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Fig. 7531. — Athlète vainqueur, paré de bandelettes.

tout dans les sacrifices, comme un élément indispen- sable ; mais Ton ne saurait oublier que la bandelette des vainqueurs ’ (fig. 1074, 6979, 7431) précisait le caractère religieux de la récompense ; elle consacrait le vainqueur à la divinité dont il était l’élu [victoria]. Cet insigne de victoire se portait sur la tête ou s’attachait aux bras et aux jambes (fig. 182, 133.J et 7.551) -. Quand le vainqueur reçoit une couronne, le bandeau s’enroule

autour d’elle, en forme de lemnisque (fig. 1531) ; quand il reçoit la pal- me, qui est d’importation tardive, on y at- tache tout d’a- bord une lon- gue taenia ’. Même pour des exploits de guerre on don- nait la bande- lette en récom- pense ’. Dans la vie civile, on l’octroyait également pour des services rendus à des concitoyens ^

Chez les Romains, la bandelette de laine conserve son pouvoir religieux et prophylactique. Comme en Grèce, elle représente le symbole matériel et visible du lien religieux qui met sous la dépendance de la divinité l’être ou la chose consacrée^. Au même titre que le voile liturgique |^vel.men1, elle isole et met à part ce qui est consacré aux dieux ; elle sépare le sacré du pro- fane ’ : Claudien oppose les vittati aux p7’ofani^. Par la simple barrière de liens de laine, surtout si celte laine est teinte en couleur rouge, on rend infranchis- sable un enclos ou un temple ; et personne, sauf les prêtres, n’y peut plus pénétrer’. Un exemple frappant

fois dans les fresques de la tombe dite des Biges, à Corneto. — i Piiular. Isthm. V (IV), 6i (éd. W. Christ) ; Aiistopb. Ban. 393 ; Plat. Sympos. 212 E ; Thucyd.

IV, 121 ; V, 50 ; Xenoph. fourni-. V, 9 ; Pausan. VI, I, 7 ; 2, 2 ; 20, 19 ; Plutarch. PtTicl. 28 ; Alhen. XllI, 610 A ; Uesycbius, Lex. s. c. i,iSr,i«.. Hiller r. Gaer- triugen, Inschr. v. Priene (1906), 112, 93 et 118, 16 : t«.v ;« toT ; »,.T,»a.. ; cf. Boet- ticher dans Arch. Zeilung, XI, 1853, p. 9-11 ; Slephani dans C. r. comm. Saint-Pétersbourg, 1874, p. 137 sq. 208 sq. ; Juethner, Siegerkran : u. Sieger- hinde, Wien. Jahreshefte, 1, 1898, p. 42-46. — 2 -Notre Dgurc 1333 = S. Keinach, ftépert. cases peints, 1, p. 43, 3 ; cf. Juethner, toc. cit. p. 43 sq. Hg. 27, coupe de Berlin (= notre fig. 7551) et fig. 28 à 31 ; S. Reinach, op. cit. 11, p. 135, 3 et 9 ; p. 263, 292, 2 ; de Ridder, Cat. Vases peints Biblioth. nat. Paris, n" 487. — 3 Cf. sur des monnaies romano-campanicnnes du iv* siècle avant J.-C : Hcad, B. num. 2« éd. p. 33, ûg. 8 ; Babelon, .Vonn. J)ép. rom. I, p. 12 ; et sur un relief du Louvre : S. Keinacb, Bépert. reliefs, 11, p. 269, 2. — * Xenoph. Heît.

V, I, 3 ; Paus. IV, 16 ; Diod. Sic. XVII, 101, 2 ;cf. Stepbani, loc. cil. p. 116-153, 166 sq. — 5 Cf Pley, op. I. p. 76. — 6 Cf. Serv. ad Aen. 11. I 34, qui les interprète comme « vincula religionis ".et Hesycbius s. v. xXt.îSê ;. — 7 cf. S. Reinach, Cultes, mythes et religions, l,p. 229 sq. ; cette idée que la ri/(a et les in/’u/ae constituent un vetamentum est nettement eiprimée dans Ovid. Met. V, 110, et T. Liv. Il, 54 ; XXV, 25 ; XXX, 36, 4-5. — «Claudian. XVIII = in Eutrop. I, 330 ; cf. Virg. Aen.

