Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VUL

— 982 —

VUL

détaillé : venue près d’Héphaislos pour lui commander des armes, la déesse vierge se voit assaillie par le fou- . gueux forgeron : elle se dégage à grand’peine de ses bras et de la semence de vie tombée sur le sol nait Éri- clithonios, monstre anguipède parce qu’il est fils de Gaia comme les Géants erecutueus-bricutuonus’. La pre- mière représentation figurée de cette aventure, d’un réalisme très primitif, avait figuré sur le trône sculpté par Bathyclès de Magnésie, qui peut-être interprétait là une tradition ionienne ’, bien que plusieurs mytho- graphes rattachent directement à l’Attique — et avec raison, ce semble — l’invention de l’épisode -.

De toutes les régions de la Grèce propre, c’est assu- rément l’Attique qui a donné le développement le plus étendu à cette partie de la vie légendaire d Héphaistos. C’est ce qu’expliquent des raisons symboliques. Le dieu n’était guère connu à Atiiènes que comme dieu forge- ron, patron des artisans, dans le quartier desquels il habitait avec la protectrice de lacité^ ; cette installa- tion donnait satisfaction aux habitants de la basse ville, tandis qu’Athéna Folias, seule, régnait plus aristocra- tiquement sur l’Acropole* ; l’Athéna des artisans avait un nom spécial, apparu probablement à la fin du v siècle ; elle était r.théna Héphaistia ». Du reste, ce n’est pas à cette époque, mais bien antérieurement, qu’on connaît en .ttique les relations d’Héphaistos avec la déesse et la fable de la naissance d’Ërichthonios ; les traditions littéraires ’, les peintures de vases ^ nous en avertissent, pour une date qui va jusqu’à la première moitié du V siècle : même, si Bathyclès de Magnésie a puisé, comme on le croit souvent, aux sources atti- ques, il faudrait remonter jusqu’au temps des Pisistra- tides*.

L’aventure de la naissance d’Érichthonios était-elle, en Attique, l’écho d’une ancienne tradition de mariage divin entre Héphaistos et Athéna, ou le témoin d’un essai malheureux de rapprochement entre les deuxldivi- nités".’ On s’arrête plus volontiers à la deuxième hypo- thèse. Sur les représentations des vases, c’est Gè. la Terre [telli’s (]ui apparaît comme la véritable mère d’Érich-

Les plus anciens témoignages littéraires sont ceux de Pindarc eX d’Hellani- kos Cl ; cf. Ilarpocralion, s. i : ai-iit^in et navatr.vmi : cf. aussi Euripid. Ion, S6S, ÎT7 sq-.fragm. Si", Naucli !; Calliniach. Bekale, dans Goniperz, p. 10, fragm. 61. Le récit d’.Apollodore n’épargne aucun détail : é Si «-E(mcçiir,vEv cï ; tô ffxfAoç

•tt ;; O.S ;, Ull.r. Si |iU5.) ;«tr5. îpi... i.on.U»» Tiv fo.o« tî ; ^^v t" ?a-.i<. Ct. WilamO-

