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surveillance des poids et mesures, des marchés et des denrées qu’on y exposait en vente^^13 ; 3° la cura ludorum leur fut également confiée, ainsi que cela résulte de plusieurs inscriptions^^14.

Sous l’empire, et malgré les changements apportés depuis Auguste à l’administration de l’Italie, cette organisation et ces pouvoirs subsistèrent en général au profit des magistrats municipaux, et spécialement des édiles de l’Italie, et dans les municipes ou colonies de province depuis Hadrien ’^ mais avec subordination au gouvernement central ’". Ces magistrats étaient encore élus annuellement. Sous l’empire de la loi Julia, ils l’étaient par l’assemblée des citoyens " ; il parait que cette règle fut encore appliquée sous Domitien, ainsi qu’on le voit dans la loi municipale de Malaca ", découverte en lHr,[ et par la mention des comices dans les inscriptions’^ ; plus tard, les magistrats présentèrent eux-mêmes leurs successeurs à la curie, sous leur responsabilité’", mais la curie pouvait les repousser. On trouve encore la mention d’édiles municipaux’ ^’ dans une constitution de Dioclétien et de Maximien. Mais les pouvoirs des édiles étaient alors singulièrement limités par la création de curateurs spéciaux et par les progrès de la centralisation ; il leur était interdit de construire un édifice public sans l’autorisation préalable du prince ou du gouverneur, et môme d’y faire des réparations importantes "-- ; et d’après un fragment d’Ulpien sur l’office du proconsul, celui-ci pouvait même nommer des curateurs spéciaux à cet effet.

Les inscriptions mentionnent encore des aediles annonae, des aediles juridicundo praef. aerarii, etc.^^23 G. Humbert.


AEDITUUS, et, sous une forme plus ancienne, aeditumus et aeditimus^^1. Gardien d’un temple. — Ceux qui exerçaient cette fonction, chez les Romains, n’avaient pas un caractère sacerdotal. Leurs soins et leur surveillance étaient nécessaires précisément parce que les prêtres, ou collèges de prêtres, ne venaient au temple pour les actes de leur ministère qu’à des moments déterminés. Il fallait s’adresser aux aeditui pour en faire ouvrir les portes^^2, ou pour pénétrer dans quelque partie réservée ; ils servaient de guides aux visiteurs^^3 ; ils demeuraient, en conséquence, dans le temple même ou dans le voisinage, ainsi que les esclaves ou les employés dont ils se faisaien^^8t aider^^4. A leurs fonctions de gardiens, ils paraissent avoir joint l’administration des biens du temple^^5 ; le titre de curator templi se confond souvent avec celui à aedituus^^6. Ils étaient fort honorés anciennement^^7, et même sous l’empire ils lurent généralement de condition libre^^8, rarement de condition servile^^9, comme le prouvent les inscriptions. On en voit qui sont réunis en collège sous la présidence d’un curator^^10 ou d’un magister^^11. Il y avait aussi des femmes remplissant les fonctions d’aeditua^^12.

Le nom d’aedituus se trouve quelquefois appliqué aux gardiens de certains édifices publics, tels que l’atrium libertatis^^13 ou de ceux qui servaient aux réunions des collèges^^14.

Des fonctions analogues à celles des aeditui romains étaient remplies chez les Grecs par les ἱεροφύλακες et les ναοφύλακες ; on peut en rapprocher aussi les νεώκοροι au nom desquels nous renvoyons [neocorus]. E. Saglio.

’ ;' Apul. .Vtrtiini. 1, p. îl.nU. Bip. ; Pelrnu. ÏLIV ; Pap. fr. 17 Dijr. XVl, 2 ; fr. 13, § H Df loenl. DiR. XIX, * ; Orelli. 4343 ; fr. 3, § I, fl» ! lei/. Jiil. de ann. Dig. XLVIII, I, i. — 1* Dirksen, Cin. AMiandl. II, p. 171 ; Juv. 111,173 ; FabrcUi, tacc. II, 520 ; IX, 368. — 15 Waller. I, § 470, SmO, 311 et 310 ; Orelli, II, r. ivi ; Orelli-Henzen, c. xvi et ind-ex, n. q. — 16 "Walter, I, § 314. — 17 Qj^, p^Q rliteiit. 8 ; Talml. /ffrnnl. lin. 84, 98, 99, 13^ ; Hauliold, Monum. teirnl. p. 118, lil, i7.— ’* C. 5i, .se, 57 ; Giraud, Les tables de Snipensa, Paris, I85C. — ISl Orelli, n. 3701. — » Walter, I, § 302. — SI C. 2. Co[l. .« Sermis, X, 32 ; cf. Amni. Marc. XXVIII, 6, 10. — 22 pjin. Epist. x, 34, 35, 40, 47, 58, 19, 85 ; fr. 7, § I Dij !. De off. proc. 1, 16 ; fr. 6 U. De op. publ. 4, 10 ; C. 1 Cod. De eTfieii.i. hid. XL,41. — 23 Mommsen, C. Iiisc., 911, 6828, 14^1, 1489 ; Kuhn, Stâdt. Viirf. 1, p. 57. — Bibliographie. Walter, Gesclùchte des roin. Redits, 3e éd. iiunu, 186i’, I, S§ 514, ’1.51, 26», 264, 270, 300-5, 314, 395 ; Becker-MarquardI, Ihtndlmch der rOm. .4/te’M. Leipzig, 1851, III, p. 333 ; Savigoy, Gesehichte des rrim. Ilechts in Mit telulter, 1, 2 ; Zumpt, Commentationes epigraphieae, 1850 ; Kuliu, SItidtische Verfassuilfj des rôm. lieiehs, I. 36, 56 et s. ; Leipzig, 1864.

