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En cours ont cru pouvoir l’identifier avec les bols ronds sans anses dont la Béotie a fourni de nombreux exemplaires [cymbè, fig. 2268]. Mais cette opinion est contestée[1]. Athénée dit que la γυάλη était en usage chez les Mégariens[2] ; Hésychius chez les Macédoniens[3]. On ne peut pas dire autre chose, sinon que c’était un ποτηρίου εἶδος, un genre de verre à boire.  E. Pottier.

  1. Carl Robert, Homerische Becher, p. 3 (extrait du Winckelmanns Programm, 1890).
  2. Loc. cit.
  3. S. v. ; cf. Etymol. Magn. p. 243, 13, s. v. Mais on peut se demander si Μακεδόσι n’est pas une transcription fausse pour Μεγαρεῦσι ?

GYÈ, GYÈS (Γύη, γύης). — Mesures de superficie très anciennes, analogues au plethron des Grecs et au jugerum des Romains, mais sur la valeur exacte desquelles les explications des auteurs sont très différentes.

La γύη était en usage aux temps homériques. Une quadruple γύη (τετράγυον) indique, dans l’Odyssée[1], la portion de terrain qu’un bon ouvrier peut labourer en un jour. Ailleurs le mot τετράγυον paraît s’appliquer à une étendue de terrain beaucoup plus considérable[2].

Γύης, nom que l’on trouve en usage[3] dans les colonies doriennes de l’Italie au ive siècle av. J.-C., y désignait une mesure anciennement venue de Laconie[4], valant 48 plèthres et plus tard 50 (= 4,75 hectares), quand on se conforma au système attique ; or 48 plèthres est précisément l’étendue qu’aurait eu le τετράγυον homérique, d’après un scholiaste[5].  E. Saglio.

  1. XVIII, 374, et Eustath. Ad h. l.
  2. Hom. Od. VII, 113. De même πεντηκοντόγυους, Il. IX, 375.
  3. Corp. inscr. gr. III. 5774, 5775.
  4. F. Lenormant, La monnaie dans l’antiquité, I, p. 131 ; Hultsch, Metrologie, p. 668.
  5. Schol. ad Od. VII, 113. — Bibiliographie. — Hultsch, Griech. und röm. Metrologie, 2e éd. Berl. 1882, p. 41 et 668 ; id. Metrolog. Scriptores, Index, s. v.

GYMNASIARCHIA. — La question de la gymnasiarchie est une des plus obscures que soulève l’histoire des institutions grecques. Les préposés aux gymnases surveillaient au nom de la cité les jeunes gens qui s’y exerçaient, ou bien préparaient à leurs frais des concours et des fêtes ; selon le lieu et le temps, ils pouvaient être magistrats ou liturges ; tandis que les uns étaient investis par la ville ou par une tribu, les autres, souvent dans la même ville, représentaient des associations ou des collèges. Pour Athènes on peut essayer de classer et de décrire les différentes gymnasiarchies que révèlent les documents ; pour les autres villes, il faut se contenter de présenter des types de gymnasiarchies avec des tableaux synthétiques de leurs attributions.

À Athènes et dans ses dépendances. — I. À la belle époque d’Athènes, la gymnasiarchie était une liturgie annuelle[1], une de celles qu’on imposait aux plus riches à tour de rôle et qu’on appelait ἐγκυκλίους λειτουργίας[2]. Le gymnasiarque représente sa tribu[3] dans une course aux flambeaux : quand il est vainqueur, son nom est proclamé après celui de la tribu[4], et c’est à la tribu d’honorer comme il convient celui qui lui a fait honneur[5]. Le gymnasiarque est donc désigné par les membres de sa tribu, qui tous savent son nom^^6. Encore faut-il que la république l’agrée par l’organe du magistrat chargé d’organiser toutes les lampadédromies, l’archonte-roi^^7. Il n’y a aucune contradiction entre les textes qui attribuent la nomination des gymnasiarques au roi et ceux qui la font dépendre de la tribu : celle-ci dresse une liste de proposition (φέρει)^^8 ; celui-là choisit un nom. Les gymnasiarques ne sont pas élus à mains levées, ils sont ᾑρημένοι^^9. On comprend ainsi comment il peut encore être question des dèmes dans leur désignation. Les épimélètes de la tribu, que le roi chargeait de trouver des titulaires pour chaque gymnasiarchie, les demandaient aux dèmes de la tribu^^10.