wilz, Gôtl. Nachricht. 1S93, 733 sq. [Eralliosl.]. Nombreuses mentions dans iNonn. XIU, 177 ; XIV, 180 ; XXVll, 317 sq. ; XLI, 63 : XLU, i48 sq. — I l’ausan. m, iS, 13 (en supposant que l’interprétation de Pausanias ait été exacte : *Abi)và Ji, ;,..vTa àiïoçtvjojoi tirriv ’HoK.iTj’.v) : cf. Rciscli, Ocsterr. Jahresh. I, 83 ; Sauer, Theseion, 57 ; Gruppc. /ierl. philol. Wochensclir, 1908, 1598. — 2 Malien, dans Pauly-Wissowa, s. v. p. 3i9 (indication des arguments el des sources). La scène se serait passée à Marathon, ibid. 352. L’interprétation de Happ, dans Roscher (col. 2063-4), pour cctio tradition n’est pas moins tendancieuse que toutes les autres explications de la vie légendaire du dieu, donnée» dans le même article. — ^ Diodor. V. 7t, 3 ; Callimacli. Bymn. in Jov. 76 ; les Xs’/niTa à Athènes, tUc< d’Héphaistos : Plat. De leg. 020 D. — ^ Ualten, /. t. p. 3W, d’après Wila- mowilt. fleph. iiO ; cf. Samr, TItcseion, 57, ct Rcisch, Oeterr. Jahresh. I (IK’iM, p. 83 sq. — 5 Le nom ne se trouve pas dans Jnscr. gr. 1, p. 64, n» 356 (orp.inisalion des fêles d’Iléphaisiosi ; mais pour la première fois ibid. Il, 1, n* 114 : le nom d’Atlièna Héphaistia se trouverait sur la peinture interprétée par Curtiu*. Arck. An :. IS94, p. 36 sq. (fin du v siècle). — 6 Euripid. fragment 925 ; Hcllanic. .4((’iis. I : Harpocrat. s. v. naya !r..a<« (fondaliou des Panathénées par Érichlhonios) ; le témoignage ’ d’Aniélrsagoras (Antigon. Caryst. lii con- duiriil encore plus avant : cf. Wellmann, Hermcs, XLV (IDIO), p. 560. — ’ t ;f. le catalogue dre»sé p,ir ."^auer. /. /. 58-6i. Les six premiers de ceux que cilc Malten, d’après ce catalogue, p. 3 »9-3 :ift (amphore de Bologne, relief de terre cuite d’Athènes = Hoschor, I. fig. delà p. 1577-1578 ; sl«mnos de .Munich, hydric de Vulci, amphore llausor, Arcb. Jahrb.l (1896), 189 ; coupe de Corncto = noire fig. 1278), sont plus anciens que le temple dit Théscion ’lléphaisleion de B. Sauer). Héphaistos figure sur In coupe de Corncio (Sauer, p. 62 sq.), que Reisch, /. /. p. 84, daterait d’avant

thonios, tandis que la déesse de la sagesse n’a guère, dans l’aventure, que le rôle d’une sage-femme (fig. 1278) ^ ; les primitives traditions littéraires n’y contredisent point’". Celles de ces traditions qui sont postérieures à l’époque des Pisistratides, ne nomment encore que Gè et Héphaistos, celui-ci, plus anciennement, n’apparaissant même pas ". Il se peut en vérité que ni Héphaistos, ni surtout ,théna, n’aient eu, dans cette légende, un rôle originellement important. .Vvec la même réserve, et revenant ici aux plus anciennes traditions, Platon tait l’aventure et mentionne toujours comme symboliques les rapports d’Héphaistos et d’Alhéna ; .Vlhéna est la (TovTEyvoç du dieu ; elle patronne avec lui les arts utiles, associant la ot).o<r&cs ;a à la i’.ÀoTe/vîet ’-. Les écrivains plus récents ont suivi cette même tendance : la plupart n’in- sistent que fort peu sur les relations du dieu forgeron avec .^théna, mêlant seulement le nom de celle-ci, à l’occasion, à quelques-unes des aventures de la vie parti- culière d’Héphaistos. Tantôt il obtient Athéna en mariage pour prix de la délivrance d’Héra enchaînée", tantôt il la reçoit en récompense pour son aide bénévole lors de la naissance miraculeuse". En somme, les complications de l’épisode laissées de côté’*, on voit clairement, encore une fois, reparaître le même carac- tère, constant, d’Héphaistos. L’aventure d’Érichthonios ne fait qu’illustrer, en .ttique, les rapports du dieu avec la protectrice féminine des métiers manuels. Là encore, comme partout, il reste surtout le dieu artisan et forgeron.