AEDITUUS. Notes 1 Varr. De ling. lat. VII, 12 ; VIII, CI ; De rc iiisl. I, 5 ; et ap. Gcll.XII, II) ; Ûrolli, 2415 ; cf. Lucret. IV, 1273 : Aedituentes. 2 Tit. Liv. XV, 17 ; Plaut. Cure. I, 3, 48. — 5 Scnec. Episl. 41 ; Schol. ad Hur. Epist. 11, 1, 230 ; Cdl. VII, 1 ; cf. Orelli, 3732. — ’ Cic. In Yerr. IV, 44 ; Suet. Domit. 1 ; Dig. .V.X1II, I, 20, § I. _ 5 Serv. Ad Aen. IX, 5*8 ; Cic. De harusp. XIV, 31 ; Gell. II, 10. — 6 Varr. Linij. lat. VII, 12 ; P. Uiac. s. v. ; Orelli, 2206 ; Mommsen, Insc. regn. JVeap. 4643, 5631. — ^ Serv. l. l. — a Orelli, 1369, 1433, 116», 1593, r.69, 2146, 2700, Î<f0, 2709, 6101. — 9 Orelli, 2444, 2445. — <» Orelli, 2413, 6IO11. — " Orelli, 2441. — lî Orelli, 2444. — " Til. Liv. XXV, 7. — ’* Acia fratr. Are. tab. iiiv, col. 2, I. 27 ; Orelli, 6101 , 6445. — Hibliugrapuib. Becker-Marquardt. Handbitch der rômiscfl. .Altcrtfiilmer, l, p. 150 ; Rein, in Pauly’s Bealeneyclopâdie, I, p. 220 (• éd. 1862) ; Hcuzen, in Bullet. de l’Institut, archeol. di Roma, 1859, p. 22.


AEGAEON [Briareus].


AEGIS (Ἀἰγίς), l’égide. — Il faut remonter à l’origine du mot pour comprendre comment s’est formée et dégagée graduellement, dans les œuvres de la poésie et des arts, l’idée de l’égide telle qu’elle est généralement reçue, aussi bien que l’attribution qui en a été faite à plusieurs divinités ; l’égide, en effet, n’est pas exclusivement propre à Minerve, par qui elle est constamment portée, elle est aussi une arme d’Apollon, de Junon, de Mars peut-être : avant tous, elle appartient à Jupiter.

Le mot ἀἰγίς aune double signification : c’est la tempête, la nuée orageuse d’où les éclairs jaillissent ; c’est aussi le nom des peaux de chèvre dont on faisait des manteaux qui servaient au besoin de cuirasse et de bouclier[1]. Par un rapprochement[2] tel qu’on en peut observer à la naissance d’un très-grand nombre de mythes, les nuées qui s’amassent et d’où sort la tempête sont devenues dans la fable l’arme naturelle du dieu souverain, en qui se personnifient tous les phénomènes du ciel, tour à tour lumineux ou chargé d’orage [jupiter]. La deuxième acception du mot prévaudra à mesure qu’on s’éloignera de la conception primitive. Hérodote cherchera[3] une origine historique de l’égide d’Athéné hérissée de serpents, en la comparant aux peaux de chèvre frangées de minces lanières dont il a vu les femmes de la Libye revêtues. Les derniers mythographes diront que Jupiter, dans la guerre contre les Titans, s’est fait une arme de la peau de la chèvre qui l’a allaité dans son enfance [amalthea], parce qu’elle pouvait seule lui assurer la victoire[4]. On en donnera encore d’autres explications[5]. Dans Homère, les deux idées qu’exprime le mot ἀἰγίς ne sont pas encore séparées. Quand il nous montre Zeus enveloppant l’Ida de nuages et lançant les éclairs en agitant l’égide[6], ou bien la confiant à Apollon ou à Athéné tantôt pour couvrir les héros qu’ils favorisent, tantôt pour effrayer et disperser leurs ennemis[7], les traits dont il se sert laissent indéterminée la nature de l’arme divine. Cette arme est tour à tour offensive et défensive : Hephaislos, qui l’a fabriquée, l’a rendue indestructible, impérissable, participant de l’immortalité ; elle peut résister aux coups de la foudre même[8] ; elle est

  1. Ἀίξ, et ἄξι tempête. Les deux mots viennent d’αθσσω, agiter, qui s’emploie pour toute espèce de mouvement précipité.
  2. Buttmann, Uber die Entstehung der Sternbilder, Abhandl. der Berlin. Akad. 1826, p. 40 ; Lauer. Syst. der griech. Myth. p. 191.
  3. IV, 189.
  4. Schol. Hom. Il. XV, 229 ; II, 157 ; Hyg. Poem. astr. II, 13 ; Serv. Ad Aen. VIII, 354.
  5. Diod. III, 69 ; Cic. De nat. deor. III, 23, 59 ; Clem. Protr. p. 24 p. ; Tzetz. Ad Lycophr. 333.
  6. Il. XVII, 595 ; IV, 160 ; Virg. Æn. VIII, 354.
  7. Il. XV, 229, 306. 316, 360 ; V, 936 ; XXIV, 20 ; Od. XXII, 297 ; Hesiod. Sent. Herc. 343 ; Aesch. Enm. 825.
  8. Il. II, 447 ; XV, 309 ; XXI, 401.