II, 156. — 9 Dionys. Hal. Ant. rom. I, 15 ; Pausan. VIII, 10, 2 ; Propert. IV. 9, 2 ; Lucan. Il, 334 ; cf. J. Pley, op. l. p. 86 et sq. — lOTacit. Uist. IV, 33, 3 ; « spalium omne, quod templo dicabatur, vitliscoronisque evinctum ; ... vittas, quis ligatus lapis eral, contigit ». — Il Plutarch. Arislid. 5, 4 ; Epiclet. III, 21,6 ; Oillenberger, Syll. 604 : iiir» -i. ;. :8iV>u ço.,„rog ; Catull. LXIV, 310 ; Virg. Aen. Il, 221 (prêtre de Neptune) ; III, 81 et 370 (prêtre d Apollon) ; VII, 410 (prêtresse de Junon) ; X, 538 (prêtre d’Apollon et de Diane) ; Ovid. Afet. , 110 ; XllI, 643 ; XV, 676 ; Fast. VI, 457 (Vestales) ; Lucan. Phars. I, 597 ; Val. Klacc. Argon. I, 208 ; IV, 348 (prêtre d’Apollon) ; cf. V, 349 ; Serv. ad Aen.

III, 81 ; Feslus, p. 113 ; Isidor. Orig. XIX, 30, 4. Comparer la taenia des rois hellénistiques et, à propos du roi Scyphai, Sil. liai. /"un. XVI, 241. Déjà de longues bandelettes tombent sur les épaules des rois assyriens ; cf. Layard, Mon.

du rôle de la bandelette est celui que rapporte Tacite, à propos de la reconstruction du temple Capitolin, sous Vespasien : tout l’espace consacré au nouveau temple est environné de vittae et de couronnes ; la première pierre des fondations, qui fait l’objet d’un rite religieux, est entourée de ril/ae ’".

La bandelette est donc, par excellence, un insigne sacerdotal ". En Grèce, les prêtres la comptent au nombre de leurs attributs essentiels. Pour le personnel sacerdotal du culte d’Eleusis, un des derniers termes

de l’époptie est ràviSsai ; -itsu.ia’Xtwv xat iTitÔeotç’- [elEUSI-

MA, p. 573]. Quand la Pythie de Delphes s’apprêtait à rendre les oracles d’Apollon, elle tenait dans ses mains une bandelette levée vers le dieu, pour exprimer qu’elle était sa « possédée >> (fig. 7070) ’^ Le port de la bande- lette semble être commun à tous ceux qui cherchent ou subissent l’enthousiasme divin ’*. C’est pourquoi Homère nous montre entre les mains de Chrysès, prêtre d’Apol- lon, un sceptre garni de (îT£|j.(iO(Ta ’^ et pourquoi les poètes latins attribuent la vida comme insigne à la prophétesse Cassandre ’^. C’est également pourquoi nous retrouvons la bandelette parmi les insignes des bac- chants et des bacchantes ", tenue à la main ou nouée, soit autour du front, soit autour d’un bras ou d’une jambe, soit autour du buste ", soit à la haste du thyrse (fig. 684, 703, 2267, 2423, 3824, 6136, et les figures de l’article tuyrsus) ". A Rome aussi, « vittae sacerdotis sunt », dit Servius -". La vitta consiste générale- ment en un bandeau de laine ceignant la tête du prêtre et dont les extrémités retombent sur les joues ou derrière les oreilles jusque sur les épaules^’. Tan- tôt elle s’emploie seule ; tantôt elle se combine avec Vinfula, dont elle enveloppe ou dont elle serre à inter- valles réguliers les bourrelets de laine blanche ou écar- late, mais dont elle dégage les extrémités pendantes [i.NFULAj -- ; tantôt elle s’associe à la couronne, soit qu’on la dispose à plat pour fixer cette couronne sur la tête (fig. 1982), soit qu’elle s’enroule comme un lien autour des tiges [coRùNA et fig. 1531, 6380] ". Le slroppus, en grec

