Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VIA

782 —

VIA

les distinguant nettement les unes des autres, les diirérentes sortes de chemins et de roules. Le plus usité etle plus général était celui de via’ ; on remployait souvent dans un sens très étendu, qu’il s’agit d’une grande route, d’un simple chemin de campagne ou d’une rue de ville ; mais souvent aussi il élail pris dans un sens restreint et précis. En droit, on opposait la via à Vactîis et à Viter. La via (de vehere, tirer)- était une route ou- verte à la circulation des voitures, où deux chars au moins pouvaient se croiser ou marcher de front’ ; la loi des Douze Tables fixait déjà sa largeur minima à huit pieds, lorsqu’elle était tracée en ligne droite [in porrec- tum), à seize pieds dans les détours {in anfrartum, id est uhi flexum est)*. La largeur de Vactus (de agere, conduire), quatre pieds seulement, ne permettait que d’y faire passer des bestiaux ou des véhicules à la suite l’un del’aulre’. Viter(de ire, aller), large de deux pieds, n’était praticable qu’aux piétons, aux cavaliers et aux litières ^ A ces trois termes correspondaient trois espè- ces de servitudes ’ [sekvitis, p. 1"2S3]. La via impliquait Vactus et Viter ; en principe i’itei- était compris dans Vaclus, mais on pouvait l’en exclure par une clause for- melle et ne concéder que Vactus sine itinere^. — Comme synonymes de via, au sens restreint, on rencontre parfois à une basse époque le mot strata, qui parait sur les bornes milliaires dès la première moitié du lu^ siècle de notre ère ’ et dans les textes littéraires cent ans plus tard ’",etaussi le moiaf)fjer’Lasemila, dont la largeur ne représentait que la moitié, semis, de celle de Viter, était une simple sente ’^ ou, en ville, un trottoir bor- dant les maisons’^ ; la caUis, un chemin tracé dans les montagnes par le passage des troupeaux transhumants" ; le trames^’^ et le diverticulum^^, des chemins de tra- verse. On appelait les rues de ville viae urbicae^ ou vici’*, les rues ou sentiers en pente clivi, les chemins en lacets nmbitus-’^, les carrefours et embranchements de routes divorlia- bivia^’, trivia-^’, quadrivia-. D’après les agrimensores, les lignes de délimitation qui séparaient deux domaines et, parsuile, dans les colonies, le cardo maximus et le decumanus maximus, ainsi que les limites secondaires qui leur étaient parallèles ou per- pendiculaires, servaient de chemins-^ [limes] ; selon que ces chemins étaient ouverts au public ou réservés aux riverains, on Asrs.. iler populo debelur on non debetur’-. Ulpien divisait les viae proprement dites en trois

