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seul avait changé ; la vinea, suns doute, n’élail pas autre chose que la machine appelée par les Grecs ctui’î-.ov, « petit portique’ » ; une métaphore plaisante du langage militaire aura donné naissance au nouveau nom (cf. fig. o41-i, 3416, 5419). Cependant Tite-Live a certainement commis un anachronisme, lorsqu’il a fait

figurer celte machine dans le malériel de siège dont disposaient les Romains en Tan 504, ou même en

l’an 403 av. J.— C.-. Elle a dû être chez eux d’un usage assez ordinaire à partir des guerres puniques ^ Dans les sièges qu’il dirigeait, Jules César fil toujours jouer un rôle important aux rineae ; elles étaient montées sur des roues (voir les figures d’oppiOATio), car on commençait par les pousser (agere, proferre vineas) vers la place, quand on élevait I’agger, ce qui indique qu’elles servaient aussi à proléger les soldats chargés de sa construction *. La lactique de l’ennemi consistait à écraser ces machines ou à en percer la clôture ; les Marseillais assiégés par Jules César ^ lancèrent sur ses rineae, à l’aide d’énormesbalistes, des perches de douze pieds de long, armées de fer, qui, après avoir traversé quatre rangs de claies, allaient encore se ficher en terre ; à ces abris trop légers il fut obligé de substituer une longue galerie de charpente solidement ajustée, sous laquelle les hommes se passaient de main en main les matériaux, comme ils avaient l’habitude de le faire sous les t’/neae juxtaposées.

Au IV* siècle de notre ère, la même machine, par comparaison avec un chapeau, avait pris le nom de CAUSIA ^. Georges Lafaye.

Atbénée, n. [xviyav. p. 31, dansWescher (temps d’Auguste) ; de Rochas, ^i^/an^es Graux, p. T95. Athénée déclare qu’il ne parlera pas des (rrutSta, parce que son prédécesseur Pyrrhos en avait traité tout au long. Pyrrhosde Macédoine a pu être contemporain d" Alexandre:Suseniihl, Gesch. d. gr. Litter. in d. Alex. Zeit, , p. 734, n. 3150. — 2 T. Liv. II, 17, 1 ; V, 5, 6 et 7 ; Marquardt, / c. p. 23î, n. i. — 3 plaut.

;. e. ; T. Ut. XXXVII, 26, 8. — » Caes. fi. gatt. Il, lî, 3 ; 30, 3 ; VII, 58, 1 ;

VIII, 41, 2 et 3 ; B. civ. II, 1 cl 2. — 5 Caes. B. cin. II, 2.-6 Vcg. (. c. ; Riistow et Kôchly, Gesch. d. gr. Kriegstcesens (1832), p. 313.

VINITOR (’Άμπελουργόζ 2). — Vigneron. Le travail de la vigne viNCJi] exige une main-d’œuvre abondante et habile. On compte un vigneron par 7’à iQ jugera’de vignoble (1 hectare 73 à 2 hectares 51). Comme la plupart des travailleurs agricoles, les vignerons sont esclaves = ; on complète le personnel en louant des ouvriers et des ouvrières pour certains travaux comme les vendanges [vindemia^’. Le vigneron est un esclave de prix : il ne faut pas hésiter à le payerjusqu’àSOOOsesterces (2144 francs)"… Jabdé.

VIMrOR. — I Virg. Ed. X, 36 ; Cic. De fin. V, 14, 40, etc.— 2 Aristoph. Pax, 199, etc. Une comédie d’Alcïis porte ce nom pour titre. — 3 Colum. 111, 3.

— * Cat. Re rust. I, 18; Plin. iV. h. XVII, 36. Pour les olivettes, un ouvrier suffit pour 48 jugera. — 5 Varr. L. l. Une taxe frappe à Cos les esclaves employés aux travaux de la vigne:Th. Reinach, iîeu. d « Et. gr. IV (1891), p. 369.-6 Plin. XIV, 3 ; cf. Demosth. Confr. Euboul. p. 1313, 45. — 1 Colum. L. t.

