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dans les sources chaudes de Vicarello, il en est un qui porte l’inscription suivante ; Apollini sanclo et A’ijm- phis voto susceplo Gavia Rhndine cl. d. calicem argen- teiiin pecunia sua ’. Gavia Rhodinè a contracté un vœu (rolo suscepto) envers XpoUonei les Nymplies ; cependant elle qualilie d’olTrande (doiiiim dat, ou dat dédient) le vase d’argent qu’elle dépose dans la source ; il semble donc, en l’absence de la formule volum solvit, qu’elle n’ait pas attendu la réalisation de son désir, qu’elle ait, pour ainsi dire, payé d’avance la faveur demandée par elle à la divinité. Dans les ex-voto à Diana A’einorensi.s, la for- mule la plus fréquente est, non point v{otum) s{(>lcit) l{ibens) /n{erito), mais d(onuw)d{edit) l{ibe ?}s) m{erito)-. Peut-être, là aussi, les fidèles manifestaient-ils leur con- (iance à la déesse en lui dédiant leurs olfrandes avant d’avoirreçusesbienfaits. Mais, dans la masse destextes et des documents, de tels exemples sont rares, et le rite du vieu chez les Romains garde bien le caractère général de contrat, de pacte condi tionnel entre l’Iiomme et la divinité. Ce caractère se révèle d’ailleurs par maints incidents curieux. Ainsi le taux de la dette contractée et le mode de paiement donnèrent lieu à de curieuses controverses. Nous en citerons quelques exemples. Lorsque le dicta- teur Camille vil approcher le moment de la chute de Véies, il adressa à Apollon Fythien le vœu suivant : « C’est sous ta conduite, Apollon Py thien, c’est inspiré par toi que je vais détruire la ville de Véies ; aussi je le voue la dime du butin. » Après la victoire, Véies fut pillée par l’armée romaine et l’immense butin fut immédiale- menl distribué au peuple. Puis, lorsque Camille eut célébré son triomphe à Home, il fallut songer à s’acquit- ter des vœux contractés, en particulier de celui qui con- cernait Apollon. Comme Camille rappelait qu’il avait voué à ce dieu la dime du butin, les pontifes déclarèrent que le peuple devait payer cette dette sacrée. Mais ce qui était difficile, c’était de faire rapporter par le peuple le butin déjà distribué, afin qu’on prélevai la pari destinée à la divinité. On se décida enlin pour le procédé qui parut devoir le moins peser au peuple : on décréta que loul citoyen, qui voudrait s’acquitter, lui et sa famille, du vœu contracté, évaluerait lui-même le butin qu’il avait reçu, et rapporterait au trésor public la somme représentant le dixième de la valeur estimée : avec les sommes ainsi réunies on oll’rirait à Apollon un présent en or... Cette décision ne fui pas du goût de la plèbe et Camille devint impopulaire. Or, pendant l’année qui suivit la prise de Véies, Rome fut en proie à des discordes incessantes ; il fut question de transporter sur l’emplacement de la cité vaincue la moitié du sénat et du peuple romain ; celte proposition souleva des débats scandaleux. Camille intervint de nouveau et harangua le peuple en ces termes : « Il n’est pas étonnant que la ville souffre d’un tel délire ; bien qu’elle soit tenue par un vœu, elle s’occupe de tout autre cliose que de payer celte dette religieuse. Je ne veux rien dire de la contri- butioa déjà versée, qui fut plutôt une aumône qu’une véritable dime : l’obligation que s’est imposée chaque citoyen a libéré la cité entière. Mais il est un autre point dont ma conscience m’oblige à parler ; on n’a pré- levé la dime que sur la partie mobilière du butin ; quant à la ville elle-même et au territoire conquis, que

1 tbid. XI. 3i«T ; cf. 3i9*. — 2 jVod :. d. Aca». I»»7, p. Ï3, lîO, 193 ; 1SS8,

le vœu comprenait également, il n’en a été nullement question. « Le sénat, fort embarrassé, renvoya la ques- tion à l’examen des pontifes ; ceux-ci s’adjoignirent Camille el déclarèrent que la dime vouée à Apollon s’appliquait à tout ce que les Véiens possédaient avant que le vœu n’eùl été formulé, et à tout ce dont les Romains s’étaient emparés depuis le même vœu. On estima la valeur de la ville el du territoire ; on tira du trésor public la somme d’argent équivalente à la dime de cette valeur, el les tribuns militaires à puissance consu- laire qui gouvernaient Rome furent chargés d’acheliT de l’or avec cette somme. Comme on ne trouvait pas dans le commerce la quantité nécessaire du précieux métal, les matrones romaines apportèrent au trésor public tous leurs bijoux et toutes leurs parures d’or. On put ainsi fabri([uer un cratère, qui fui porté au sanctuaire de Delphes et consacré à Apollon ^ Le double récit de TiteLive et de Plutarque, parfaitement concor- dant sur les faits essentiels, nous fait assister à toutes les péripéties qui retardent ou compromettent l’accom- plissemenl du vœu contracté par Camille. Plusieurs questions prélent à discussion ; deux fois les pontifes doivent être consultés ; c’est seulement après un temps assez long que Rome réussit à s’acquitter vrai- ment du vœu prononcé en son nom.

Non moins curieux est l’incident qui se produisit en l’an 200, au moment où Rome allait s’engager dans la guerre contre Philippe de Macédoine. « Tandis que les consuls, rapporte Tile-Live, procédaient aux enrôle- ments et faisaient tous les préparatifs de la guerre, le peuple montra combien il était préoccupé de la religion, surtout au début des luttes nouvelles. Après qu’on eut adressé des prières aux dieux el qu’on eut célébré une supplicatio dans tous les temples, il ordonna, pour que rien ne fût omis de ce qui avait pu être fait jadis, que le consul désigné pour diriger la guerre de Macédoine vouai à Jupiter des jeux et une oUrande. Le grand pon- tife Licinius retarda l’exécution de la décision prise par le peuple, en déclarant que l’on ne pouvait pas faire un vœu sans fixer d’avance la somme ail’ectée à son accom- plissement. « Celle somme, ajoutait-il, ne doit pas être employée aux dépenses de la guerre ; il faut la mettre immédiatement de côté et ne pas la confondre avec les autres fonds publics : si l’on agit autrement, le vœu ne pourra pas être accompli selon les rites. >> De telles objections et l’autorité de celui qui les présentait firent impression ; toutefois le consul fut invité à en référer au collège des pontifes et à lui demander s’il était possible de contracter un vœu sans fixer d’avance la somme destinée à l’accomplissement dudit vœu. Les pontifes décidèrent que cela était possible et même préférable, .lors le consul, sous la dictée du grand pon- tife, prononça le vœu en usant de la formule employée pour les vœux des jeux quinquennaux, avec cette difl’é- rence toutefois que le sénat fixerait, au moment où le vœu devrait être accompli, la somme qui serait dépensée pour les jeux el pour l’offrande. Toujours jusqu’alors, quand on avait voué de grands jeux, on avait spécifié la somme prévue ; ce fui la première fois qu’on ne la fixa pas’. ■> Treize ans plus tard, le collège des pontifes con- firma sa jurisprudence en déclarant qu’en pareil cas le

p. 193, va. — 3 Li». V, ;i- !5 ; l’iularch. Camili. 7 8. — * Ljy. ..X1, 9.