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à froid. Les compositions découpées ou dessinées à la pointe que montrent ces petits monuments forment, avec les peintures des catacombes et les coupes gra- vées, le Corpus des images familières aux premiers chrétiens’. Elles représentent Jésus paraissant entre Pierre et Paul, le Bon Pasteur, la Guérison du paraly- tique, la Multiplication des pains, la gracieuse figure d’Agnès. Quelques-unes témoignent d’un réel sentiment de la beauté ; c’est à ce titre que méritent d’être connus le portrait du pape Calliste à la Bibliothèque nationale de Paris 2 et le médaillon de Brescia ’ (V-’ siècle)’*. La plupart des verres à fond d’or ont été recueillis dans les catacombes de Rome. Le musée chrétien du Vatican en possède une riche série ^

II arrive parfois de rencontrer des verres qui ne sont pas seulement dorés, mais en même temps gravés et peints avec des couleurs d’émail. Le plateau de verre orné d’un plan de ville, signalé plus haut^, les coupes dites de Sainte-Ursule et de Saint-Séverin, découvertes à Cologne etaclietées toutes deux parle Brilish Muséum^ sont les exemples les plus typiques de cette triple technique.

XIIL Miroirs. — De petits miroirs de verre doublé de métal ont été recueillis dans tout l’empire romain. Ils se composent d’une mince capsule de verre recou- verte d’une couche de plomb fondu. Cette capsule, qui mesure cinq à six centimètres de diamètre, a été décou- pée dans un ballon souftlé ; aussi présente-t-elle une légère convexité ; elle" est enchâssée dans une monture circulaire en métal, en plâtre ou en bois ^specllumj. De dimensions trop minimes pour avoir été d’une réelle utilité, ces curieux objets ne se sont jamais substitués aux miroirs métalliques ; on devait les considérer comme des miroirs de poche, des amulettes et des jouets d’enfant. Nous en connaissons près de cent cinquante exemplaires, dont M. É. Michon a dressé la liste’. Ils ne diffèrent les uns des autres que par la matière, la forme et le décor de la monture. Us s’étendent sur une aire géographique des plus vastes : on en a recueilli en Egypte, à Anlinoë’ (fig. 6338), à Saqqarah’" et à Gizeli" ; en Asie Mineure, à Trébizonde et à Smyrne’- ; en Russie méridionale, à Olbia" ; en Thrace, dans les ruines d’un sanctuaire consacré aux Nymphes’* ; en Rhétie’% en Pannonie ", en Germanie et en Gaule".

La détermination de la date qu’il convient d’assigner aux miroirs de verre présente quelque difficulté. Un passage de Pline" laisserait supposer que ces monu- ments, d’invention sidonienne, étaient déjà connus au I" siècle de notre ère ; mais ce texte, obscur et discutable, n’est encore confirmé par aucune trouvaille. Nous con-

< Cr.Garrucci, Vetri ornalidi figure in oro, Rome, f édition, 1804 ; H. Vopel.flie atlchr. Gold’jlclser, Fribourg, 1899. — 2 Pératé, L’archéologie chrétienne, fig. 99. — 3 Venturi, Sloria, I, fig. 333 ; .UbiizaU, dans Mm. àlittkeilungen, 191*. p. 248, fig. 3. — »VoirR.Schmidt, DasGlas, fig. 8. —5. Voirlarticle Velridorati ieC. Al- biziali,/oc. cit. p. îiO, pi. iv. — «Cf. § X(,note8.— Il.acoupe de Sainte Ursule a été publiée par H. l)ûaUeT,Bonner Jahrb. 1867, rase. 42, p. 169, pi. t ; cellede Saint-Séve- rin par .us’m ’Veetlh, Donner Jahrb. 1864, fasc. 36, p. 119, pi. m. —i Bull.archéol. 1909,p.i3l à 230 ; 191 1, p. 196à207. — 9Guiaiet,iM/-oui(/es d’Andnoe, p. 6.— 10 Mi- roir du musée de Turin ; cf. Raoul Rochette, Peintures antiques inédites, p. 379, u’A ; Garnier, Bistoire de la verrerie et de Témaillerie, p. 48. — il Exemplaire du musée de l’Empereur Frédéric, à Berlin. — 12 Miroirs du musée du Louvre ; cf. Bull, de la Soc. des antiouaires de France, 1891, p. 14, n" 125. U Bri- lish Muséum, Jahrbuch des kaiserlich deuischen archâologischen Instituts, Archâologischer Anzeiger, 1908, p. 419. Erwerbungen des Brilish Muséum im Jahre 1907, V. Lead, 2. — «Musée de Sofia ; cf. Dobrusky, Bull. coït. hell. X.XI, 1897, p. 121, fig. I et 2. — 15 Musée de Ratisbonne ; cf. A. Kisa, Uas GUf p. 361, fig. 75. — 16 Miroirs trouvés à Carnunlum ; cf. E. Nowotoy, Glûserne

statons au contraire que les miroirs d’Antinoë sont de l’époque byzantine, que le spécimen de Cologne a été trouvé avec des monnaies de la fin du iir siècle, que les exemplaires thraces d’Orochak étaient accompagnés de monnaies des Sévères et que ceux de Reims apparte- naient à des mobiliers funéraires du iv° siècle. Tout porte donc à croire que les miroirs de verre, inconnus ou à peu près jusqu’à la fin de la période antonine, ne se sont multipliés dans l’Empire qu’à partir du début du m» siècle ap. J.-C.

