Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/163

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Le li-acé, à peu près idenlique à celui de la roule moderne, se reconnaît surtout au delà du monastère de Daplini. Celte route a été en partie taillée dans le roc ; du côté du Céphise, sur un élément du parcours, elle est supportée par un mur’. Elle traversait un des lacs salés dits Rlieiloi sur une passerelle de pierre large de cinq pieds, construite, daprès un décret que nous possédons, eu i-2l, dans l’intérêt de la sécurité des prêtresses qui portaient les objets sacrés-. Sur la même route, vers 3 :20, un pont fut jeté sur le Céphise ^ Une route très ancienne, d’Athènes à Delphes, était celle que suivait chaque année la procession pythiade ’. Eschyle, dans un passai ?e obscur % parle des forgerons d’Héphaestos, artisans de chemins (/.s/cuOo-oioi ^tïtosç ’H&aioxouj, qui avaient frayé pour Apollon, à coups de hache ou de marteau, un accès facile vers le Parnasse. Hérodote " indique la longueur de la route depuis l’autel des Douze Dieux d’Athènes jusqu’au temple de Zeus à Olympie, preuve qu’il y avait, pour les pèlerinages, des chemins repérés et fixes, dont les difficultés naturelles devaient avoir été plus ou moins atténuées par le travail des hommes. Parmi les traces de ce travail, outre les évite- menls creusés dans le roc pour permettre les croisements, les plus fréquentes sont les ornières artificielles, pro- fondes de quelques centimètres, qui ont pour but de rendre moins dangereux le passage des chars sur des rochers aftleurants’. On a souvent supposé que ces ornières avaient été creusées peu à peu par les roues elles-mêmes, mais celte opinion, comme l’ont vu Leake, Ross, Mure, E. Curtius et Caillemer, est inadmissible : elles ont été creusées pour les roues. Grâce à ces rai- nures, des chars portant des objets de culte pouvaient circuler sur des routes très rocailleuses sans courir trop de risques. Mais « lorsque le fond sur lequel une route devait passer était du rocher, ou de la pierre recouverte d’une couche de terre fort mince, les Grecs ne rendaient pas carrossable toute la largeur de la cliaussée. Ils se contentaient d’un grossier nivellement ; puis ils creusaient pour les roues des rainures qu’ils nivelaient avec grand soin. Entre les deux rainures, lorsque le sol était trop raboteux ou trop inégal, on répandait du sable ou du gravier* ». Aux environs d’Orchomène, on voit un chemin pourvu de deux rai- nures parfaitement nivelées, alors qu’entre elles le sol est creusé de trous et semé de pointes. « Pour remédier à l’inconvénient des rencontres de chars, il suffisait d’établir deux voies parallèles, ou même, en se conten- tant d’une voie unique, de disposer, de place en place, des courbes d’évitemenl. Les deux moyens furent employés. Sur la route de Sparte à Hélos, on voit des rainures profondément creusées qui s’inllécliissent en demi-cercle de chaque côté de la voie et vont se rejoindre un peu plus loin ’. »

VI. iNos informations sur la technique des routes grecques se réduisent à peu de chose. L’expression «jxupwTYj ôîo ;, appliquée à une roule de Cyrène par

  • Fraier, Pautania»^ II, p. *Si. — * ’û ; âi Ta Ut« otomfft» aî upimi âiiysaVjtfïaTa

^AIhen. ilitt. -MX, 18’Jt, p. 163 ; cf. Fougères, Guide Joanne, Grtce >, p. 180). — 3 Hermès, (893, p. 469. — * Strab. l., 3, li. — s Acscli.£um. lï-U. — « llcro- «lol.ll, 7. — " Par CI. sur la roule d’Élcusis.pris des lacs sacres (Krazer, Pamanias, II, p. M ; sur le chemin de Pkarae à Sparic (Fougères, Gvécc, p. 43"). On a cousialé des ornières analogues en Italie (Cora, Norba, Signia, Ponipéi) et on Gaule (Alcsia, liibracto, l’ierre l’crluis.rivcdroilc du l’ier. clcj. Cf. Caillemci-, Les voie» Il rainuri-s chez tes anciens, (’oinjvfs archèoloffi’iiie île i-’ruitce, I},"’.», p. :i77-Jï<9.

