Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vie

_ 8iS —

Vie

746i. — Xikè sacriHant le taureau.

et de terre cuite, variant avec une subtile virtuosité les attitudes, les gestes, la disposition des draperies, le jeu des ailes. Tantôt il sait conserver à de petites figurines une allure triomphante, comme en témoigne un gra- cieux bronze de Pompéi, destiné à être suspendu ’ ;

tantôt il altère le type el dénature le rôle de la jeune dées- se, la déshabille à demi, même pour lui faire porter des tro- phées-, lui met en main non seulement le vase des libations^ qui est un de ses at- tributs anciens, mais encore des casta- gnettes, des crotales, des coquillages*. Ce sont les coroplastes surtout qui l’onlain- si transformée en fi- gure de genre ; ceux de M yrina l’ont volon- tiers conçue comme une danseuse alerte et souriante, com- pagne des petits Éros qui font cortège à la déesse des jeux et des ris (cf. Éros vaincu par ,"ikè qui lui prend ses ailes, camée de Flo- rence, fig. 216 :2) De même, les orfèvres grecs se sont heureusement inspirés des divers types de Nikè, pour créer des motifs de pendeloques (lig. !)G6 = 4013, avec Victoire stéphanèphore ; 968, avec Victoires tropaeopho- res ; i014, avec Victoire sur bige ; 4018, aux oreilles dune Minerve) ’ ou décorer les couronnes d"or destinées aux statues des dieux et, en Cirande Grèce, aux tombes des morts (fig. 971 = 1976).

Bien avant la période hellénistique, la fantaisie s’était donné libre cours dans les bas-reliefs et sur les vases

I .fiisco florbon. VlU, ]i. lis, 1 ; Clarac, pi. 630 = S. Rcinach, Répert. stal. 1, p. 3ïl,3 ; Slndnicîka, op. ci/, p. 393 el pi. vu, 30 ; Rosclier, III, col. 350 el fig. Î3 ; Urunn-Bruckinann, Z/enA-m. 585 ; Flore, A’iAv dans i^endic. ZiHCfi, 1901, p. 360 ; lîuesch. Guida ill. d. Museo naz. di Napoli, î’ éd. 1911, n» 832. — 2 La N’ikè au trophée, sur les monnaies de Laïupsaque et celles dWgalhoclès, est déjà à demi nue. Slalueltcs en marbre : Helbig-Toulain, Guide^ 368 (Valican) = S. Keinacli. op. ett. 1, p. 3i0, 7 ; Froeluier, Xotice de la sculpt. ant. Louvre, I, t"7 ; = De Villcfosse el .Mi- choa,Cat.somm.desmartfresanHli96),n’ 111=S. Rcinach, I, p. 177, l.Nikè foulant une cuirasse. Brome de Pompei : Museo Borbon. XIII, pi. 54, - = S. Reinach, 11, p. 387,7, Nike portant un trophée. Terre cuite de Cyniè : Kurtwaengler, CûU. Saàou- ro/f. II, pi. cxxxiv, Niké assise sur un rocher. Les .Nikès tuant le taureau ont aussi le buste nu sur les monnaies de Lampsaipic. première moitié du iv" s. : llead, op. cit. p. 5i9. — 3 or. Nike versanl une libation : Biardot, Terres c. funêbrts, pi. xirni, i ; t’otlier, Les ttatueltes de (. c. p. il5, fig. 71. — ’ Polticr-S. Rcinach, Xécropole de Mijrina, p. U6, ISI, 335. pi. xxi, i, xxn, 1 cl 3, xxiii ; cf. Col- lier, op. cit. p. KiV. Inducuce de l’aride Fergame sur les coroplastes de Uyrina, i>nd. p. 182. — i l’otlier-S. Reinach, op. cit. p. 182, 352,330,362,450, 537-539. .NiVès transformées en Kros féminins : ibid. p. UO, 355, 412. Dans la peinlurc murale, cf. llelbig, Wandi/emâlde d. .S(. CampanieTis, »• 931, Niké el Kros. Dans les Dionysiaques de Nonnos, qui subissent fortement riniluence de la poésie alcxan- drine, Niké aux noces de Cadmus danse cl entre dans la ronde des Éros ; cf. Collier, op. cil. p. Itt5. mais déjà dans Aristophane, tiq. 589, elle est dite /_opix«>v Unî^a. Ajouter : Antiq. du Bosphore Cimm. pi. ixx, l, .Niké avec crotales ; Kurtwaen- gler, Coll. Saliourolf, pi. cii.v = Roschcr, III. col. 339, fig. 17, .Niké dansant, tenant des deux mains sa tunique ; Bultet. napol. 1860, pi. v. — & Cf. Ste- pbani, dans C. r. Ac. Sl-Petersbourg, 1859, pi. ni, 3 et p. 121, boucles d’oreillca avec Victoire volant ; Kroehncr, Collection Tyskiewicz, pi. i, 2, Victoire dans un bige, provenant du réloponnèse, — ’ Pausan. V, 11, 2 ; cf. la reconslitution tentée par Brnnn dans Annati, 1851, pi. D, F ; ilauser dans Jahr- biich d Inst. 1889. p. 259. —S Kckulé, Oie Ae/i>/j <in </f !r /(n/i/.Wrn./r ifrr Mhena .Yiftt, Stutlgarl, 1881 ; S. Reinach, lUpcrt. reliefs, I, p. Viti .Colhgiion, Uisl. de