1 Une in<^cription est dédiée aux Yiae divinisées en même temps qu’aux Seinilae (Corp. insa : lat. , n» 3524 ; cf. ilid. Vil, M4 : dédicace aux Viales et Sf.mitae). Sur les Lares vialns, voir le Lcxicon de Hoschcr, 11, p. 1S8T. — 2 Varr. /Je linf/. lat. V, ii et 33 ; De re rust. 1, 2, 14 ; Isid. Orig. ’, 16. — 3 Digest. VIII, 3, 1. — * Ibid. VIII, 3, 8. — » Varr. De linii. lat. V, 2i et 34 ; l’aul. s. r. p. 17 ;Serv. ad Aen. IV. 403 ; /)ije«(. VIII, 3, 1 ; 7 ; l’i ; XI-UI, 19, ) , pr. — Varr. Op. cil. V, 2i et 35 ; Digesl. VlU, 3, 1 ; 7 ; 12. — 1 Justin. Instit. 11,3 -.De servi- tutibus ; DiffCsl. Vlll, 3 : De servitutibus praediorxtm rusticorum. — 8 par exemple : Digest. Vlll, 5, 4, I. — 9 Corp. inscr. lat. III, n" C"l9, 07i6, 11341- 11342 ; IX, n« Cf. 4 ; X, n’ 1883. L’expression slrata (saxca) rianim se renconlri’ déjà dans Lucrel. I. 31.1 ; IV, 413 ; et Vergil. Aen. I, 422. Cf. 0. Hirsclifcld, dans les .Sitzungsber. (1er preusa. Afcnd. dir Wissensch. 1907, p. 17G (article reproduit dans ses kleine Schriften. 19IS, p. 703-741).— m Juveuc. I, 314 (éd. Iluemer), etc. ; /(m. Uieroa. : Eulrop. IX, 15, 2 ; Cod. T/ieod. XV, 3, ; l’roc. /ielt. pers. 11, 1. — 11 Rut. Namal. 3» ; Sid. Apoll. Carm. XXIV, S ; Cod. TheoJ. XV, 3, 4. — 12 Varr. />c ling. lat. V, 33 ; Scrv. ad Aen. IV, 403 ; Isid. loc. cil. ; Cor ;i. imcr. lat.l. i)° 271. Inscriptions dédiées aux Semitae divinisées : iMrf. III, n’ 3524 ; Hftm.-german. Korrespondcnzblatt. 1904. p. 73 ; aux Lares semitales : Corp. inscr. lai. XI, n» 3079 ; jVo/ir. degli scnri, 1907, p. 463 ; cf. Ps. Vergil. Catateet. Vlll, 20. — 13 Cor/1, inscr. lat. I. n« 200 (tal.lc dllérnclée), lig. 54. Cf. H. Nisson, Pompeian. Rtudien, p. 321. — li Voir entre autres textes : Varr. lie re rtisl. Il, 2, ùel 10 ; i :ic. Pro-Sest. 3, 12 ; T. I.iv. XXII, 14,8 ; XXX1I,11 ; Verg. Aen. IV, 405 cl Scrv. ad l. ; Orid. Melam. VII, 020 ; Sucl. Cacs. 19 ; Isid. loc. cit. ; Corp. inscr, lat. I, n» ÎOO (loi agraire de lit av. J.C.), 26 ; IX, n»’ 2438 et 2820. Cf. A. (ircnicr.

classes : viae publicae, viae privatae, viae vicinales ’-' ; mais ces dernières, à vrai dire, rentrent le plus souvent dans la définition des viae publicae et ne devraient pas former une catégorie à part. Les viae publicae sonl celles qui ont été établies sur un sol appartenant au domaine public-’, domaine de l’État ou domaine des villes, do- maine originairement public ou devenu tel par l’expro- priation [puBLiCATio], et dont l’usage était permis à tous-’ (de là les expressions viae ordinariae, viae vulgares). Les principales d’entre elles, créées et entretenues aux frais de l’État, sans préjudice des char- ges et prestations des villes et des riverains, corres- pondaitmt aux pKjtXtxal ôoo ;’ des Grecs ; elles étaient appe- lées par analogie viae regiae, regales ou basilicae, et encore viae consulares ou viae praetoriae^" à cause de la qualité des magistrats qui les avaient construites ; viae tnilitares^’ à cause des services qu’elles rendaient aux armées ; elle aboutissaient au bord de la mer, à un fleuve, à une grande ville, à une autre voie’-. D’après quelques commentateurs, les viae militares proprement dites devraient être distinguées des viae publicae vérita- bles ; ces dernières étaient établies suivant toutes les règles de l’art et utilisées par les services de la poste d’État [cursus publicus] ; les viae militares ne seraient que des chemins en général assez courts et peu soignés, tracés pour les besoins de la défense et des communica- tions stratégiques. Les viae vicinales, vicinae, paga- nicae, servaient seulement à relier des routes plus im- portantes ou des bourgades rurales {vici) ; leur entretien incombait à ces bourgades mêmes et aux propriétaires voisins’^ ; elles avaient presque toujours le caractère de viae publicae, c’est-à-dire, en l’espèce, qu’elles apparte- naient aux municipalités ; mais Ulpien décide qu’elles pouvaient être viae privatae (de la sorte des viae agra- riae), si elles étaient créées et non pas seulement entre- tenues par les particuliers propriétaires du soi’". Les rues des villes, viae urbicae ou vici, rentraient aussi dans la catégorie des viae publicae^^. Quant aux viae privatae, privati juris, peculiares ou domeslicae, ce sont celles qui ont été établies sur un sol appartenant à des particuliers et que ces derniers entretiennent à leurs frais, avec le droit d’en autoriser ou d’en interdire l’accès aux étrangers ; celles d’entre elles qui étaient situées à la campagne s’appelaient aussi viae agrariae, cam- pestres, rusticae". On rangeait encore parmi les viae

