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C. Flaminius, consul en 217, de prononcer les vœux annuels, Rome, plus encore que le magistral coupable, passait pour être exposée à la colère des dieux ’. Dans certains cas, toutefois, le Sénat crut devoir, soit ratifier par un acte formel les vœux ainsi contractés, soit au contraire en laisser l’accomplissement à la charge de leur auteur. Ainsi, en 203, Scipion, le futur Africain, de retour d’Espagne, fit décider par un sénatus-consulte que les frais des jeux voués par lui au cours d’une sédition militaire en Espagne seraient couverts par les sommes qu’il avait versées au trésor public". Mais qua- torze ans plus tard, en 191, un autre Scipion, P. Corné- lius Scipio, consul cette année-là, ayant demandé au Sénat qu’une somme lui fût allouée pour la célébration de jeux qu’il avait voués, étant propréteur en Espagne, au cours d’une bataille indécise, le Sénat refusa, pour la raison que P. Cornélius Scipio avait voué ces jeux de sa seule initiative, inconmilto senatu, ex sua unius senlen- ^j’a, et décida que P. Cornélius Scipio paierait les frais de ces jeux avec le produit du butin de guerre qu’il avait pu faire, ou bien sur ses ressources personnelles’.

Les vœux tenaient donc à Rome une place considé- rable dans la vie publique et officielle, aussi bien sous la République que sous l’Empire. La nuncupatio et la solutio votoi’um étaient réglées par le jus sacrum. 11 était du plus haut intérêt pour l’État romain que les engagements contractés en son nom envers la divinité fussent formulés d’abord, tenus ensuite en stricte con- fornailé avec les rites religieux ; la prospérité et la gran- deur de Rome en dépendaient. C’est là sans doute ce qui explique le nombre considérable de sanctuaires qui furent consacrés dans Rome en exécution d’un vœu, l’importance et la splendeur des cérémonies .votives, jeux, sacrifices, supplicationes. Cette conception des rapports réciproques entre l’homme et la divinité, qui n’est certes pas absente de la religion grecque, parait cependant s’être le mieux et le plus complètement réali- sée dans le culte romain. Les formules votives sont pro- portionnellement beaucoup plus fréquentes dansl’épigra- phie latine que dans les inscriptions grecques. Les ins- criptions provenant des grands sanctuaires helléniques, aujourd’hui fouillés, de Dodone, d’Olympie, d’Épidaure, de Délos, de Delphes, de Pergame, fournissent rarement

I T. Lit. XXI, 63. — 2 Id. XXVUl, 3S. — 3 Jd. XXXVI. 36. — Bibi.ioi :ii»i>hie. Sur le vœu dans la religion grecque nous ne connaissons aucune étude générale. Pour la religion romaine, voir : A. De Marchi, Il cnlto privatodilioma antica, Rome. 1896, I, p. i" ! sq. ; Wissowa, Ac/ijion und Kultus der Rômer, Munich, laii, p. 3S1 sq. ; Warde Kowler, Tliereligious experienceofthe Jtomanpeople. Oiford, 1911 , p. 200 sq.

VCI.CANUS. — 1 SiUig, De Graeconim nominibus theophoris, Diss. pliil. liatenses, X.X, I. — 2 En Pisidie, on rencontre la Torme ’rsiirroTu^jç ; ; Lancko- ronski, ^tàdte f’amphyl. und Pisidiens, II, 178 (iuscr. de Termessos) ; cependant Dreiler, Jahrb. klass. Phiiol. XXXVIll (189i), 841, corrige en ’Vixc-.it^i^i. La graphie ’Hcas^o ; se trouve cxccptiounellemcnt deux fois sur les vases atti(|ues (Kretschmer. Griech. Vascninschr. 1S7) ; une fois an moins, il j a faute d’écriture ; ef. U. V. Wilaniowilz, hephaistos, 239, i7 ; Malten. dans Pauly-Wissona, Jteal- Encycl. art. Hephaistos, 340. — 3 .Malien, ibid. 340 : Gruppe, Mylhol. Il, 1304, note S. Dialecte éolien : ’.isnoro ;, d’après les grammairiens, les écrivains, les inscriptions ; R. Meister, Griech. Mat. I, 39, t. Les formes "Asaicni,». (/nscr. Graee. XII, î, 646), ’Asai^ri ;, nom de femme (XII, 2, 533), se ratlaclienl à celle transformation dialectale. Même radical en dorien : Pindar. Pyth. I, 25- III, 40- Olymp. VII, 35. Pour les formes parentes, constatées en Réolie, en Argolidc, à liliodcs, en Cliersonèse Taurique, cf. les relevés de Malten, (. c. 341. — 4Cr<i<ul. 407 c : connaisseur du feu. — s Cornul. U’ ; Scliol. ad Odyss. VIII, 297 : i,}, -.„ !i

?,.’i»i [s’allumer : i.- !.., io,jl : on rapproche Jlaj»^. ;, inlangihie ; î.irroî, invisible ; 

Ulymol. magn. ». v. ’Hsai<no(. — 6 Relevé de Malien, op. c. 341. Une première série d’explications met le nom du dieu en relation avec ûr.-w, «=«,, eatô ; ; Gruppe Crieeli. i/yth. il, 1305, note I. Autres rapprochements avec les dieux védiques : jarishtha, . très jeune ? -, épithélc d’Agni, le dieu védique du feu, ccst-à.dire le dieu qui ne vieillit pas ; jàbhayishtha, « futuatioDIS oupidissiniiis ? » ; cf.v.SchrB-

les termes tels que eùy>iv, jÙ/y, ; yapiv, inzïp £Ù/îii ;, xax’ eù/v, £Ù ;i[iEvoç. Dans le recueil des inscriptions grecques de Ch. Michel, ces mêmes mots ou formules ne se retrouvent pour ainsi dire pas dans la série des 232 textes religieux groupés par l’auteur. Au contraire, la formule votum sol- vit libeîis aniino ou libens mvrito, abrégée en v. s. l. g. ou V. s. I. m., est une de celles que l’on rencontre le plus- dans tous les recueils d’inscriptions latines. J. TOUTAIN.