peints. Déjà Phidias, sur les pieds du trône de Zeus à Olympie, avait figuré un chœur de Nikès dansantes ^ 11 créait ainsi ou consacrait la tradition des multiples Nikès qui se répètent sur le même monument au gré de l’artiste et selon les besoins de la décoration ; il mettait d’autre part en valeur le caractère éminemment décora- tif du type de la Victoire ailée. Mais le chef-d’œuvre qui semble avoir exercé rinfiuence la plus puissante et la plus durable, c’est , sur l’Acropole d’.Mhènes, la balustrade du temple d’.Vlhèna Nikè. Cette barrière de marbre clôturait, sur une longueur de 33 mètres, les trois côtés à pic du bastion oii se dressait l’édicule ionique. Pour en décorer la face extérieure, entre les années 411 et ■’i(t7, un seul motif a suffi. Auprès d’Athèna s’empresse une troupe heureuse de petites Nikès, dont les occupa- tions diverses ont été choisies pour évoquer la double idée de victoire et de reconnaissance envers les dieux. Elles érigent des trophées d’armes, amènent les génisses du sacrifice et apportent les ustensiles sacrés ’. L’art grec reprendra et développera chacun de ces thèmes allégoriques, si discrètement traités par le génie attique du v siècle °. .Nous avons déjà vu dans la statuaire les .Mkès au trophée ; nous les retrouvons dans les bas- reliefs, dans la numismatique (fig. 710(), 7110-7112), dans la glyptique, dans la peinture gréco-romaine (fig. 7104 ;’". La Xikè sacrifiant le taureau (So’jôuToiica) figure déjà dans la première moitié du !v« siècle sur des monnaies de Lampsaque, sans doute d’après un groupe célèbre ". Elle inspira un sujet de groupe à Micon de Syracuse ^ et à Ménechme de Sicyone, disciple de Ly- sippe . Seule ou associée à la Nikè porteuse de brùle- parfuin [tuv.miatérioNj (cf. fig. 5638), elle devint un motif usuel dans l’art ornemental ; elle reparait sur des bases, sur des autels, sur des frises (fig. 599 ;j), sur des sarco- piiages, sur des vases d’argent (fig. 5384 = 7462), sur des arcs de triomphe romains ’^ Parmi les nombreux reliefs qui portent l’image de Nikè, il convient de citer : le puteal de Madrid, représentant la naissance d’Athèna que couronne une petite Victoire (fig. 5042), motif cer- tainement inspiré d’un fronton du Parlhénon’^ ; une

la sculpt. gr. II, p. 104-110, fig. 31-53 ; Slndniczka, foc. ci(. p. 398 et pi. i, 18- 51. Milchhoefer, dsin ? Jakrbuc/i d. Inst. 1894, p. 80, suppose une infinencc de la peinture sur le choix des motifs ; mais c’est une simple hypothèse. — ^ Cf. un souvenir de la Victoire à la sandale dans un relief de Rome ; S. Reinach, op. cit. Il, p. 79, I. — ïO Voir les monuments cités à l’article tbopaeuu, p. 505, notes 2-8. Ajouter une belle gemme du Brilish Miiscum, montrant une Nikè derai-niie et légèrement pliée sur les genoux pour ajuster un trophée, œuvre du iv« s. signée d’Onatas ?: Furtwacngler dans Jnhrbuchd. Inst. 1888, pi. vmi, 10. —11 Head, op. cit. p. 329, fig. 276. — 1’. ! Tatiau. Or. ad Graecos, 5* (33). p. 117, Worth : f-iniaç, ts ! ii aitoJ Nlxr,. Le groupe était à Syracuse. — ’3 Clin. at. hisl. XXXIV, 80 : « vitulus geuu premitur replicata ccrvice ». — U S. Reinach, /tèpert. reliefs, I, p. 61 et 63 (arc de Bénévent), p. 83 (vases de Boscoreale = Héron de Villefosse dans Honuni. Piot, V, pi. 3 et 4) ; II, p. 142 (Éphèsc, deux N’ikés conduisant un bélier et un bouc), 197 (couvercle d’uu sarcophage de Rome), 269, Ï70 (plaques de terre cuite au Louvre) ; III, p. 142, 3 (Villa Albani) ; Clarac, pi. 218, 224 (Louvre = notre fig. 5993), 403 (Vatican), 637 (Londres) = S. Reinach, Bépert. stat. I, p. 108,113, 190, 330 ; Froehncr, A’odce sci//p(. ant. Louvre, n»» 480, 4S2 (marbres Borghèse), VS3 (marbre Campana) = Héron de Villo- fosse et iMichou, Mus. Louvre, Cal. somm. marbres ant. 307, 392, 152.i ; Amc- lung, Skutpt. d. Vatican. JJus. II, pi. xxxi et xxxiii ; Babelon, Bronzes ant. Biblioth. nat. n* 685 ; Studnicika, loc. cit. pi. i, 32 (marbre de .Munich). kMcdailtons de terre cuite au musée de Berlin : Jahrbuch d. Inst. 1891, Auseiger, p. 122 ; cf. Collignon, op. cit. II, p. UO ; Roschcr, 111, col. 346, lig. 20. l’ierres gravées : Smith dans Journ. of hell. stud. VH, I88C, pi. E : Furlwacnglor, Ver :, d. geschn. Steiiie in Berlin, 3572, 3577, 6230, 6732. Relief de miroir en bronze : Smith, loc. cit. pi. D. Vases peints : Bull. napolet. VI, 1848, pi. ii = S. Rcinach, Itépert. vases peints, I, p. 474, 3. Sur le caraclèrc rituel de ce motif, cf. von Frilie, Zum griech. Opferritual dans Jahrbuch d. Inst. 1903, p. 63. Sur la transformaliou de ce type en celui de Mitlira iRiirorlonc, cf. Cumont dans Westd. Xeitschrifl, Xlll, 1894, p. 70, el Mithra, 1, p. 181. — 15 S. Kaiuach, Itépert. reliefs. H, p. 193.