VINUM (Οινοζ). — Le vin. Notre étude comprend d’abord les documents relatifs à la culture de la vigne (άμπελοζ, βότρυζ, vitis, uva). Nous envisagerons ensuite les produits et les diverses questions de fabrication et de commerce qui s’y rattachent.

I. La vigne1° Origine et expansion de la vigne. — Comme le froment, la vigne peut être qualifiée de plante préhistorique, et il est bien difficile d’en déterminer le pays d’origine. On l’a souvent dite originaire de la région forestière qui s’étend du Turkestan et du Caucase aux montagnes de la Thrace 1 [1]. Mais les plantes d’où dérive notre vigne actuelle (vitis vinifera), et qui apparaissent dès l’époque secondaire 2 [2], occupent une aire si étendue 3 [3] qu’il n’est pas besoin d’assigner à la vigne une patrie unique et qu’on peut la croire spontanée en de multiples régions 4 [4]. La multiplicité des prétendus lieux d’origine 5 [5] montre la très ancienne extension des vignobles dans les pays méditerranéens, où ils rencontraient des conditions de sol 6 [6] et de climat 7 [7] particulièrement favorables.

Toutefois, il y a lieu de distinguer entre la plante elle-même et sa culture. Si les habitants des palafittes de Suisse et des terramares d’Italie connaissent le raisin 8 [8], si même ils savent en extraire une boisson fermentée 9 [9], ils ont pu se contenter de cueillir les fruits des vignes sauvages. La viticulture est l’indice d’une civilisation avancée 10 [10] ; elle exige une main-d’œuvre abondante, active, « très dévouée à la vigne 11 [11] ». On peut supposer avec vraisemblance que les Grecs et les Italiotes, tout en possédant sur leur propre territoire des plants sauvages, ont appris des peuples plus civilisés d’Orient les soins à donner au vignoble et les procédés savants de la vinification 12 [12]. Du moins surent-ils profiter de très bonne heure de ces leçons : il fallait remonter aux temps légendaires de Noé 13 [13], d’Osiris 14 [14], de Dionysos 15 [15], pour retrouver les origines de la viticulture.

A mesure que la culture de la vigne se répand, les espèces se multiplient 16 [16], au point de devenir innombrables 17 [17]. Parmi les espèces grecques, nous citerons

