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[aedius]. Les frais d’entretien des rues incombaient aux riverains ; en cas d’inexécution, les travaux étaient adjugés d’office par les édiles, aux frais des contreve- nants’. Il n’était pas alloué de fonds aux édiles de Rome pour ouvrir des voies nouvelles ou entreprendre des travaux neufs ; ils avaient seulement l’autorisation de faire servir à cet-efTet ce qui restait des amendes qu’ils avaient infligées, une fois l’entretien des rues payé, et les sommes qu’ils prélevaient spontanément sur leur fortune personnelle-. Ils veillaient h l’observation des règlements de police’ ; la circulation des voitures n’était pas permise, en principe, entre le lever du soleil et la dixième heure [vediculum]*. On trouve encore à Rome, au-dessous des édiles et pour les seconder, des JV viri viis in iii’be purgandis ’ dont le jurisconsulte Pompo- nius place la création un peu après celle du préleur péré- grin, c’est-à-dire dans la seconde moitié du m" siècle av. .I.-C, et des // viri viis extra urbem purgandis’ces deiniers exerçaient leurs fonctions dans un rayon de mille pas hors de la ville, ubi continente habitnbitur. Peut-être les deux viocuri dont parle Varron, el qui avaient donné leur nom aux clivi Pullius et Cosconius^, étaient-ils en réalité des IV viri viis in ttrbepurgandis. Auguste, qui s’était chargé dès l’an 27 av. J.-C. de re- mettre en étal à ses frais les grandes voies d’Italie ’, re- çut du Sénat, enl’an 20,1a mission de pourvoir désormais à leur entretien aux lieu et place des censeurs abolis’". Il délégua ses attributions sur ce point à des magistrats appelés, comme ceux qu’on rencontre tardivement sous la République, curatores vinrum ".La cura viarum est la plus ancienne des curatelles impériales extra urbem et elle resta jusqu’au iV siècle l’une des plus impor- tantes. Nous connaissons le nom et la carrière d’un cer- tain nombre de ces curatores ^^. Sept portent simple- ment le titre général de curator viarum^^ ; tous les au- tres sont dits curateurs d’une ou de plusieurs voies nommément désignées. Mommsen croit que l’institution de ces derniers doit remonter au règne même d’.uguste et que chaque grande voie italique était dès lors attri- buée à un fonctionnaire particulier ; les curatores via- rum, sans spécification, que l’on rencontre à celte époque ’*, seraient des magistrats extraordinaires, char-

I Tab. Uerncl. 1. 30 sq. ; Ps. Ascon. p. iOO (éd. Orclli)- — i Varr. Ùe ling. iat. V, 158 ; T. Liv. X, 23 cl’l7 ; Ovid. l’ast. V, 293 ; Fest. p. 538. — 3 11 va saua dire <|ue les censeurs, supérieurs aux édiles, avaient aussi le droit d’intervenir en cette matière ; cf. T. Liv. XLiil, 16 ; ils ordonnent la destruction d’un édifice élevé sur la voie publique, et appel est fait de leur décision devant tes tribuns. — ^ Tab. licracL l. 55 sq. (énumération des exceptions autorisées ; chars des vestales et du rcx sticroTum^ chariots transportant des matériaux destinés aux édifices du culte, des décombres provenant d’édilices affermés par l’Ktat on des immondices). — f. Tab. Hcracl. 1. 50. — t» Pomp. in ûiijest. 1, 2, 2, 30 : qitaUuor viri gui curam viaruin ttijcrent. — ’ Tub. Bcracl. lue. cit. — 8 Varr. De ling. Iat. V, 158. — 3 Voir les textes cités ci.dessus, p. 7SV,n. il. — 10 I-’rontin. Do aquacd. 101 ; Suet. Aug. 37 ; Dio Cass. LIV, 8. — " Moiumsen, Droit public romain, trad. franc. V, p. 382 ; 0. Ilirsclifeld, Die kaiserl. Vertvaltungsbeamten bis auf Dioctetian, Berlin, 1905, p. 205. Voir aussi C. Jullian, Les transform. polit, de l’Italie sous tes empereurs, l’aris, 1>*S4, p. 75 el 143. — t2 La liste de tous ceux ipie les textes épigraphiqucs nous font connaître a été dressée par Borgliesi dans son mémoire sur l’inscription de Uurbulcius, Œurres, IV, p. 132 ; par L. Canlarelli, dans le Bullelt. comun. 1891, p. SI, et en dernier lieu par M. Prat et J. liayet, dans la Hcv. rpigr. 191 1, p. 4e. — <3 Doux d’entre eux {Corp. inscr. Iat. VI, n» 1501, et IX, n" 2845-2846) ont exercé leurs fonctions du temps d’Auguslc ; il en est peut-être de même pour un troisième {Ibid. VI, n° UCO) ; un quatrième était en charge à la fin du règne de Claude, avec un titre singulier, curator viariun sternundarum a vicinis teclus v.r auetoritale Ti. Claudii Caesaris {Ibid. XIV, n» 3007). Dans les trois autres cas (/4irf. VIII, n" 18269, cl Corp inscr. graec. a" 4011 et 4240) l’expression curator ifiarum no parait être qu’une simplification du litre complet donnant les noms des voiiîs. — *4 Les deux curatores viarum contemporains d’Auguste sont curatores ’ .r Hcnatus consultoi le premier est dit, en outre, curateur txlra urbem Itomam,

