Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VES

VES

fût quelquefois fait d"une vessie CiEonc.ES Lmave.

UMS, p. 1308 ; LIIÎlTINA.

.yTi’a). — 11 n"est point d’argument plus .aveur de la communauté de race et d’origine .....onalités grecques et italiques que la tradition .■eligieuse. Et parmi les faits innombrables qu’elle nous olTre, le plus frappant est celui d’une divinité primor- diale en qui se personnifient le feu et le foyer, instru- ments et symboles de la vie groupée et sédentaire, suc- cédant à l’état nomade et dispersé. Cette divinité, sous des noms manifestement apparentés, est Heslia chez les Grecs, Vesla chez les Latins’.

Cependant Hestia divinité est encore inconnue de la poésie homérique ; même le nom commun de éoTia dési- gnant le foyer est absent de ï/lindc’-, et si icTir, (dorien) apparaît dans les derniers chants de VOflijssép, c’est chaque fois à l’occasion delà même formule de serment, où sont pris à témoins et Zeus, le plus éminent des dieux, et la table hospitalière avec le foyer d’Ulysse. Dans les deux poèmes, il est vrai, nous rencontrons les adjec- tifs àïÉcTioç désignant l’homme sans feu ni lieu, et son contraire Ètpé^noç, au sens d’un voyageur qui a retrouvé son foyer. Le premier prend une signification particu- lièrement expressive en ce qu’il conclut une imprécation solennelle : Quil soit sans parentt-, sans droits, sans foyer, C/iomme qui, etc. En dégageant de cette formule le sens de kc-i’a, on peut dire qu’il désigne le feu en tant qu’il sert à la préparation de la nourriture et aussi parce qu’il est essentiel au sacrifice ^ L’imprécation homérique trouve son pendant dans la coutume, légale chez les Romains, de ïarjuae et ignis inlerdiclio ’. Cependant, chose digne de remarque, de ces divers emplois de sTTi’a et de ses composés on peut déduire que le poète ne connaît pas de divinité portant ce nom ; ou que, si la divinité existe, elle n’a pas été jugée digne de figurer dans l’épopée héroïque, parce qu’elle restait encore confinée dans le cercle de la religion populaire’.

Cependant ’EdTix personniliée apparaît dans la Théo- ffonie d’Hésiode, en tête de l’énumération des enfants de Kronos et de Rhéa ; c’est-à-dire qu’elle est apparentée avec Zeus et Héra^ Son rôle ne se précise que plus tard, dans les Hymnes homériques et chez Findare. V Hymne à Aphrodite reste dans la tradition hésio- dique ; Hestia est une fille de Kronos, vénéi^ible, de- mandée en mariage à Zeus par Poséidon et .polIon. Cet

VESTA CEciia). — ï Pour la (|ucslion étymologique cl la paronU’ îles iIimiï noms grecs et laliuii, v. infra, Venta chez les Latins, note i S(|. l’rcuuer, ap. Hosclier, Lexik. d. Mtjth. I, p. i605, remarque avec raison que pour cette déesse la parenté est certaine, alors qu’elle est encore douteuse pour d’autres. — 3 llom. //. IX, 63 ; cf. Il, li’i, oïl se trouvent les adjectiTs isia-to ; et iv-çtioî- Cf. Xacgclsbacli, A’aehhomerische Theotog. p. iT.ï, cl les rcctitications de Preuner, Hestia- Vesta, p. 48 sq. ; le mime, chez Rosclier, Op. l. I, p. 2CI0. — 3 Honi. Od. XVII, lifi ; XIV, 159 ; XX, 231 ; XIX, 303. I,c foyer sans nuance religieuse chez Homère s’appelle i<r/,âfi). Dans lu dernier passage, la table liosiiitalirre est remplacée par /eus, ».™v ïuaf. ; »« ; ifiTo ;. On Irouve ijior.oi une fois dans VJlinde, II, li."). et trois fois dans VOJi/sséc : 111, Ï3l ; VU, 218 ; XXIII, ■>’■,. V. Welcker, nriecli. Coelter- lebre. II, p. *>0l : •* A l’époque d’Homère, llcstia, alors même qu’elle eût trouvé place dans la religion populaire..., est reléguée , l’arrière-plan d’un monde divin dont le poète a fait une u :uvre d’art et de beauté. ., Cf. Nitzsch, Anmev- kungen zur Odysxee, X, lii sq. ; XVII, 3i !*, où l’auteur essaie de prouver que iffu*»., au temps d’ilomère, n’est pas encore un emplacement sacré. Cf. liesych. tgioTtot, ."■ ;oi»»i, îi« ÎJ- ;»-. «« ; oî.ov tio-juiv. — ’ V. kxsu.hjm, I, p. 913. Cf. l-’ostns, p. 3, cl Klauflcn, Aeneas imd die Pcnatcn, p. 636, note I lin. — <> n Un culte de la déesse Hestia cet inconnu d’Homère ; mais cclui.ci connaît une tTTÎa qui est sur le point lie devenir divinité. .. Prcuncr, Op. cit. M. — « Hi s. Ihcoi). i’j ; dp. et D. 73 i. Cf. Diod. V, 68, 1 ; Apollotl. I, 1, 3 ; Hygin. p. ID ; Scrv. Acn. IX, iM. — ’ Uijmn. Hom. Aphroâ. IV, « sq. Cf. Jluellcr, /••.-«jm. Hist. Graee. IV. p. 331, et Aris-