  1. VINUM. — 1. De Candolle, Orig. des plantes cultivées, p. 153 ; Grisebach, Die Vegetation der Erde, I, p. 323 ; Schrader, Tier und Pflanzengeogr. p. 27. Elle est restée spontanée dans la Transcaucasie Köppen, Geogr. Verbreit. des Holzgewäschse des europ. Russlands und des Kaukasus, I, p. 97.
  2. 2. Schimper, Traité de paléont. végétale, III, p. 47-51 ; de Saporta, Orig. paléontol. des arbres cultivés, p. 253-254.
  3. 3. De Mortillet, Les boissons fermentées, Rev. mens. de l’École d’anthropol. de Paris, t. VII (1897), p. 257.
  4. 4. La vigne sauvage est mentionnée à l’époque classique ; Plin. N. h. XXIII, 13-14 ; Diod. III, 62, 4 ; Strab. XV, 1, 58.
  5. 5. Mer Rouge, Athénée de Naucratis, Deipnosophistes, XV, 675 a ; Chio, Theopomp. Fragm. hist. gr. Car. Müller, I, 328 ; Athénée de Naucratis, Deipnosophistes, I, 26 b ; Égypte, Hellanie. Fragm. hist. gr. I, p. 67 ; Étolie, Hecat. ibid. I, 26 ; Béotie, Pausan. IX, 25, 1 ; Tyr, Ach. Tat. II, 2. Sur l’origine égyptienne cf. P. Foucart, Le culte de Dionysos en Attique, p. 61, 159.
  6. 6. Sur le sol qui convient à la vigne, Theophr. Caus. pl. II, 4, 4.
  7. 7. C’est la culture de la vigne qui caractérise les pays tempérés, Plin. XXIII, ; on ne la rencontrait pas en Scythie, Antiph. ap. Athénée de Naucratis, Deipnosophistes, X, 441 d ; elle existait toutefois, comme aujourd’hui, en certaines régions bien abritées de la Crimée, Strab. VII, 4, 18.
  8. 8. Stummer, Zur Urgeschichte der Rebe und des Weinbaues, Vienne, 1911. On a retrouvé des pépins de raisin en beaucoup plus grand nombre dans les stations italiennes que dans les stations suisses Martinet, op. l. p. 261-262.
  9. 9. Si l’on trouve les pépins non pas dispersés, mais en masses compactes, c’est qu’ils sont sans doute des marcs épuisés et jetés après leur emploi ; Mortillet, op. l. p. 261.
  10. 10. Pour Thucydide les Grecs sont sortis de la barbarie lorsqu’ils ont su faire des plantations (I, 2). Comme l’olivier ou le figuier, comme le blé, la vigne rentre dans cette « association de plantes nourricières » que l’homme a su former dans les pays méditerranéens ; Vidal de la Blache, Les genres de vie dans la géog. humaine, Ann. de géogr. XX (1911), p. 504.
  11. 11. Brunhes, Géogr. humaine, p. 347.
  12. 12. Les mots Οινοζ, vinum, άμπελοζ, βότρυζ semblent d’origine sémitique : Muss-Arnolt, Semit. words in Greck and Latin, p. 143 sq. ; V. Bérard, Orig. des cultes arcadiens, p. 169. Pourtant on a nié cette origine et supposé que les termes sémitiques, grecs et latins qui désignent le vin sont indépendants les uns des autres et, comme d’autres mots, ont une origine commune qu’il faudrait chercher dans les langues égéennes ; Dussaud, Civilisations préhelléniques, p. 288 ; 2e édit. p. 439 ; Meillet, dans Mém. de la Soc. ling. de Paris, XV, p. 161 sq. Pour Hehn, Kulturpflanzen und Hausthiere in ihrem Ueberg. aus Asien nach Griechent. und Ital. (5e édit. 1887), p. 65, sq., la vigne a été importée d’Orient en Grèce et en Italie. Pour Thudichum, Traube und Wein in der Culturgesch. p. 5, sq., la vigne est spontanée dans les différents pays où on la rencontre et seule la vinification est d’origine orientale.
  13. 13. Gen. IX, 20-21 ; Delitzch, Die Bibel und der Wein, Leipzig, 1885.
  14. 14. Wonig, Die Pflanzen im alt. Aegypt. p. 259.
  15. 15. Sur l’ensemble, voir P. Foucart, op. l. La culture de la vigne aurait été enseignée aux Chiotes par Oinopion, fils de Dionysos : Theopomp. Fragm. hist. gr. I, 328 ; Athos. I, 26 b ; aux Athéniens par Eumolpe, Plin. VII, 57. L’athénien Icaros avait reçu des leçons de Dionysos même, Propert. II, 33, 29. Le mélange du vin et de l’eau serait dû soit à Staphylos, fils de Silène (Plin. VII, 57), soit à Amphictyon qui l’aurait appris de Dionysos (Philoch. Fragm. hist. gr. I, p. 387 ; Athénée de Naucratis, Deipnosophistes, V, 179 e). Aristée aurait été le premier à. mélanger le miel et le vin : Plin. XIV, 6.
  16. 16. Sur l’influence du terroir, Theophr. Hist. pl. II 5, 7 ; Caus. pl. III, 1 ; IV, 11, 6 ; Plin. XIV, 4 ; XIV, 8 (6).
  17. 17. Plin. XIV, 4 ; Virg. Georg. II, 103-4.