XIV. Verre à ritre"-" jdomus, fenestra]. — Le verre à vitre ne paraît pas avoir été connu avant l’époque impériale romaine ; il n’a pas été signalé par les écrivains antérieurs au iii« siècle de notre ère’^' ; mais des frag- ments découverts à Herculanum et à Pompéi prouvent que l’usage s’en était généralisé avant la fin du i" siècle ap. J.-C. Plus éloquents que les textes, les témoignages matériels sont aujourd’hui très nombreux : ils consistent en éclats épars dans les ruines des maisons, en vitres encore en place dans leurs châssis de bronze ou de bois’-. Des carreaux fixés dans le mur fermaient des lucarnes dans la maison du Faune et dans celle de Cae- cilius Jucundus,à Pompéi^^Des vitres de 527 centimètres sur 33 et de 60 centimètres sur 30 sont conservées aux musées de Naples et de Londres ; mais la plupart des débris que nous possédons ne dépassent guère 10 à 13 centimètres. Pompéi et Herculanum ne sont pas les seules localités qui en aient livré : on en a recueilli en Italie, à Puteoli (Pouzzoles), à Rome, à Velleia (Emilie) ; en France, au Vieil-Évreux ^ à Alésia-% à Carnac (Mor- bihan) ; en Suisse, dans les fouilles de Colombier’" et à Vindonissa ; en Allemagne, dans les ruines des villas romaines des bords delà Moselle-’, à Bonn, à Coblence, à Wiesbaden, au camp de Neuss et dans les décombres des officines de la région de l’Eifel-’ ; en Angleterre, à Wilderspool-’.

Il est à remarquer qu’on peut facilement distinguer deux séries dans ces documents. Ceux de la haute époque impériale ont de 3 à G millimètres d’épais- seur ; ils sont en verre bleuâtre, verdâtre ou d’une teinte tirant sur le brun. Ceux du m’ et du iV siècle se rapprochent davantage de nos vitres ; ils sont en verre plus limpide avec une légère coloration vert d’eau très pâle ^ Les uns et les autres paraissent avoir été fabri- qués par un procédé de coulage très primitif. La masse vitreuse était sans doute versée sur une plaque, puis tirée de tous côtés à l’aide de pinces qui ont laissé leur empreinte sur maints débris. Le verre à vitre des anciens n’est pas uni sur ses deux faces ; l’une des deux est plus ou moins rugueuse ; on pense qu’elle a

Kom’cxspiegel, Jahreshefte, 1910, Beiblatt, p. 107 à 128. — n Cologne, Musée Wallraf-Uichartz, vitrine XLIX. — <» l.c nombre des miroirs trouvés à Reims est considérable. Cf. Calai, du musée archéol. de Heims, n" 2193 à 2226, 4848 à 4865 et 3360. — 19 Plin. IVat. hisl. XXXVI, 193. — 20 Kisa, Op. l. 301 sq.

— 21 Suivant Kisa, Op. l. p. 362, il e§t .|Ucstion du verre à vitre dans Lactancc, saint Augustin, saint Jérôme, auteurs de la basse époque impériale. — 22 Châssis de bronze d’Herculauuni et de Pompéi (lig. 2943) ; châssis de bois de la maison de Diomcde à Pompéi ; cf. Maiois, Ruines de Pompéi, II, 3’ partie, p. 73-77, pi. i.

— 23 Cf. H. Thédeiiat, Les villes d’art célèbres, Pompéi, Vie privée, p. 93, fig. 01.

— 21 Bull, de la Soc. fr. des fouilles archéol. 19)3, p. 23. — 25 Bull, archéol. 1912, p. 53, Fouilles de M. le comm. Espérandieu à la Croix-Saint-Charles.

— 2C Débris eiposés au musée historique de Neuchàtcl, n»’ 247 et 248. — 27 Nom- breux débris au musée de Trêves. — i8 A, Kisa, Op. l. p. 364. — 29 Jbid. p. 305.

— 30 Tels sont les débris découverts à RuITcnliofen avec des monnaies de Marc- Aurèlc et de Philippe I" ; cf. V. Kolil, Limeablalt, VI, 4. A Alésia, les fragments du 111» siècle sont aussi transparents et aussi bien faits que les vitres moilenies ; cf. Espérandieu, Bull, archéol. 1912, p. 53.