honneur, elle le refuse avec énergie, en jurant le grand serment de rester vierge toujours. Zeus, pour la dédom- mager, lui accorde de posséder un trône, c’est-à-dire un autel, au centre de chaque maison, pour y recevoir les prémices des offrandes et d’être, chez les mortels, vénérée comme la plus ancienne et la plus émincnte des divinités. Dans l’Hymne, plus récent encore, à Hestia et à Hermès, elle est l’objet de la première et de la dernière libation de vin doux, coutume qui semble s’être prolongée à travers les siècles : le stoïcien Cor- nutus la signale, en invoquant le témoignage de Cicé- ron, chez lequel elle peut fort bien n’avoir été qu’un souvenir littéraire*.

Ce que, pour le culte d’Hestia, nous possédons de plus précis, aux beaux temps de la religion hellénique, nous est fourni par Pindare ’. Celui-ci nous apprend que dans l’île de Ténédos la déesse jouit d’un culte public, le premier dont il soit fait mention. Et ce culte la prépose, non pas seulement à la vie familiale, mais aux destinées mêmes de l’État, puisque les Prylanes l’honorent, la première de toutes les divinités, par des libations et des sacrifices, avec accompagnement de lyres et de chants. Suivant le mot du poète, elle a reçu en partage les Prytanées ; et Sophocle ajoute que les liba- tions vont à son adresse les premières, telle la proue du navire qui fend les flots’". Dès lors Hestia nous apparaît comme représentant le service impersonnel de l’autel ; c’est-à-dire qu’elle a moins les allures d’une déesse, créée par l’imagination pieuse des foules,, que d’une figure symbolique, issue de la science des prêtres philosophes " . Cependant elle n’en est pas moins sur la même ligne que les divinités les plus poétiques ; elle les égale par sa fonction, qui est de briller sur tous les autels, ou pri- vés ou publics, dans la flamme du sacrifice ; elle a sa place dans le groupe des douze grands dieux ; mais c’est à peine si elle est connue comme la protectrice ou d’une nationalité ou d’un culte’-, .-insi que le fait remarquer Platon, elle siège sur un trône dans l’Olympe ; mais, tandis que les autres dieux vont cà et là, par le vaste L’nivers, se mêler au mouvement des hommes et des clioses, elle ne quitte pas sa place dans Vaether’^. Si le sens artiste des Grecs l’apparie à Hermès, c’est pour tirer de leur groupement un effet de contraste. Hermès signifie la circulation intense de la vie par les routes et les sentiers ; il est le génie actif qui pourvoit à tous les besoins, h toutes les exigences de l’existence ; Hestia

topli. Schol. Vesp. 8*6 ; Plat. Huthyphr. 3 a ; Zcnoh. IV, IV ; Eusiath. Odyss. 137», 45. — i Hymn. Vest. et Alerc. 30, 1-6. Celte ceuvre est poslérieure de plusieurs siècles aux temps homériques. V. Preuoer, Op. cit. p. 4-8. Pour Coniu- tus, V. l’édit. Osann, p. 160. D’antres écrivains relativement récents, comme Diodore et Porphyre {celui-ci chez Euseb. Praep. eeang. III, p. 100), oui gardé le sens de ces premières traditions sur le caractère d’Hestia. — 9 Pind. iVem. XI, l sq. _ 10 Soph. Fragm. Chrysès. I.c mot ro^^oa est à interpréter comme «çtirr,. V. Welcker. (iriech. Ooetterlehrc. Il, p. 6’.10. Cf. Plat. Crat. 401, a : le même, A.V/. V, p. 7V3 II, veut qu’à la fondation d’une ville, on cicvc .i Hestia le premier temple, et, après senlenicnl, les temples de Zeus et d’Alhéna. Tout honnue avisé commence sa prière par Hestia, Eurip. fragm. Phaeth. Il, 36 ; cf. les coiiiiqncs l.’ratès et Sopliron ap. jMeineke, Fragvi. com. Il,’l, 251. Pour puvt.mîia, elc. v. IV, 731 sq. ; et Spaulicm. De Vesta et Prytaneis, p. 678 sq. ; v. aussi Prcuncr, l/cstia-Vesta, p. 43 sq. et Preller-I’lew, Griech. Mythol. I, p. 43.î. — " Prcuncr, chez Hosclier, Op. l, I, -, p. iCtii, et Hcstia-Vesta, p. 38 sq. Cf. (icrliard, Griech. Mylhol. I, § 285 sq. ; et Ilivaud, Le Prohlime du Devenir, § 34, p. 73 ; ^ 136, p. 200. Cette philosophie du culte de Hestia Iransparnit chez tes poêles ; v. Trag. Graec. fragm. Nauck, Eurip p. 781, 53 s.|. ; 03S, cl Slacr. .Sut. I, 23, S. Cf. Eurip. Uerc. fur. 599. — ’-• Aristol. ileteor. Il, 9 ; cf. Aesch. Prom. 45» : Porphyr. de Abstin. I, 13. Cf. Cerbard, Op. l. I, g 278. — l :i Platon (Phaedr. 2V7 ; L^g. p. 447 II), pour sa cite idéale, commence par dédier un sanctuaire à Hestia.