Les obligations du gymnasiarque ne sont pas bien connues. Les grammairiens confondent volontiers le gymnasiarque public de la belle époque avec le gymnasiarque éphébique di ; l’époque romaine. Ils parlent d’huile à fournir pour les exercices gymnastiques^^11 : c’était une des charges qui incombaient au gymnasiarque, mais une des moindres. La principale était la préparation d’une lampadédromie. Le peuple athénien avait le goût le plus vif pour ces courses^^12 [lampadedromia]. Il en existait de temps immémorial^^13 aux Panathénées et aux fêtes des dieux du feu, Héphaistos et Prométhée ; on en institua une nouvelle pendant les guerres Médiques en l’honneur de Pan^^14 ; une autre, qui avait lieu au Pirée pendant les Bendidies^^15, se fit à cheval vers l’époque de Socrate^^16. Chaque gymnasiarque était délégué à la préparation d’une seule lampadédromie. Les inscriptions nous montrent les gymnasiarques en fonction pendant les Panathénées^^17, la fête d’Héphaistos^^18 et celle de Prométhée^^19 ; les lexicographes les font encore intervenir dans la fête de Pan^^20 ; mais ils n’ont jamais participé aux Anthestéries ou aux Hermaia[6]. Le gymnasiarque est le chef des lampadéphores. Quand sa troupe consacre le flambeau, prix de la victoire^^22, son nom précède^^23 ou remplace^^24 tous les autres dans les dédicaces, et les lampadéphores lui votent des hommages comme à un supérieur^^25. C’est lui qui recrute les champions de sa tribu, leur cherche des instructeurs, les nourrit pendant la période des exercices, les pourvoit des accessoires nécessaires^^26, torches et porte-flambeaux^^27. Pour certaines lampadédromies, sinon pour toutes, la dépense était double : il fallait présenter une

GYMNASIARCHIA. Notes

6 Dem. l’hil. l. c : Isae. l. c.

7 Aristot. De rep. Alti. 57 ; cf. Poil. VIII, 90 ; Suid. s. V. ir.xwW-.t ; Dem. t’. Lacrit. 4S.

8 Dem. c. Boeot. I, 7 ; cf. Aristot. Op. cit. 56 : Anlipli. De chor. 11, 13 ; Dem. c. Mid. 13, et Arguni. II ; c Lept. 130 : Schol. Aristoph. Au. 1404.

9 ’Es. ào/.. 1883, p. 109 s., 1. 28 ; cf. Aescliin. c. Cics. 30.

10 E : 4jy.. (. c ; Isac. De Menecl. hered. (II). 42. Cf. Ilaussoullier, la Vie municip. en Attique, p. 109, n. 1. L’inscription de lE3, «p/. qui est un décret de dùniG, ne laisse plus subsister les doutes rmis par Schumann. éd. d’isée, p. 221 ; ’l'Iiumser, De ciriuni Athen. nittner. p. 92-93. Il est donc naturel qu’un gymnasiarque vainqueur soit couronné par ses démotes (’Es. is ;». 1891, p. 49-50).

11 Schol. Dem. c. Lept. 24 ; Schol. Dem. ap. Bull. de corr. hell. l. c.

12 Cf. Wecklein, Der Fackelwettlauf, dans Hermes, VII, 1873, p. 437-452 ; Thumser, Op. cit. p. 88 s. ; Grasberger, Erziehung und Unterricht im klass. Alterthum, III. p. 200-201 : A. Martin. Les cavaliers athéniens, p. 199-200.

