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culture ’ ; en général elle a augmenté et en quantité et en qualité^. Le rendement moyen est de 10 cuUei par jugerum ’ (208 hectolitres à l’hectare). On atteint un maximun de 15 cuUei (312 hectolitres) à Favenlia’ ; la récolte descend à 8 (166 heclol.) à Nomentum % à 7 (145 hectol.) à Sétia et pour le Cécube ’. Une vigne nouvellement plantée peut donner à. sa première récolte 5 cullei par Jugerum (104 hectol. à l’hectare) ■". Si le rendement descend à 3 cullei, il vaut mieux arracher le vi- gnoble*. Il est difficile d’évaluer la consommation, et par suite l’importance des échanges ^ Au temps d’Hérodote, l’Egypte, ne produisant pas suffisamment de vin, en recevait de Grèce et de Phénicie ’". La présence des anses d’amphores de Rhodes, de Thasos, de Cnide, sur les points les plus divers du monde méditerranéen, est un indice de la grande extension de ces vins ". Les textes nous indiquent aussi quelques-unes des voies suivies. Athènes consomme les vins des îles ; ceux de Lesbos y entrent en franchise ’-. Les vins grecs trouvent des débouchés dans les régions qui n’en produisent pas, comme le Pont ; à Mendé, à Scioné, on embarque des vins pour les villes de la mer Noire ; on y fait passer de Péparéthos des vins de Cos, de Thasos, de Mendé ". Du Pont une voie de terre gagne l’Istrie et par là circu- lentlesvins de Lesbos, de Chios, de Thasos "’.A l’époque romaine la nature et l’importance des éclianges sont plus faciles à préciser ; les vins y ont une place consi- dérable[voir le tableau p. 1778 de l’article mercatira]. Les vins italiens se vendentchezlesLigures ’^en Gaule ’ en Grèce " ; on les expédie jusque dans l’Inde ". La Bélique exporte une partie de ses vins ^ ; Agrigenle en envoie à Cartilage ^’ ; Aquilée en fournil aux lllyriens’^. Des mesures législatives peuvent entraver ce commerce : les Nerviens et les Suèves avaient interdit l’importation du vin sur leur territoire ^^ Valens et Gralien défendent d’exporterdu vin chezles barbares î^mercatir a, p. 1175]’". En plusieurs pays les importateurs acquittaient des droits de douane spéciaux pour le vin -^ ^^ Les prix du vin varient suivant les années et suivant les crus. Les oscillations des cours sont assez fréquentes et assez marqaées pour permettre la spéculation ’^ Caton conseille d’avoir assez de dolia pour pouvoir conserver la récolle et attendre la hausse ’". On réalise parfois d’énormes bénéfices : le vin du consulat d’Opi- mius s’acheta, aux vendanges, 100 sesterces l’amphore ;

’ Colum. 111, 9. — 2 Varr. De agrie. I, 7. Voir loutefois les restriclions de Pline, XIV, 5 ; 8 (6) ; 6î. — 3 l’iiu. XIV, 5 ; Varr. Op. l. 1, 2 ; Colum. 111, 3. Columelle (111, 3 ; 111, 9) cite des reodemeDls de 39 el 43 litres par cep. — * Varr. Op. l. 1, 2. Columelle (111, 3 ; 111, 9) cite les cas eiceplionnels d’un cep porllnt 2 000 grappes, d’un autre donnant 260 litres de vin. — 5 Colum. 111, 3. Cf. Cat. /îes rust. tl. - 6 Hlm. XIV, 3. - 1 Colum. 111, 3. — 8 /6id. Cf. les rendements actuels en Frauce, Billiard. op. l. p. I3i-133. — 9 Sur le commerce des vins, Uullmann, HanJelsgesch. der Grieclten. p. 15 sq. On avait remarqué que la navigation altérait les vins, mais que ceux qui la supportaieut paraissaient plus vieux, Plin. XIV, 22. Vaisseaux chargés d’amphores (voir notre fig. 492Gj : Gauckler, i/onum. et mém. Fond. Piot, XII, p. 133, Gg. 13 ; Billiard, op. /.p. 190, Dg. 73 ; Wilpert,i« pi«. deUe calac. rom. pi. CLXxm, 1. — «0 Herodot. 111, 6. — 11 Dumont, Inscript, céramiques, p. 39 el sq. ;cf. le travail de M. P. Nilsson d’après les fouilles de Lindos, à Hliodes, dans le Bittt. de l’.icnd. des sciences de Danemark, 1909 (C. rendu dans la Hev. des élud. grecq. 1910, p. 319). — 12 Athen. 1, 28 c. Les vins exportés de Cos paient un droit de sortie ; Th. Reinach, Rev. ét.gr. IV, p. 362. — ’3 lloeck. De reb. ab Athen. in Thracia et in Ponto gestis, Schrift. der Cniversiliït zu Kiel, XXIU (1876), p. 12-13 ; Hullmann,op. (. p. 134 suiv. — li Demoslh. Adv. Lacrit. XXXV, 10, 18, 31, 33 ; cf. Strab. XI, 2, 13 ; Polyb. IV, 38, 5. — 13 Ps. Arist. De mil. au>cu/(. 110 ; Curlius, Zur Uesch. des Wegebaus, p. 32. — ’6 Strab. IV, 6, 2. — ’^ Cic. Pro Font. 9, 19. Sur le commerce des vins entre Marseille et la Gaule, Athen. IV, 152 c ; .Ma.ssou, De Massiliena. negotialion. p. 6n. — 18 Lucian. Aavig. 23. — ISArrian. Peripl. mar. Enjthr. 6 et 49. — 20 strab. III, 2, 6. — Ji Diod. XUl, 81.