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laquelle passaient les processions ’", est expliquée par ÀiftoixTpwTo ; ; cela ne signifie pas, suivant Boeckh ", que la route fût pavée, mais qu’elle avait été consolidée à l’aide de petites pierres, le mot (rxùpov, synonyme de XaTÛTTYi, désignant les restes de taille. L’emploi de cailloux concassés doit être admis dans-certaines roules battues avec grand soin, mais non pavées, comme la voie, large de trois mètres, conduisant du Céramique à

Fig. ~ti. — La Voie des Tonibeaus, à Albêncs.

l’Académie et à Colone, dont l’existence a été reconnue il y a une vingtaine d’années ’".

Aux abords des villes, les roules étaient bordées de monuments funéraires : c’est pourquoi le mort, dans les épigrammes, est souvent censé s’adresser au pas- sant, au voyageur. Le déblaiement partiel du quartier du Céramique à .thènes nous a révélé l’aspect d’une voie antique à la sortie d’une grande ville (fig. 7424) ". Sur le reste du parcours, on trouvait, de loin en loin, des auberges (iravooxsTa), des magasins (xatTf/iXsia), et des lieux de repos (xxTaXùdiiç, àvïTraûdeiç ; cf. plus haut, § I}, qui ne manquaient même pas sur de uîauvais che- mins, comme celui d’Oropos à Athènes ". Des chapelles latérales étaient dédiées à Apollon, Hermès et Hécate, protecteurs des chemins et des carrefours.

On connaît des fonctionnaires spéciaux chargés de mesurer au pas la longueur des routes ; une roule ainsi mesurée était dile fi£êr,y.aTi<7ixévf| ’^ . Olympie, on a trouvé deux dédicaces d’un Cretois qui se dit liéméro- droine du roi Alexandre et héinulisle de l’Asie, c’est-à- dire courrier du conquérant Macédonien et métreur de ses itinéraires "’. Un autre métreur des routes parcou- rues par Alexandre, auteur d’un livre sur les marches de l’armée grecque en .sie, est mentionné par .Vthé- uée ’■ ; un troisième est cité par Pline ".

VII. Les successeurs d’.lexandre paraissent avoir entretenu et étendu, en se Mineure, le système des routes achéménides : nous savons qu’.Vnligone, par exemple, établit un service de courriers " et que des routes furent tracées entre les villes côtières-". Mais la créalion la plus importante de cette époque fut la grande route des Indes, décrite par Strabon d’après Arlémi-

— 8 Caillenicr, art. cil. p. iSO. L’assertion finale n’est qu une bypothèse duo à E. Curtius. — 9 Ibid. — to l’ind. Pytit. V, ïi. — n Boeckh et Fraenkel, Staa**- haushaUung der Alhener, I, p. i57. — 12 S. Kcinach, Chron. d’Orient, I, p. H<i, va. — 13llo««-.x» (delà Soc. archèol. d’Athènes) pour 1910, p. 103, fig. I = notie lig. 7«*. — llDicacarch. Oeogr. minores, 1, p. 100. — 15 Fol. III, 39, 8 ; .XX.XIV, li ; Slrab. Vil, 7,4. — 16 Dittcnberger, SyU. 115 ; Insclir. i : Olymp. p. i77.

— " Atbcn. X, 59. — 19 Plin. IVat.liist. VI, 61 ; cf. Fraier, /"orisalliaj, IV, p. 9.

— l’J llaussoiillier, .Vilil, p. 19. — -» Chapol, / rotince il’Asie, p. 3b9 s(|.