une énumération de pierres précieuses, vient préciser la signification et écarter toute amphibologie. Les Septante traduisent ces diverses expressions par Xt'60 ; Ttutb ; ou XiGoç yprjcrro ; , Xîôo ; èxXexTÔç, >.190 ; TioXuteXtiç ; et la Vulgate par lapis pretiosus ou gemma.

II. Provenance. — L’Egypte, l’Arabie, PIndé fournirent aux Hébreux les 17 ou 18 pierres précieuses mentionnées dans les textes bibliques. Elles leur arrivaient par les caravanes de marchands qui.de l’Inde où de