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On ne sait pas grand’chose de la maison grecque clas- | sique’ [nojiis, p. 342, fîg. 2W !)], ni par conséquent de son vestibule. Il résulte du Protagoras de Platon - que, dans la maison de Callias, la porte d’entrée, auprès de laquelle se trouvait la loge du portier, n’était pas dans ralignement de la rue, mais en arrière, précédée du prothyron ^ Mais il est évident que le type d’alors n’a pas été uniforme : dans une région accidentée et forti- fiée, comme celle, par exemple, de Dystos d’Eubée, le prothyron n’est qu’un passage étroit sur un des côtés de la maison*. D’ailleurs à l’époque hellénistique aussi on constate la plus grande variété On n’en juge plus seulement d’après de rares exemplaires comme la maison des Dauphins à Délos (fig. 2oOi) ; bien d’autres ont été fouillées dans cette île. Il en est qui n’ont point de vesti- bule du tout * (ce ne sont pas forcément les plus modestes) et où l’on pénètre directement de la rue dans la cour ; ou bien la cour, en cet endroit, est simplement rélrécie par une petite chambre’. D’autres ont plusieurs entrées, une seule avec vestibule’, ou bien deux vesti- bules séparés par une salle étroite ’ Le vestibule est parfois très court ’" ou carré " ; mais en général (et il en était de même à Sélinonte) ’% comme on avait établi des boutiques sur rue, on avait dA repousser au second plan les locaux d’habitation, et alors le vestibule était représenté — ou remplacé — par un couloir plus ou moins long’ débouchant d’habitude au milieu de la cour". Dans celui de la maison du Lac sacré, on a retrouvé à gauche, dans l’angle, un petit banc de pierre où le visiteur s’asseyait, attendant d’être introduit ’ La décoration était souvent en stuc blanc uni’^ sur lequel on dessinait au trait, sans relief ni couleur ’ On ne sait trop si ces vestibules recevaient quelque desti- nation spéciale, quelque mobilier". Ils étaient séparés de la cour, sauf exception ’% par une porte. Certaines scènes de comédie ont dû avoir lieu, non pas dans la rue, ni dans la maison même, mais dans le prothyron-" ;pour le théâtre contaminé des Latins, la chose ae fait pas doute’-' et ressort nettement de plusieurs minia- tures des manuscrits de Térence -- [veum, p. 074, note 4].

La maison romaine est connue surtout par la maison de Livie au Palatin (fig. 2olo), où le vestibule, cas très rare, longe un côté du périmètre jusqu’à l’entrée, et par celles des villes campaniennes ensevelies. Elle se pré- sente à Pompéi sous un aspect généralement composite : en avant, la partie romaine, à atrium ; à la suite, la partie grecque, à péristyle. L’influence hellénique fut, en effet, très forte dans les régions de langue laline : en

1 Cf. Fîcchtcr, Havs^ dans Pauly-Wissowa, lieatencycL — 2 Loc. ât,

— 3 0. Bic, Jahrb. d. deutsch. Jnst. VI (1891), p. 5 sq. — « Wicgand, Mb. Mili. XXIV (1899), p. 465, fig. 5.-6 Nolamment i Priùno (Wicgand dans Priene, Berlin, 190*, p. 285 sq.). — 6 Maison de l’Inopos iCouve, /iult. corr. hell. XIX (1895), p. SOS, pi. v). Add. Chamonard. ibid. XXX (tOOG), p. 3Si ; celle lacune est fréqiienle dans le quartier marcliand (Jardé, ibid. p. i>ii S(|.). (’as de vestibule apparent dans la maison du consul Attalos à Hergaine (Dœrp- r.ld, Alh. Mitth. XXXll (1907), p. 107 sq.). — 7 Cliamonard, Op. cit. p. 575 et .■, :s. — 8 Maison de Kerdon : Bull. corr. bcll. XXIX 1190..), p. 40 sq. ; pi. i. Cf. la maison du Oiadumène : Couve, Op. cit. p. 310 sq. cl pi. iv. .- 9 Chamonard, p, 5..14. _ 10 Id. p. 584. — 11 Mai’on dOlbia (l’Iiarmakowsky, Jabrb. d. Inst. Arch. Anz. XXVI (191 1), fig. iO. p. Î07 sq.). — 12 Hulol cl Fougères SiHmonle, Paris, 1910, p. 209. — ’ :• Magasin S du quartier marchand (Jardé, p. 040, fig. i). — H Dans un angle, à la maison du Dionysos (Chamonard, p. 49H sq. ; fig. 4). — 1» Couve, p. 480, pi. Ml. — 16 Chamonard, p. 587, 59i. — n Graffiles dans le vestibule do la maison du Dionysos, dont un représentant un bateau (Clinmoiiard, p. 5 :10 sq.).