SOUS Caligula, on le vendit beaucoup plus cher encore^*. Nous recueillerons, à titre d’exemples, quelques-uns des chiffres cités par les anciens, sans d’ailleurs pouvoir rien en conclure sur les cours moyens. Au temps de Solon, le vin de Chios se vend à Athènes une mine le métrète^’. Au iv= siècle, des vins de l’Altique se vendent 12 drachmes’", 20 drachmes^’ le métrèle ; un chargement de 3 000 x£pi[xia de vin de Mendé garantit un prêt de 30 mines'. A Délos, le vin se vend 11 drachmes le métrèle (début du 111° siècle), le xepàuitov de vin de Cnide de 4 à 6 drachmes, celui de Cos de 2 à 3 drachmes" (fin du 111° siècle). Le prix le plus bas est celui de 8 drachmes le métrèle . A Rome, vers 250 av. J.-C , le congius se vend un as ■’". En 88, les censeurs fixent comme prix maximum 8 as par quadrnntal pour le vin aminéen el le vin grec". Columelle donne comme prix moyen du vin nouveau 300 sesterces le culleus ". Martial cite le chiffre de 20 as pour une amp/iora ’*. L’fidit de Dioclé- tien fixe à 30 deniers le prix du sextiarius pour les vins du Picenum, deTibur.de la Sabine, pour le vin aminéen, pour ceux de Sétia, de Sorrenle, de Salerne ; à 24 deniers pour le vin vieux de première qualité [vinum velus primi gustus) ; à 24 deniers pour le vin vieux de seconde qualité [vinum vêtus secundi gustus) ; h. G deniers pour le vin commun {vinum rusticum)^^. La surproduction pouvait avilir les prix’" ; de là les mesures tendant à restreindre la production. Les provinces transalpines n’avaient pas le droit de faire de nouvelles plantations de vignes ’*', el celte interdiction ne fut levée que par Probus *^ A une époque de mévente ", Domitien interdit de planter des vignes nouvelles, tant en Italie que dans les provinces el voulut même, dit- on, faire arracher une partie des vignobles ". Les prix peuvent être également abaissés par les distri- butions de vin faites par l’Étal". Sous le Bas-Empire, nous trouvons un service organisé sur le modèle de l’an- ’ none*". Le vin est fourni comme impôt payé en nature ; les contribuables doivent en assurer la livraison à Rome, où il est reçu par les susceplores vini ". La manutention donne lieu à divers paiements ; on indemnise celui qui ouvre et referme le tonneau {exasciator), le dégusta- teur [haustor)^’, le gardien des tonneaux {custos cuparum), ceux qui portent les tonneaux au lieu de vente [pHALANGARii, fig. 5GI5] ". Le Contribuable apporte un fla- con [ampulla) pour la dégustation et reçoit quittance ^^

— 22 Strab. V, 1, 8. - 23 Caes. Bell. gall. Il, 15 ; IV, i. - 2* Cod. Just. IV, 41 _ 1. _ 26 Cf. Billiard, La vigne dans l’antiquité, p. 202. — 26 l.r ;s achats d’un prodigue font monter le prix des vins étrangers, Diphil. ap. Athen. VI, 233 b. _ 21 Cal. ;. e. 3. — 28 l’iin. XIV, 4 (6). Le texte parait être altéré et comporte des variantes de manuscrits ; on ne peut pas préciser les chiffres.

— 23 plutarch. De tranq. an. 10, p. 570 d. — 30 Uemoslh, Adv. Phoen. XLII, 20. L’orateur considère que le propriétaire a vendu le vin trois fois sa valeur Ubid. 31), ce qui nous donnerait seulement 4 drachmes le métrèle. — 31 Alexis ap. Athen. III, 118 a. — 32 Demosth. Adu. Lacrit. XXXV, 18. - 33 Oull. corr. hell. XXIX (1903), p. 324, n. 179 ; XXXIV (1910), p. 142143. - 3* llcsych. s.v. Tj^iT^o ; » !.« ;.- 33 l’Un. XIV, 16 (14). - 30 M. XVlll, 17. - 31 Colum. III, 3, 10. _ 38 Mari. Xll, 76. — 39 Athen. MM. V (18S0), p. 73 sq. — 40 l’Iin. XVII, 35, 48 ; XVlll, 74, 9. Martial fait allusion à la surproduction lorsqu’il dit qu’à Ravenne il vaut mieux posséder une citerne qu’un vignoble el que le vin se vend moins cher que l’eau (III, 50). - " Ciccr. De rep. III, 9, 16. - »2 Hisl. Au,,., Prob. 18, 8 ; Eutrop. IX, 17. - il S. Reinach, La mévente des vins, Hev. arch. XXX1X(1901). p. 350sq. -" Suet. flomil. 7 et 17 ; Slal. .S./r. I V, 3 ; Philostr.

Vita Apollon. VI, 42 ; Vit. sophist. 1, 21, 6. - *3 Auguste s’était refusé a assurer au peuple le vin à bon marché, Suet. Aug. 42. -« Waltzing, Etude sur

les corpor. profession. II, p. 99-100. - " Cod. Theod. XIV, 4, 4. - W Pour déguster le vin (olvo^’u^erv, Anliphan.ap. Athen. 380 f), on prend une gorgée de vin

dans la bouche et on la crache aussitôt [pylissare, Terenl. Heautoniim. Vil).

— 43 Corp. mscr. lat. VI, 1783 ; Momrascn, Der. der siïchs. Ues. der Wis-

enich. 111 (1831), p. 76. — su Cod. TUeod. Xll, 0.