Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ZUP

— 1068 —

ZOP

Sons ces différents aspects, la frise ionique est constituée par un cours de blocs, au lieu d’être l’ragmenlée comme la frise dorique. Il est rare qu’elle soit taillée d’une seule pièce avec l’architrave, comme il arrive au Philip- peion d’Olympie’ ; aussi bien ce procédé ne parait-il admissible qu’avec une frise lisse ou simplement moulurée. Les figurines du cop/ioros sont sculptées en relief sur le bloc même du parement qui leur sert de fond ; toutefois, à l’Érechtlieion, pour obtenir un effet de polychromie, elles avaient été travaillées à part, en marbre blanc de Paros, et fixées à l’aide de crampons sur l’appareil de frise, en marbre bleu sombre d’Eleu- sis. L’appareil que décorent des sculptures est en général de médiocre épaisseur ; en ce cas, il laisse place à une seconde rangée de blocs appareillés, faisant contre-parement (àvTiO£|ia)^ Notre figure 7002 donne un exemple de cette disposition au Parthénon. Pour alléger la charge qui pèse surTépistyle, un vide peut être réservé entre les deuxassises parallèles. Quantàla hauteurcano- niquc de la frise, elle est ainsi définie par Vitruve : « La frise, au-dessus de l’architrave, doit être d’un quart moindre que l’architrave ; toutefois, s’il y a lieu d’y figurer des statuettes, elle doit être faite d’un quart plus haute que l’architrave, afin que les sculptures aient de la dignité’. » Autrement dit, selon que la frise est lisse ou sculptée, elle comporte une hauteur égale aux 3/i ou aux 5/4 de l’arcliitrave, ce qui donne pour la frise sculptée les 5/3 de la frise lisse. Toutefois, s’il est nécessaire de mettre en valeur les figures décoratives, une telle disproportion entre les deux variétés de frise semble exagérée et peu vraisemblable. M. Choisy conjec- ture que la notation originale était vu {septima), au lieu de IV {quarto) et propose de rectifier ainsi la règle * : hau- teur de la frise lisse = 6/7 de celle de l’architrave ; hau- teur de la frise sculptée = 8/7. A vrai dire, les règles indiquées par Vitruve d’après l’école d’Alexandrie sont purement théoriques. iNous constatons moins de rigueur dans l’application. A Phigalie, la frise zoophore est plus haute que l’architrave ’ ; mais, au temple d’Athéna Nikè et à l’Rrechtheion, elle est sensiblement plus petite, contrairement au canon vitruvien °. D’une façon générale, l’élévation de la frise égale sensiblement celle de l’architrave ou bien est moindre ; et la différence représente une fraction qui varie entre 1/12 et l/’i". Au-dessus de la frise, Vitruve mentionne le cymalium znphori *, à la fois bordure supérieure du zophoros

(io loro : Lanckoronski, op. cit. Il, pi. xxv et fig. {l’i ; temple ionique de Tholtliata, au Liban ; Uunn, Baukunst d. Etr. u. d. IVmer, 2» iA. 1905, p. 213, fig. 260.

— t Kotonde pi’-riptôrc, commencée par Philippe 11 de MaciMoine après la Ijalaillc de Chi^ronéo, en 338 : Laloux et Monceaui, llcslaur. d’Olympie, p. 112.

— 2 Cf. l’inscription du temple d’Apollon DidymcCD citi’C p. 10il7, n. 17. I.e mot à-’-cfOsiia se rencontre aussi dans les comptes de la construction de rÊrcclitlieion ; sur le sens du mot, voir Choisy, Études épifjrapfiiqiies sur l’architecture gr. 1884, p. 100. Type de conlreparement au portique nord de l’Êrechtheion : Uurm, op. cit. p. 262, fig. 18S. — S V’itruv. III, 6, 17 et 18 : « item zophorus supra epislyliuni, ’[uarla parte minor quam cpistylium ; sin auteni sigilla desiguari oportuerit, quarta p :irte altior quain epistylium, uti auctoritatem halieant sculptnrae ». — ^ Choisy

Vitruve, I, p. 85 ; il appuie sa conjeclurc sur ce lait que, chez Vitruve, le mol item rappelle en g<^n«^ral un chifl’re antérieurement nommé. — 1» Hauteur de l’ar- chitrave, avec la hordurc sculptée qui la sépare de la frise : m. 481 ; liaufeur du zophoros : m. 036 ; cf. Durm, op. cil. p. 271, fig. 191. — « Hauteur de l’architrave d’Athéna Niké : m. «S, li. de la frise : m. 440 : pour le portique nord dcl’Hrcchtheion, cf. Uurin, op. cil. p. 2G3, fig. 180. I.e cosmopliore suit la même régie que la frise lisse. — 7 Cf. Durm, op. cit. p. 202. - 8 Vitruv. 111, 0, 19 ; le contexte parait indiquer qu’il s’agit de la frise lisse ; Choisy, Vitrurc, 1, p. 80 ; 111, pi. XVI, fig. 1 et î. — 9 Pour supprimer la iliscordanco qui établit ce rapport 1/7 entre la saillie du cymalium et la largeur des dcnticnles, C’ioisy propose de lire l/ii. — ’"Temple de Zcus ii Aizanoi, I.e lîiis-Wadilinglnu,

et première moulure d’un encorbellement constitué par des denticules, qui atténue le porte-à-faux de la corniche. D’après les manuscrits de Vitruve, le cyma- lium sop/iori représenterait la septième partie de’ la frise ’.

