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Fig. 7i3G. — tn

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’ le^ routes de Gaule

Oiielques inscriptions renferment des listes de stations analogues à celles des Itinéraires, avec lesquelles il est intéressant de les comparer. On a découvert à Vicarello, en Élrurie, quatre gobelets d’argent portant gravés sur leurs lianes tous les noms des localités que l’on tra- versait pour se rendre de Gadès à Rome ; ce sont des ex-voto offerts à une divinité thermale par des Espa- gnols reconnaissants ’. Un texte mutilé d’Autun énu- mère les voies qui rayonnaient autour d’Auxerre (fig.

7-’t36) -. Sur les trois faces conser- vées d’un cippe octogonal deTon- gres sont décrites les roules de Co- logne à Stras- bourg, de Reims à .miens, de Cas- sel à l’extrémité de la cité des .lré- bates ^ .Vjoutons enfin que dans bien des cas, ainsi que M. von Uomaszewski l’a prouvé, l’examen des inscriptions relatives aux postes de bene/iciarii situés sur le parcours des voies, et par- ticulièrement aux carrefours, nous donne d’utiles indi- cations’.

. l’aide de tous ces éléments d’information et des vestiges encore visibles d’anciens chemins romains, on peut reconstituer la carte routière de l’Empire" Il est nécessaire d’observer que la conservation et la décou- verte des bornes milliaires dépendent de circonstances trop accidentelles pour que leur plus ou moins grande fréquence soit justement proportionnée, dans chaque région, au développement plus ou moins avancé de la voirie ; l’Italie nous en a rendu beaucoup moins que l’Afrique et pourtant elle était à coup sur mieux pourvue de routes. On ne doit pas oublier, d’autre part, que les Itinéraires d’Antonin et de Jérusalem et la Table de Peulinger datent d’une époque assez basse et sont incomplets et fautifs. Le plus sur moyen de retrouver le parcours véritable des anciennes voies romaines, c’est de suivre attentivement leurs traces sur le terrain même ; beaucoup d’entre elles, que les Itinéraires passent sous silence et d’où ne provient aucun milliaire, ne sont connues que par leurs ruines. Il s’en faut que dès à présent le relevé de ces ruines ait été fait partout avec

I Corp. inscr. lat. XI. n" 3i8l-3284. — 5 Jàid. XIII, i. Il" SCSI = noire fig. 7436, faile d’après une pitolographîe obligeamment communiquée par AI le commandant Espérandieu. — ■> Ibid. XIII, n» 9138. — » A. von Uomaszewsti, Oie Bene/ïziarterposten und die rom. Strassennetze. dans la Westdeutscfte ZeU$chr. 19ui, p. )58-i1l. — 5 >J. bergier lavait tenté, avec toutes les res- sources dout disposait la science de son époque, dans son Histoire des grands chemins de l’Empire romain (éd. de IT3C|. I, p. 103-ilC (voies de Gaule et de Bretagne) et p. WV45ii (voies d’Italie) ; II. p 1-130 (voies des pro- vinces). — 6 p. Vidal de la Blache, dans le Bitil. de géogr. histor. et descript. 19CJ, p. 116. — 7C. JuUian, dans la Derue de Paris, 1" février 1000, p. 57». Cf. J. Bédier, Les légendes épiques, Paris, 1908-1913 (1, p. 336 : les routes du pèlerinage de saint Jacques de Composlelle ; II, p. 139 : les routes des Alpes ; m, p. i9 : la route d’Espagne par Koucevaui). — 8 P. Vidal de la Blache, Tableau de la géographie de la France, dans i’ffist. de France de Lavisse, I, p. 37)* et 379 : cartes comparées des voies romaines de Gaule d’après les Itinéraires et des routes de poste tn France à la fin du iviu* siècle : la principale dilTércDCC vient de l’influence centralisatrice et attractive de Paris, hans certains cas, des circonstances locales eipliquent les déplacements de tracé survenus depuis l’antiquité. Far exemple, si la route de Paris à Orléans, au moven âge,afait un détour par Angerville au lieu défiler droit versleSud,parMonervillu

IX.

une précision suffisante. On en sait assez cependant pour constater que non pas seulement en Gaule, mais dans tout le monde romain, les grandes lignes de com- munication établies sous l’Empire n’ont guère varié depuis, malgré tant de siècles écoulés ^ Le réseau des temps chrétiens ressemble de près à celui des routes romaines  ; le canevas des routes modernes reproduit bien souvent un dessin analogue* ; c, les chemins de fer eux-mêmes, si indépendants qu’ils paraissent des habitudes latines, ont dû parfois les res- pecter ’J ». C’est que les Romains avaient conformé leurs voies aux lignes fondamentales des régions qu’elles traversaient’" ; aussi sont-elles vraiment éter- nelles, par la permanence nécessaire de leurs direc- tions comme par la solidité inébranlable de leurs assises.