La transitumance des troupeaux en Italie, dans les Mélanges de l’Ecole ftonç. de Home, 1903, p. 293-328. — 15 Varr. De ling. lai. VI, 02 ; Cic. Phil. XIII, 9. 19 ; Isid. loc. cit. — 16 Cic. in Pis. 22 ; Froutin. De aquaed. 3 ; Suet. Ner. 4S.

— li Digest. XLIll, 8, 2, 21. — 1» Cic. Pro .UiL 24, 64 ; Not. reg. urbis : Corp. inscr. lai. VI, n« 973. — 19 Par exemple : clirus Capitolinus (Cic. Ad Alt. Il, 1, 7 ; Liv. III, 18). Cf. Corp. inscr. lat. XIV, n" 4012, etc. — 20 Varr. De ling. lat. V, 22.- 21 Liv. XLIV, 2 ; Verg. Aen. IX, 379. — 22 T. Liv. XXXV1II,45 ; Plin. jVn.’. hist. VI, 144 ; Isid. loc. cit. — 2J Cic. De divin. I, 34. — 21 Calull. LVIll, 4 ; Juvcn. L 63. Un certain nombre d’inscriptions sonldédiées aux divinités des carre- fours sous les noms de Biviae, Triviae, Quadririae ; on en trouvera le relevé, jus«|u’en 19u9, dans le Lexikon de Rosclier, IV, p. 1, s. v. fjuadriviae.

— *-■’ Paul. s. V. Limes, p. 110 ; Krontiu. De controi : ayr. p. 24 (éd. Laclinianu) ; Ilygin. Oe limit. constit. p. 109. — 20 /,,A. colon, p. 212. — «7 Ulp. Digest. XLIll, 8, 2, 21-23. Cf. M. Voigt, L’eber das rôm. System der Wege in allen Italien, dans les Berichte der silchs. GeselUch. der Wissensch. 1872, p. 29 et 1873, p. i.i.

— 2S Sicul. Flacc. De condit. agr. p. 140 (éd. Lachmann) ; Isid. Orig. XV, lo : Digest. XLllI, 8. 2, 21. — 29 Digest. XLIll, 7, I ; S, 2, 21. — 30 D,id. loc. èU. 2j. _ 31 Hygin. Op. cit. p. 162 ; Eumen. Grat. act. 7 : Isid. loc. cit. ; Cod. Tkeol. VU, 3, 3 ; Digest. XLIll, 7, 3, 1 ; Corp. inscr. lat. III, n» 6123. — 32 Digest. loc. cil. — 33 Godefroy. noie de son édition du Code Tliéodosien, Leipzig, 1736, 11, p. 531 ; F. Berger, i’eher die Ueerstrassen des rùm. Ileiches, Berlin, 1882 ; R. Cagual, L’armie romaine d’Afrique, i’ éd. 1913, p. 694. — 3» Sicul. Place. loc. cit. — 35 Dig. XLIll, 7, 3 ; 8, î, 22. — 30 Ibid. XLIll, S, 2, Î4. — 37 Ibid. IX, 2,31 : XLIll, 8,2, 22 et 23. — 38 /«irf, XLIII, 8, 2, 22 et 24,