Décoration plastique. — La frise cosmophoro reproduit les principaux motifs du répertoire ornemental, tels qu’on les trouve déjà dans la décoration peinte des temples archaïques : ornements géométriques, auxquels il faut joindre les stries verticales ou canaux, rappelant la cannelure des fûts ’" ; ornements végétaux, où dominent les palmettes, les roses et les fleurs de lotus (fig. 1793) ". La « guirlandomanie » alexandrine déve- loppe sur la frise une opulente floraison de rinceaux et de lourdes guirlandes’-, à l’imitation de celles dont on parait les temples aux jours de fêles. Enfin, à la même époque se multiplient les ornements symboliques, appro- priésau caractère etàla destination de chaque monument. Au théâtre de Pergame, les guirlandes sont soutenues par des masques (fig. 4080) ". Au bouleutérion de Milet, comme sur une balustrade de Pergame (fig. 7108), on accumule les trophées d’armes ’^ Pour les édifices sacrés, la fantaisie de l’art hellénistique sait tirer un heureux parti des attributs cultuels et des emblèmes divins (fig. 419). Les bucrânes, que l’on avait coutume de suspendre aux parois des temples et aux soubasse- ments des autels (fig. 5997), fournissent l’un des prin- cipaux motifs de ce décor ’^. Au temple d’Apollon Didy- méen, sur les murs du se’cos, entre les chapiteaux des pilastres, c’est la lyre du dieu qui devient motif de frise ’^ Au temple de l’Athéna Niképhoros de Pergame, sur la frise du propijlon, des guirlandes de chêne et d’olivier enferment dans leurs courbes rythmées la chouette de la déesse et l’aigle de Zeus, qui alter- nent avec la patère des sacrifices et avec des têtes de bœufs, parées de la bandelette des victi- mes ’^ Ici, comme à Didymes, où des grifl’ons sont les gardiens des lyres, la présence du motif animal constitue un type intermédiaire entre le cosmophore et le zoophore.

Les frises d’animaux, si fréquentes dans l’art indus- triel et surlout dans la céramique du vi« siècle, sont très rares dans le décor sculptural des monuments grecs ’*. On n’y retrouve pas ces processions lentes et majestueuses de fauves, que l’architecture ninivite se complaisait à dérouler en frise sur les murailles des

Voyage archéol. Asie Min. pi. xxiu, .^xvin-xxx ; temple dit de Zeus à BaaIbeck, ordre intérieur, cf. Durm, Baukunst d. Dômer, i’ éd. 1905, lig. 683, elNoack, op. cit. pi. ci.xxKix. — •* Cf. la frise décorant le mur du sècos au templo d’Athéna Niké {v« s.) et à la tholos d’Kpidanre {iv« s.), la frise de l’entable- ment ionique au grand autel de Pergame et celle des niches ioniques au porticpic d’Athéna Polias (Collignonl’ontreinoli, Penjame, p. 72 avec fig. et p. 115, 110) ; rosaces à la porte déjà signalée de l’I-Irechtlieion, à la frise du Ptolémacion de Samothrace, au temple de Zeus d’Aizanoi (I.e Bas-Waddington, op. cil. pl. xiiii).

— I- Cf. au temple de Démétcr et au propyton d’Athéna Polias à Pergame, au temple d’Apollon à Aegae (i^’s.), au mur du sécos de l’Artémision de Magnésie et aux temples de BaaIbeck et de Suleim (époque romaine). — *■* Collignon- Pontremoli, op. cit. p. 171, portes delà parodos. — 1* Cf, ibid. p. llS-124 ; Wiegand, Milet, 11, p. 80-87 et pl. x, xi, iv. — lâ Temple de Démétcr à l’crgame, cf. Ath. Mitlh. XXXV, 1910, pl. ix (guirlandes, bucrânes, patéres) ; PtoténiaciOD do Samothrace : gymnase do Priène, cf. Wiegand-Schrader, op. cit. fig. 281 ; théâtre d’Aspondos, ordre inférieur du mur de scène, cf. Lanckoronski, op. cil. 1, lig. 86, 89 ; templo d’Acgae, cf. Bohn. Allert. v. Acgac, p. 46, fig. 27. _ 10 liaycl-Thomas, Milet et le golfe Lalmique, pl. xxxviii et p. 78.

— 17 Collignou-Pontiemoli, Pergame, p. 117, cf. p. 182. — ’» Un relief de Tégéc a fait supposer qu’au temple d’Athéna Aléa une frise de lions ornait le unir du .i,<ros ; cf. Fougères dans Diiti. corr. hell. 1889, p. 482 et pl. VI.