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AZUREUX
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rant les voutes rondes. Du Bartas, 2e Semaine, 4e Jour, la Magnificence, p. 391. — Amour s’ayde en son vol de fleurs, flames et pleurs. L’ayle figure l’air, la terre est feinte aux fleurs. La flamme peint le feu, les pleurs azurent l’onde. Papon, Emblemes et Devises d’Amour.

Azureux. De couleur d’azur. — En la celeste peinture De ton crystal azureux. L. Le Caron, Poesies, le Ciel des Graces, 46 ro.

Azurin. D’azur, azuré, de couleur d’azur. — Son manteau de couleur azurine, tout ourlé de brodure à lesguille, Lemaire de Belges, Illustr., I. 31. — Le dieu Mome chagrin admiroit de Francine Tôt les yeux azurins, deux astres amoureux, Tôt de son teint vermeil le naif vigoureux. Baïf, l’Amour de Francine, L. I (I, 118). — O beaux yeux azurins, ô regards de douceur ! id., ib., L. II (I, 184). — Au bord de cette eau azurine. Buttet, 1er Livre des Vers. Ode 12. — Qui feint un front d’ivoyre en demi-rond vouté… Qui des yeux azurins (qui de trousses secrettes Decochent, dangereux, mille teintes sagettes). Rivaudeau, Hymne de Marie Tiraqueau. — Celuy de l’Indois Est de couleur accomplie. Plus brun et plus azurin Que n’est pas le Saphistrin Des arenes de Libye. Belleau, les Amours des Pierres precieuses, le Saphir (II, 219). — Six mi-poissons hannissans, Faisans jalir l’eau marine Dessous leurs piés pestrissans La grand’campagne azurine, Trainoyent un char azuré. Baïf, Poemes, L. III (II, 137). — Nous chanterons à voix pareilles Neptune le grand Dieu marin, Et des Nereides vermeilles La perruque au poil azurin. Luc de la Porte, trad. d’Horace, Odes, III. 28. — Le baltique Neptun et les peuples marins Entrecoupent les eaux de leurs doigts azurins. J. de Champ-repus, Poes. diverses, p. 110.


B.


B. Lettres de B. — Ce sont noms bastards, au tant de barres en leurs armoiries, et de lettres de B en leurs seings manuels. Charron, les Trois Veritez, III, 10. — On disait qu’un homme était marqué d’un B quand on pouvait le qualifier d’un mot commençant par un B : borgne, boiteux, bossu, bastard, etc, (v. La Curne).

B quarre, B mol, v. Becarre, Bemol.

Baaillonneur. Celui qui bâillonne. — Chacun trembla d’horreur, et chacun estonné Quitta ce baaillonneur et mort et baaillonné. Aubigné, Tragiques, VI (IV, 264).

Baalin. Adorateur de Baal. — (Fig.). C’est le Seigneur qui a conduit cest ouvrage ; c’est luy qui a fait retirer ces baalins et faux prophètes. Anc. Poés. franç., XIII, 309.

Baasas, v. Bazare.

Baba (exclamation). — Baba, lon me l’a baillé belle : Il m’a donné dans la cervelle Ce bon vin que j’ay avalé. Baïf, l’Eunuque, IV, 5.

Babatement (fréquentatif ou augmentatif par redoublement). — Tout ainsi que le cœur un seul moment ne peut Demeurer en repos, ains nuict et jour se meut, Pour d’un ba-batement d’arteres en arteres Envoyer haut et bas les esprits à ses freres. Du Bartas, 1re Semaine, 7e Jour (p. 335). — Considerez… si en la constitution de nos corps le cœur n’est pas l’aisné de nature, si ce n’est pas luy qui le premier se meut, et qui, par ses vifs babatemens, esmeut tous nos mouvemens. Cholières, 8e Ap. Disnee, p. 312.

Babattre (fréquentatif ou augmentatif par redoublement). — Mais leur Mere non estonnée De voir leur sein qui babatoit, Pour les asseurer les flattoit De ceste parolle empennée. Ronsard, Odes, IV, 10 (texte de 1552). — Mais le cœur de Judith, qui sans cesse bat-bat, Sent dans soy tout d’un coup naistre un cruel combat. Du Bartas, Judith, L. VI, p. 411. — Or’sur le corps chery des ailes il ba-bat, Or’il baise sa face. id., 1re Semaine, 5e Jour, p. 255. — Là le subtil esprit, sans cesse ba-batant, Tesmoigne la santé d’un pouls tousjours constant. id., ib., 6e Jour, p. 290. — Pour augmenter la signification et representer plus au vif la chose, j’ay repeté la première syllabe du mot : comme pe-petiller, ba-battre. id., ib., Advertissernent : — De peu encor le cueur nous babatolt. G. du Buys, Cant. de louenge à Dieu (G. Compl.). — La Peur à qui babat incessamment le flanc. Du Bartas, 2e Semaine, 1er Jour, les Furies, p. 125. — Et bien qu’un zeie ardant Aille sur son clair teint ses flammes espandant… Et que son cœur grossi dedans son sein ba-bate. id., ib., 4e Jour, les Trophées, p. 354. — Il [le coq] fourche sa grand queue en deux rameaux voustez. De ses bruyans cerceaux il ba-bat ses costez. id., ib., la Magnificence, p. 388. — Estes vous à apprendre, si le cœur ne babatoit sans cesse, que tout aussi tost chasque membre du corps viendroit à s’aneantir ? Cholières, 8e Ap. Disnee, p. 313. — [Mon cœur] Bat battant peu à peu D’un mouvement plus lent en ma foible poitrine. Chassignet, Ps. 21. — Sur ce miroir le cœur ba-bat Des pauvres Dames esperdues. Fanfares des Roule Bontemps, p. 169.

Babel (masc.). — De ce Babel meschant [Rome], d’où est fuye Toute vergongne. Vasquin Philieul, trad. de Plutarque, L. III, S. 8.

Babie. Babil. — Les Chapons en avoient une [poule] pour leur advocate quy avoit assez de babie. Var. hist. et lit.. IV, 279.

Babil (prononc,) — Un bon present Sert en amours plus que babilz. Et puis la façon des habitz Dedans un an sera trop vieille. Marott Epistres, 24.

Babillage. — Menins plaisanteur ayant tout houspillé De pere et mere morts le bien bon heritage Quand il se fut mis là, par son beau babillage, De chercher ça et la plaisantant son diner. Trad. d’Horace, Epistres, I, 15.

Babillarderie. Qualité de ceux qui babillent. — Puis qu’il vous plaist, je suis contant de passer par dessus tout ce que j’avoie proposé de crier contre le caquet des femmes, pour descouvrir, au mieux que je pourray, les raisons d’une si grande babillarderie. Cholières, 5e Ap. Disnee, p. 220.

Babille. Babil. — Des nonnains la doulce babille, Leur habit sainct, le chant d’icelles. Marot, trad. de deux Colloques d’Erasme, II. — J’ay