Les routes d’Ila/ie"({ig.’i31’i. — Le réseau routier de l’Italie romaine date presque tout en lier delà République. Commencé par la construction de la via Appia en 312, il parait s’être développé surtoutauii^ siècle avant J.-C. : la lex Sempronia viaria de 123 marque un moment décisif de son histoire. Vinrent ensuite les grands tra- vaux de restauration de César et d’Auguste et les créa- tions nouvelles de quelques empereurs, tels que Claude, Domilien, Trajan et Septime Sévère’-. Beaucoup de ces voies italiennes portaient des noms spéciaux, tirés pres- que toujours soit des villes vers lesquelles elles se diri- geaient au départ de Rome [via Lahicana, par exemple), ou des pays qu’elles desservaient {via Latina), soit des censeurs [via Appia), des consuls (via Aemilia) ou des empereurs (via Domitiana) qui les avaient établies. La disposition générale du réseau était très simple et très logique. Elle ressemble, dans ses lignes essentielles, au tracé actuel des voies ferrées ; il ne faut pas s’en étonner : à la fin du xix" siècle, dans la péninsule de nouveau unifiée, s’est fait sentir nécessairement l’in- fiiience des mêmes conditions géographiques et poli- tiques qu’aux m» et ii« siècles avant notre ère. Deux préoccupations dominantes ont inspiré les Romains d’autrefois, comme aussi leurs modernes successeurs : rattacher Rome capitale à toutes les parties de l’Italie ; assurer d’autre part la continuité des communications entre les frontières extrêmes et les versants opposés de cette bande territoriale qui s’allonge du Nord au Sud, sur une médiocre largeur, entre deux mers et des deux côtés de l’arête Apennine’^

Des routes multiples rayonnaient on tous sens autour

et Toury, comme l’ancieinie voip romaine, ce fut peut-élre pour éviter le voisinage du cbâleau fort de Mérévitle, dont les seigneurs étaient de redoutables bandits

.M. Bloch, dans la Herue de synthèse histor. 19i
i. 1, p. 161). — 9 C. Juilian,

loc. cit. p. 577. Cela est sensible surtout eu Italie. — 1" P. Vidal de la Blache, daus le Bull, de géogr. histor. et descript. loc. cit. — ï’ E. Hesjardins, La Table de feutinger, Paris. 1869-1873, p. 81-254 ; Corp. inscr. lat. tomes IV, IX, X, XI, XIV, Berlin, 1871-1888 (les inscriptions découvertes postérieurement ^ont publiées dans X’Ephem. epigr. et d.ins les Notizie degli scavi) ; J. Partscb, Der 100 Meilenstein, dans la festschrifl fur Kiepert, 1899. p. 1-26 ; H. et H. Kiepert, Format orhis antigui, feuilles XIX, XX, XXllI, Berlin, 1901-l’JOi ; H. Nissen, Ual. Landeskunde, II, Berlin, 1902. Voir aussi : 0, Cuntz, TopograpUische Studien (d’après VJtinérairc d’Antonin et la Table de Peutingir), dans les Jahreshefte des oeslerreich. Jnstit. Il, 1899, p. 80-103 ; Vil, 1904, p. 42-70 ; P. Garofalo, Studio suif Itinerano Anlonino (parte relativa alV llnlia), dans les Bendiconti deli Istit. tombardo, 1901, sér. II, n» 34 Nous avons élabli nous-mème la carte de la fig. 7437, en nous conformant, autant que possible, aux travaux les plus récents. .Nous avons pris pour base la carte donnée par Stuart Jones, Companion of roman history, 1912, map 4, p. 44. — 12 Voir ci-dessus, p. 788 sq. — 13 J. Jung, Zur (leschichte der Apenninpasse, dans les Serta Barteliana, 1896.

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