13 Cf. Herod. VIII, 98.

14 Id. VI, 105.

15 Pl.it. Resp. p. 328 À ; cf. A. Mommsen. Heortologie, p. 425426.

16 Cf. A. Martin, Op. cil p. 200.

17 C. in-scr. ait. Il, n1181 : yj :v..in.B-, ;,« ; K.xjosJSi G//.i ; £■ ; n«-,»«^v.i« T» v.f,ii.n : 1229 (cf. 1196, 1197, 1221, 1227,12301232) ; Arguin. Il ad Dem. e. Mid. ; Leùc Seguer. p. 277, 22 : Phol. s. v. w^-«5o ;.

18 C. i. ait. II. n" 1340 : 7vïiv«inaf/.T.T.vT«Ti ’H=«.’(r :t« ; Andoc. De mytt. 132 (cf. IV, 42) : Leiic. Seguer. l. c. el p. 228, Il ; Schol. Dem. ap. Bull, de corr. hell. l. c.

19 "E ;. if/., 1883, p. 109 s.. I. 28 : oî 7-j ;»v«(niis7/>i -, ; t.O’.i"»’" U ’* n ooiAT.Oia ; Isae. De Apoll. hered. (VII), 36 : -^lyj-i^-tiia-.iiiT.ita s’ ; ns’. ;4r,lti« t*-j5i T’,î èvmjToî ; Lys. XXI, 3 : llarp. s. r. «.«jisà ; ; Schol. Arisloph. Jtan. 131, 1087 ; Suid. II. 1, 498, 4 s. (cf. Phol. s. r. ■*»/=« ;) ; Lciic. Seguer. p. 228, Il : Schol. Dem. l.c.

20 Lexic. Seguer. ; Schol. Dem. ; Phot. ll. cc.

21 incluse dans le texte.

22 Corp. inscr. att. III, no 106, 111, 123, 124, 1114 o ; cf. 122 ; Myth. d. arch. Inst. in Ath. VIII, 1883, p. 226.

23 Ἐφ. ἀρχ. 1891, p. 45 s.

24 Corp. inscr. att. II, no 1221 ; Ἐφ. ἀρχ. 1891, p. 57-58 ; cf. C. inscr. att. II, no 1197, 1227 ; Andoc. IV, 42.

25 C. i. att. II, no 606.

26 Xen. Resp. Ath. I, 13 ; De vectig. IV, 52 ; C. inscr. att. l. c.

27 Cf. candelabrum, fig. 1074.

  1. Dem. c. lept. 21 ; Isae. De Apollod. hered. (VII), 36 ; Lys. XXI, 3.
  2. Dem. l. c. ; Lexic. Seguer. p. 250, 22.
  3. Corp. inscr. att. II, No606, 1181 ; Dem. Phil. IV. 36.
  4. C. inscr. att. II, nos1229-1233 ; Schol. Dem. ap. Bull. de corr. hell. I, 1877, p. 11.
  5. C. inscr. att. II, No1181, 1340.
  6. Dans l’inscription du Corp. inscr. att. III, no 93, la restitution de Dittenberger, De epheb. att. p. 41, n. 3, [γυ]μνασιαρχήσας [τὸ]ν Ἀνθιστηριῶν[α] au lieu de [γυ]μνασιαρχήσας [τῶ]ν Ἀνθιστηρίων, substitue à une gymnasiarchie lampadarchique, qui n’a jamais existé pendant les Anthestéries, une gymnasiarchie éphébique exercée pendant le mois d’Anthestérion. Il n’y a pas non plus de gymnasiarque pour les Hermaia. comme le faisaient croire deux inscriptions mal comprises (Corp. inscr. att. III, no 105, 1104 ; cf. Dillenberger, Hermes, XII, 1878, p. 3 s.).