of Aineveh, pi. v, xv, xxxi, nxiv, etc. — !’■ ! Theon Smyrn. 14, 18, éd. Hiller. — 13 Notre figure 7070, d’après un vase peint de la Basilicate ; S. Reinach, Bépert. rases peints, 1, p. 390, 2. — i* Cf. Slat. Silv. 1, 2, 248 ; Val. Place. Argon. |_ i08. — ’5 Hom. //. I, 14 et 28 : Homère dit que les bandelettes sont attachées au sommet du sceptre ; cf. S. Reinach, Antiq. Bosphore Cimm. p. 74, bâtons de commandement ou sceptres de hérauts avec anses ou pinces ayant peut-être servi à attacher des bandelettes. — 16 Ovid. Ajnor. I, 7, 17. — n Cf. S. Reinach, Bépert. rases peints, II, p. 303, 5 (Ménades), p. 328, 6 (Ménade remettant une bande- lette à un Satyre), p. 348, 56 (scène bachique). — 1* Bcnndorf, Gr. u. sicil. Vasenb. pi. xliv ;S. Reinach, op. cit. I, p. 32, 4(Silène nu, avec bandelette sur l’épaule) ; H, p. 177, 1 ; de Ridder, Cat. Vases peints Biblioth. Nat. Paris, p. 608, fig. 143 (Satyre avec bandelette en échappe). — 19 Creuzcr, Symbolik, II, p. 358 ; Stephani, loc. cit. p. 138 ; cf. S. Reinach, op. cit. I, p. 13, 3 (bandelelte allachéeau IhjTse par une extrémité), p. 31, 13 (bandelette nouée par le milieu), p. 41, 3 ihandelette nouée près d’une extrémité), p. t">4, 1 (bandelelte simplement posée sur une branche du thyrse), p. 3t2, 3 (thyrse dressé sur le sol ; deux bandelettes sont suspendues aux branches), etc. ; S. Reinach, Bépert. reliefs, I, p. 86, 162- 164, 227 ; II, p. 62, 4 (Dionysos et Bacchante), p. 123, 3 ; p. 143, 4 ; p. 147, 4 ; p. Î37, 2, etc. ; 111, p. 83, 1 ; p. 135, .3 ; p. 144, 3 (Ménade), etc. ; sur ces reliefs la bandelette est nouée par le milieu ; Roux-Barré, i/ereulanum et Pornpéi, II, pi. VI, 31 {vitta verte) ; 111, pi. cxn, cxiv, cxvui ; IV, pi. xxxv, XLvn {ritta rouge) ; i.iv, Lvn, LTin, Lxx, Lxxix-Lxxxi, cxii (vittae vertes), cxt. ; V, pi. xxviii {vittae rouges). — 20 Serv. ad Aen. III, 81. — 21 Catull. LXIV, 310 ; Val. Flacc. Argon. VI, 64. — Ï2 Virg. Aen. X, 338 (prêtre d’Apollon et de Diane) ; Serv. ad Aen. loc. cit. : » infula, fascia in modum diadcmalis, a qua vittae ab utraque parte dépendent, quae plerumque lala est, plerumque torlilis de aibo et cocco » (pour ces torsades de couleurs alternées, cf. Desvergers, VÉtrurie et les Étrus- ques, III, pi. 11) ; cf. Virg. Georg. III, 487 ; Slat. Hilv. IV, 4, 92. — 23 Virg. Aen. Vil, 417, cf. VI, 281 (à propos de la Discorde) : Slat. Silv. I, 2, 248, et Theb. XII, 227 ; Val. Flacc. Argon. V, U cl 79 ; S. Reinach, Becueil de têtes antiques, pi. 146 et 244-243, têtes de Dionysos avec bandeau ceignant le front et retenant une guirlande de pampres ou des baies de lierre. Pour le type des