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Latium et de la Campanie, toute une série de villas tou- jours prêtes à recevoir le maître dans ses déplacements : Anlium, Aslura, Formies, Cumes, Pouzzoles, Pompéi l’ont vu séjourner sur leurs territoires à diverses épo- ques. Quoique son but fût de s’y reposer, il lui arrivait souvent d’y mener une existence fort agitée, non seule- ment parce qu’il négociait de nouveaux achats et bâtis- sait sans cesse, mais parce qu’il était envahi par un tlot de visiteurs importuns ; il disait plaisamment de sa villa de Formies que ce n’était pas une villa, mais une basili- que’. Il faudrait encore ajouter un certain nombre de pied- à-terre [(k’versoria), probablement beaucoup plus mo- destes, que Cicéron possédait le long de la Voie Appienne et de la Voie Latine, et qui lui servaient surtout de gîtes aux étapes, quand il circulait entre Rome et ses villas’. Géographie des villas. — La ville de Rome compre- nait, au delà de l’ancien mur de Servius, toute une zone de parcs princiers, créés pour la plupart à la fin de la République et au commencement de l’Empire [uortus]’ ; ils enfermaient des constructions somptueuses, deve- nues peu à peu des résidences impériales, que l’on a considérées, jusqu’au moment où l’enceinte d’Aurélien les sépara de la campagne, comme des villas, puisque les plantations en étaient entretenues par des villici Puis tout autour de la ville des quatorze régions s’étaient multipliées, pendant la même période, les habita- tions de plaisance dites suburbaines (s(/6i/ ;’&a«fl)% cette appellation s’appliquait à un rayon assez étendu ; car on en usait même pour désigner Bovillae et Tibur, situées l’une à 10 milles 14 kilomètres) de Rome, l’autre à 20 milles ("28 kilomètres). Aujourd’hui, quand on par- court les parties basses de la campagne romaine, sur- tout les bords du Tibre, on a peine à concevoir que ces solitudes, infestées par la malaria, aient jamais pu être habitées et cultivées. Rien cependant n’est plus certain ; les ruines des villas qui couvrent partout le sol sont là pour l’attester, aussi bien que les écrits des anciens. Les travaux de drainage entrepris de très’ bonne heure dans cette région [clnrllis ; l’avaient assainie au point de la transformer en un séjour fertile et riant ’. Le Tibre près de Rome, dit Pline, « voyait à lui seul se dresser sur ses bords presque plus de villas que tous les autres neuves du monde réunis’ •>. M. Lanciani, qui explore depuis de longues années la campagne romaine, y dis- tingue trois zones de propriétés rurales, en partant des murs de la ville’ : 1° des suùiirbana de petites gens, constructions modestes, guinguettes et bicoques de faubourgs ; il y avait là des praed io la’", entourés de

i Cic. Ad Attic. 11,14, 2. — 2 A Anagnia, Frusioa, Lanuvium, Sinuesïîa, elc. Liclilenberger, p. 15. Silius Ilalicus avait au même eudroit plusieurs villas ; il en actielail sans cesse de nouvelles : Plia, Epiât, lil. 7, 8. — 3 Ajoutez Homo, Mélanges de l’École française de Home, 1899, p. 101 cl pi. m ; Ilirschrcld dans les Beitrôge zur alten Getch, U (1902), p. 43-72 cl 284-315. — * Corp. inscr. lai. VI, 276, 6152, 9005. Il est vrai que le sens de vilmcus s’est élargi avec le temps ; v. ce mot. Mais la villa pdblica était située en plein Cliamp do Mars. — ^ Varr. R, r. III, i ; Cic. De or. II, 68 ; Ad AU. IV, 2 : Plin. £>«(. Il, 17 : Suet. Aug. 6 ; A’er. 48 ; Corn. >'ep. Allie. 14 ; A. (Jell. XIX, 7, 9.

— 6 Prop.lV(V|, 1,33 : Ov. /’ajf.lll, 667 ; Flor. I, 11. — 7 Boissior. A^ouc. promen. archéol. (1886). p. 264 ; Lanciani, Ancient Home (1891), cliap. x, The campagna : Tomassclli, Campagna rom, I, p. 68. — 8 pijn. iVa(. hist. III, 54. Cf. Prop. 1, 14. — ’ Lanciani, Op. l. p. 266. — 10 Praediolum du poète Julius Paulus dans Vager Valicanus : A. Gell. XIX, 7, I. — H V. le Pervigilium Veneris dans les Poetae lat. min. éd. Bâhrens, IV (1882), p. 292 ; Boissier, Op. l. p. 263. Sur les ravaçes des barbares aui v« et vi* siècles, v. Lanciani, Op. l. p. 27",.