VULCAXAL et YOLCAXAL. — [vulca.nus, sect. II].

VULCAXALIA.— [vllcaxus, sect. IIj.

VULC.A’L'S ("Hsï’.ffToç). — I. Grèce. — Personnifica- tion du feu terrestre, dieu forgeron boiteux de la mythologie grecque traditionnelle.

I. Le nom. — Les récits épiques donnent à son nom la forme "Hsataxoç, qui se retrouve dans toute la série des monnaies d’.sie et entre en composition dans les noms théophores’. Les variantes sont rares ^, si l’on excepte les transformations dialectales’. Déjà les anciens avaient cherché l’étymologie de ce mot, qui, dès le premier aspect, se révèle peu grec : Platon, dans le Cratijle^ rapproche fiso^ ïarcup, maiaxôç. Certains stoïciens proposaient d’autres explications, tirées de la nature du feu^. Les étyiaologies modernes qui procèdent du même principe n’ont pas atteint plus de certitude ^ Le rap- prochement avec la ville Cretoise de Phaistos semble impossible". C’est l’étude des origines préhelléniques du dieu qui, seule, pourra guider utilement des recherciies dont le temps ne semble pas encore venu *.

II. La vie légendaire. — La mythologie grecque, adoptant Iléphaistos, le présenta comme fils de Zeus et d’Héra [jipiter, p. 7061, mais plus précisément, dès les origines, d’Héra [ju.xo, p. 676]’. L’intervention du jeune dieu en faveur de sa mère ’", qu’il cherche à protéger contre la colère de Zeus, est déjà, dans l’Italie même, une tradition significative". Il n’est pas impossible qu’il faille chercher, sous cette particularité d’unelégende toute constituée au moins à l’époque d’Hésiode, sinon, comme on l’a dit, une transposition des usages du culte de r-r ; et de la Mère des dieux ’-, du moins un souvenir lointain de la constitution de la famille, dans les régions asiatiques d’où venait, on le verra, Iléphaistos". C’est, en effet, la forme dite plus spécialement hésiodique de la tradition qui s’est imposée " : Hephaistos est considéré

der, Aphrodite und f/ephaistos, SI Hephaistos. — " Peu Je traces d’Iléphaistos eu’Crète, distiuct. d’après Malten, du rr/./«vi ; local ^cf. cependant p. I 000 et voi- CANUS, sect. Il ; cf. A. J. Reinach, Jlei-. hist. d. relig. 1913, 1.71, qui conteste les arguments de Malien. — s On ne trouve encore aucune iudicaliou dans J. Sund- wall, i :;io, A7 Uciheft, Die einheimisehen Aamen der Lykier, 1913. Fick, Vor- griech. Ortsn. 66 [.Vosychtos] reconnaU justement la haute antiquité du mot. On peut espérer qu’une inscription bilingue lycienne, même funéraire, comme celles qui sont actuellement connues, donnera, un jour ou l’autre, la forme pri- mitive ; d’après les épitaphes grecques de la région, on sait déjà qu’Héphaistos était un des grands dieux de l.ycie, et que comme tel, il percevait notaïunieat les amendes prescrites en certains cas par tes lois sur les sépultures. — 9 Zeus cl Héra nommés ensemble : Jliad. XIV, 33S ; Ljdus, De mens. IV, 86, nomme par erreur Kronos ; liera nommée seule, I. »72 ; XIV, 166 ; XXI, 330 sq., 369, 378 S(|. Le rapport d’Ilépliaislos et d’Héra est toujours plus fortement marqué ; déjà dans la tradition homérique, la déesse aurait enfante Hephaistos sans s’unir à Zeus ; Malien, Arc/i. ./a/ir*. XXVII (1912), p. 261, noies 5, 6. — 10 /(. I, 372-590. — " Il n’est pas surprenant qu’Hésiode présente Iléphaistos comme lils d’Héra, qui l’aurait mis au monde à elle seule, ainsi que Typhocus ; Theog. 927 sq. ; Hymn. hom. ad Apoll. Pyth. 129 ; cf. le fragment de Ckrysippe signalé par Malien, article Bephaislos, 342 ; Usener, ii/ieiii. ilus. LV1(190I), 174 sq. ; Gruppe, Griech. Mythol. 1312, note 5. — ’2 Opinion soutenue par Kaibel, G(S«. .Vac/ir. I9ui, p. 517. _ 13 Sur le malriarchat en Caiie et Lycie, La«y, Mél. Perrot, p. 253 sq. — 1» Sur l’origlue de la tradition que nous conserve l’Iiynine à Apollon Pylhien,. 139 sq., cf. Maltin, (. c. 342 ; Bergk (Jahrb. /’. PhUol. ISCO, 302) et Alleu, Uomer. Bymnen, font dériior celle tradition d’Homère ; lavis contraire esl soutenu par Ueener, Hhein. .Mus. LVI (1901), p. 182.