gés des environs immédiats de Rome’°. Mais M. Ilirsch- feld fait observer que le premier ci</’a/or déterminé, dont il soit question dans les inscriptions, est un curator viarum Labiranae et Latinae, contemporain’de Tibère ’^, et encore n’était-il que de rang équestre ; le premier de rang prétorien, un curator viae Aemiliae, n’apparaît que sous le règne de Néron ’ Il résulte cependant d’un passage de V Apokolokyntose qu’il existait un curator viae Appiae au temps de Claude" ; peut-être est-ce à ce dernier empereur qu’on doit l’organisation définitive de la curatelle ; on est tenté de la rapporter à l’époque où Claude fit revivre, pour l’exercer lui-même, l’ancienne censure républicaine des routes ; en tout cas il semble qu’au début les curatores viarum, sans spécification, existaient seuls el que leur compétence s’étendait à toutes les voies ". Il ressort des inscriptions qu’à partir, tout au moins, du règne deNi^ron les principales roules, qui allaient de Rome aux frontières d’Italie, étaient administrées par des curateurs de rang sénatorial, ayant exercé au préalable lapréture, assistés de subcui’atores-" et parfois aussi de tabularii^ affranchis impériaux cliargés sans doute de la comptabilité des fonds venant des empereurs ; quelques autres, moins importantes, par des curateurs de rang équestre ^^. Ces fonctionnaires étaient nommés par l’empereur et responsables devant lui-’. Ils affermaient les travaux d’entretien et en sur- veillaient l’exécution ■", autorisaient des travaux nou- veaux sur le sol de la voie publique", faisaient sup- primer ceux qu’on y avait exécutés sans autorisation ". L’argent nécessaire leur était fourni en principe par Vaerarium^ ; en réalité, c’étaient surtout les subven- tions des empereurs^*, sous forme de versements du fiscus à ïaerarium-", qui faisaient les frais des grandes voies italiques ; les contributions des villes et des pos- sessores riverains s’y ajoutaient’". Deux inscriptions nous apprennent que, pour réparer la via Appia au- près d’Aeclanum, sur une longueur de 15. 750 pas, Ha- drien avait donné 1.137.000 sesterces et es possessores 569.100^’ : c’est l’unique indication numérique que nous possédions sur le coût des travaux et encore est-elle peu explicite, puisqu’il s’agit d’une simple réfection et que la largeur de la voie n’est pas mentionnée. Au ii« siècle,

ce rjui fait penser au titre des II viri liis extra urbem puryandis. — ’<» Mo Op. cit. IV, p. 382, n. 3. — !« Corp. inscr. Iat. X, n" 5393. — 17 /bid. III, n’4013 ; Xl,n» 571. — 18 Senec. Apokol. I. — i^ 0. Hirschfcld, Op. cit. p. 207. — WCorp. inscr. lai. VI, n» 3536 ; Vil, n» 1054 ; X, n» 7587. — SI JbiU. VI, n" «466 cl S407.

— 22 L’un d’eux, au lieu d être affecté à une route déterminée, porte le titre de curator viarum et ponlium L’mbriae et IHceni {Corp. inscr. lai. XI. n’ 5697 ; voir aussi ibid. n" 5689). On rencontre aussi, par excejjlion, un procurator viae Ostien- sis et Campanae {ibid. X, ii" 1095). Un viocurus liae Claudiae {ibid. IX, n’ 3384) ; un viocurus ex senatus consuUo et décréta decurionum {ibid. IX, n" 3714), un curator ad populum viarum Traianae et Aureliae Aeclanensis {ibid. III, n" 1456) étaient des agents subalternes préposés au soin de voies secondaires.

— 23 Cf. Tacit. Ann. III, 31 et Dio Cass. I.IX, 15 ; LX, 17 : poursuite intentée sur l’initialive de Corbulon, pendant le règne de Caligula, pour détournement de fonds.

— 21 Les adjudicataires sont mentionnés par Tac. loe. cit. el Dio Cass. LIX, 15. ainsi que par des inscriptions {Corp. inscr. Iat. VI, n" 8 468 el 8469 : mnncipes).

— 26 Oigest. XLIII, 23, 2. — 2S Paul. Sent. V, 6, 2. — ^1 Cela ressort de l’affaire de Corbulon (Dio Cass. foc. cit.) ; cf. Sicul. Place, p. 140 : i,uhlicc muniuntur.

— 28 Stat. III, 3, 102 ; Hist. Aug. Pcrtin. 9,2. Diou Cassius, LUI, i2, dit que les roules étaient construites et entretenues h la fois par Vaerarium el par les empe- reurs ; ceux-ci rappelaient souvent dans les inscriptions, par la formule si/ic« suo pecunia stravit {Corp. inscr. Iat. X, n» 6839, etc.) on quelque aulre analogue, la part qu’ils avaient prise aux travaux. — ’-" Monnaies d’Auguste, an 16 av. J.-C, arec la légende : quod v{iae) m{unitae) s{unt) ex ea p{ecunia) q(unm) is ad a{erarium) det{ulil). — 30 Sicul. Place, loe. cit. : a possessoribus per tcmpora summa certa exigilur ; Corp. inier. Iat. X, n» 6954 : Gordianus reddilo viam ordinario vecti- galirestituit ; XI, u" 6058, intervention dcVordo cl ics possessores Brixellanorum.

—’•Il Ibid. IX, n" 6072 cl 6075.