— 12 Ouvrages généraui ; Nibby, Viaggio anliquarionei conlomi di /tomaH$’j) : Analifi délia earta dei dintorni di Roma (1837) ; Weslphal, The ttoman Campagna (1827) ; Ashby, Clattical lopography of the Roman Campagna, Papeit ti( Ihe ISrilith tchotU al Honte, t. I (1902 ;; III (1906) ; IV ,1907) ; V

jardins, où le propriétaire invitait ses amis à venir man- ger avec lui ses légumes et ses fruits, et d’où, le soir venu, on reprenait à pied le chemin de Rome ; toutes nos villes méridionales ont encore autour d’elles des con- structions de ce genre ; 2° au delà venaient des proprié- tés de grandeur moyenne ; enfin 3° les grands domaines, les latifundia, formaient, à l’horizon de Vager rotuanus, la zone extrême, celle où le beau monde avait le plus de chance, vu l’éloignement, de trouver le repos et l’air pur. Depuis la fin des guerres puniques jusqu’au commencement du v° siècle, pendant six cents ans envi- ron, ces propriétés d’agrément, qui avaient peu à peu évincé les propriétés de rapport, ont fait de la campagne romaine un véritable jardin ". Parmi celles qui appar- tinrent à des personnages connus, il en est beaucoup dont l’emplacement a été déterminé avec certitude, grâce aux recherches des savants modernes ’^. Nous voyons ainsi des membres de la famille impériale, de hauts magistrats s’installer pendant l’été dans des lieux aujourd’hui insalubres et peu fréquentés, à une faible distance de Rome : Livie réside dans sa terre Ad Galli- nas (Prima Porta) ; Antonin et Marc-Âurèle résident à Lorium (Castel di Guido) " ; Lucius Verus, près du Pons Milvius (à Acqua Traversa) ’^ ; Pline le Jeune, à Lauren- tum i^Tor Paterno) "’ ; Minicius Fundanus, consul de l’an 107, au Clivus Cinnae (Monte Mario)  ; Quintilius Condia- nus et son frère Maximus, consuls de l’an 151, au cin- quième mille de la Voie Appienne fSanta Maria Nuova) " ; les Gordiens, à Tor de’ Schiavi’, Maxence, à San Cesa- rio ", etc. . Bref il n’est pas une seule des routes dont l’admirable réseau couvrait la campagne romaine [via] qui n’ait donné accès, sous l’Empire, à de riches villas habitées par la plus haute aristocratie-".

Cependant les Romains n’étaient pas sans avoir remar- quéles avantages de la montagne ; ils étaient très sensibles aux charmes d’une belle vue-’. Aussi se sont-ils portés avec une faveur particulière du côté de la Sabine et des monts Albains, dont les sites enchanteurs répondaient bien à l’idée qu’ils se faisaient des beautés de la nature. Tibur (Tivoli) a été, depuis le temps des Scipions, un séjour de prédilection pour les amateurs de villégia- ture^- ; les poètes ont célébré à l’envi la fraîcheur de ses eaux et de ses ombrages ; les gens paisibles lui reprochaient seulement d’être un peu trop envahi, pendant la saison chaude, par la société élégante de Fiome ; c’est la raison pour laquelle Horace était allé chercher le repos un peu plus loin, dans un vallon écarté, qu’arro- sait la Digentia (Licenza), affinent de l’Anio-^ D’autres

(1910), avec cartes à grande éclielle (nord-est cl est de Rome), à suivre ; Tomas- setli, Campagna romana, t. I-III (1910-1913) inachevé. Pour le détail v. la bibliographie du Corp. inscr. lat. t. XIV. — "3 Nibby, Anal. III, 39 ; Hutl. d. Ist. arch. di Roma, 1863, p. 71 ; Bull. arch. comun. d. Roma, 1892, p. 160 ; Tomassclli, 111, p. 253. — H .Nibby, Anal. II, p. 272 ; Lacour-Gayet, Antonin le P. p. 4 ; Tomassclli, Op. l. Il, p. 492. — IS Nibby, Op. L l, p. 10 ; Tomassetti, Op. l. 111, p. IS. — 16 Nibby, Op. l. Il, p. 193 ; Boissier, Ifom : promen. arch. p. 328. V. impériales ibidem : Bull. arch. comun. di Roma, 189S, p. lil-148. — ’■ Lanciani, Ancient Rome, p. 281. — 18 A 7 kilom. 1/2 de Rome, Bull. arch. comun. di Roma, 1893, p. 79 ; 1890, p. 61, 66 ; 1808, p. 313 ; Tomassetti, Op. I. II, p. 89. — ’9 Tomassetti, Op. l. III, p. 463. — 20 Ashby et Tomassetti dans leur» explorations, Opp. II., les énumèrcnt en suivant l’ordre des routes. —21 Son. Ep. 86,8 ; Plin. Epist. II, 17 :V,6 ;Cic. Ad ^(tic. XIV, 13 ,1. —22 V. des Scipions et de Marins ; Maurice Albert. De l’illis Tiburtinis principe Auj«s/o (1883, avec une cartel, p. 10. Pour le surplus, v. Dessau, Corp. inscr. lat. XIV, p. 305 ; Ashby, Op. l. III (1905), p. 84 (Via Tiburlina). — 23 Près du Fanum Vacunae (Rocca Giuvine). Capmartin de Chaupy, Découverte de la maison de campagne d’Horace 11769) ; Boissier, iVoui’. promen. arch. (1886), p. I ; Jullian, Mélanges de l’École /ranf. rfe flome, III 1 1883), p. 82 ; /(ev. arcAcW. 1911, II, p. 227 ; 1914, p. 278 ; Mcrrilicld, Classic. journ. VIII (1012-1913), n’ I ; C. Rendus Acad. Inscr. 1914,