Cn dernier épisode le fait probablement encore repa- raître sous le même aspect : c’est sa participation à la fiigantomachie [gigaxtesI. Le rôle d’Hépliaistos dans la bataille des Titans et des dieux serait attesté dès le milieu du vi= siècle par la peinture de vases’*. Il est moins sur qu’on doive reconnaître le dieu forgeron dans le personnage de la frise du trésor de Siphnos, à Del- phes, qui presse un soufflet de forge, activant la prépa- ration des masses de fer enflammées, armes de Zeus ; les lettres de l’inscription encore visibles ne concorde- raient pas, en définitive, avec une explication quia été

460. G. Robert, Marathonschïacht. 75. et Sauer. 212, 1, font descendre la date jusqu’à 437, soit encore avant la construction de l’Héphaisteion. Le cratère de Chiusi reproduit par Sauer, 64, et où ligure aussi Héphaistos, est plus récent ; cl- ic relief de la fin du v* siècle, Sauer, 65 sq., interprété par Amelung, Skulpt. d. atik. Mus. 643. — s Malien, l. l. p. 350 : Arch. fur Beligionswissensch. XII (1909), 425, 446. — 9 Voir par exemple les vases mentionnés dans la note 7. — to Euripid. /on, 277 ; cf. 553. Nonnos, ■XXVII, 322, appelle Érichthonios 7«ii(«i,- xoj6« ; ; l’étymologie même du nom (lpt-/«o,i-. ;) prouve la parenté originelle avec la Terre ; cf. -tD.jrSi.io ; du diuos altique, Graef, ’ii,vtii d. Akropolis. I. pi. 336 ; le dieu lire de son origine sa forme physi<|uc de démou-serpenl (cf. le vase de Brygos, Wiener Vorlegebt. VIII, pi. ii ; Pausan. 1. 24, 7 ; Apollod. lU, 189 : Frickcnhaus, Athen. ilitt. XXXIII (19081. p. 171). Le passage de VJtiade, 11,547, qui date du temps des Pisistratides (cf. Wilamowili, Borner. Cnlers. 243 sq.) :

Si ;i»ov "Eçi ;/ !?.» ; iii^s’AtiToo-, ;. S. 50t’ '.VSi.-ir, «fsii Ai4 ; SvTdTr.p, it’il Si ZliitifOi

«po :jça, marque bien le rôle primitif d’Alliéua. qui est celui, tout au plus, d’une mère nourricière. Eu même temps ce passage nous apprend l’identité primitive d’Érechlhcus et d’Erichthonios, distingués par la suite ; il ne nomme point Héphais- 108. — n Cf. note 6, p. 978. et le passage de VJliade, H. 547 ; pour les traditions plus récentes, cf. celles sur l’origine des Étéobouladcs (Plut. VU. orat. 843 E) ; Isocrat. /’nfiaf/i. 126 : Hcllanic. np. Harpocrat. s. v. Tlavntr.vata ; Steph. Byz. ». V. Mi7«o» : Apollod. III, 187. — lâ l’olilic. 274 ; Leg. 920 d ; Protag. 321 c ; Crit. 109 c. — 13 Ilygin. Fab. 166. — 14 Lucian. Diatog. deor. 8 : Philostrat. Imag. Il, 27 ; cf. Ciruppe, Gesch. d. Alythol. 1317-4. — ts Qn se reportera pour plus de détails à Gruppe, l. l. ; Malien, op. /. p. 350-352 ; Rapp, dans Roscher. 2063-64. — te Parmi les plus anciens, un vase provenant du « Perserschutt • (Graef, Vas. d. Akrop. I, p. 70, pi. 35 sq.l représente Héphaistos combattant contre Arislaios ; cf. Suidas, s. r. ; Malien, A’i/rcne, 83 ; pour les coupes à figures rouges qui représentent le même combat, cf. Berlin, u* 2293 ; Brit. Mus. B. 47 ; de Ridder, Vas. Bibliolh. mit. 573, p. 429 ; S. Rein,-icli, /tép. de vases. Il, p. 256.