— 18 Le liasard y a fait découvrir : ici une sorte de baignoire {/htU, corr. hell. XXX (I9U0), p. 040), là des pressoirs ii hiiilo {ibi :t. p. .101) ou des débris laissant

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Afrique, les riches maisons des premiers siècles copient absolument le type grec, son genre d’entrée et de vesti- bule". A Pompéi ■", le vestibule manque également à bien des logis -°, mais d’ordinaire l’espace libre entre les deux pièces aveugles — ou presque — de la façade se divise en deux parties : le vestibulum proprement dit, très peu profond, en arrière duquel est la porte d’entrée, puis, avec même largeur ■^’, les fauces, dites encore pro- t/njron, ouvrant sur Vcitrium sans aucune séparation.

BtkUlc-

Fig. 7419

cbo de lEsl, à Tinig.id.

sauf peut-être une draperie-. Celte division en deux du couloir d’entrée pourrait bien être elle-même d’origine grecque ; on en a un exemple à Délos, au « magasin 8 » ^*. Dans les palais helléniques, com.me celui de Palatitza (fig. 2.3O3), on pouvait trouver jusqu’à trois vestibules successifs et contigus. Parfois deux maisons en contact avaient un seul vestibule commun, ce qui ne laissait pas d’entraîner des difficultés -^ Y avait-il quelque barrière séparant le vestibule de la rue, sur le seuil même {limen) ^" ? Pas toujours, puisque Cicéron et ses gens, poursuivis par ceux de Clodius, purent librement se retrancher dans le vestibule d’un ami". Vitruve, au reste, dit que toutes personnes ont le droit d’y péné- trer, même non invitées^-.

Le vestibule avait son importance dans la vie du patricien et du magistrat [domus, p. 3o0]. C’est là qu’il se montrait à toute une foule, trop nombreuse pour entrer dans sa maison ; là que chaque sénateur romain s’assit en silence, lors de l’irruption des Gaulois à Rome ", et que les gens de la noblesse recevaient la salutatio des clients ". On y exposait des images divines ’° et familiales", des trophéesel des insignes honorifiques ; le peuple voulait orner celui de Tibère d’une couronne civique, qu’il refusa^’. Il s’y dressa même des quadriges,

supposer (iiiclque aulcl (p. 33o sq.). — ’^ Maison du Dionysos (ibid. p. 4991.

— 20 Belhe, Jahrb. d. Inst. XVIIl (1903), p. 105 Sq. — 2’ Plaut. Most. III,

î. 130 (817) ; Viden vestibulum anle aedes hoc ? Cf. Lundstrôm, b’ranos,

1896, 2, p. 95-110. — 22 Bclbe, ibid. p. 100 sq. ; lig. 5 à 7. — 23 liscll, Monum. anliq. de l’Aln^rie, Paris, 1901, II, p. 15. — 2’ Cf. Mau Pompeji in Leben und A’un5(2, Leipi. 1908, p. i33. — 25 Maison des Noces d’argent, Mau, p. 310, fig. 164 ;.maison sans complurium, p. SOi, fig. I9i ; maison » de Joseph II .• , p. 304, fig. 194 ; maison du Cilharisle, p. .173, fig. 199. — 21» On voit pourtant qucl(|uefois (maison d’Hpidius Uufus, ibid. p. 326, (ig. 107 ; maison des ’eltii, p. 339, fig. 177) deux portes conduisant dans l’intérieur : une à deux ballants, à l’entrée des fauces (la porto d’honneur), une petite, sur le coté du vestibulum, plus étroit que les fauces. — 2’ Mau, p. i5i, fig. Ii8 ; cf. notre fig. 2524 (maison de Pansa). — 28 Ci-dessus, note 13. — 29 Paul. Dig. X, 3, 19, I. — 30 Cic. Pro Caec. 12, 36 ; Virg. Aen. Il, 409 sq. — 31 Cic. Ep. ad Atl. IV, 3, .1. — 32 Vilruv. VI, 7, 5. — 33 T. Liv. V, 41, 8. — 34 Senec. Oe cons. ad Marc. 10, 1. — 3ô Virg. Aen. VII, 180 ; comme en Grèce (Arisloph. Vesp. 873). — 36 Tac. Ann. XI, 33.

— 31 Plin. Nat. hisl. XXXV, 7 ; Cic. Pbil. II, 28, 68 ; T. Liv. X, 7, 9 ; Virg. Acn. 11, 50k ; Tibull. I, I, 51 ; Ovid. Trist. III, 1, 33. — 3e Suct. Tib. 20, 2.