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des tentures’ ; mais il faut sans doute entendre à la fois des élolTes appliquées contre les façades des rues et places et d’autres tendues au-dessus de la chaussée. Les draperies horizontales, en effet, n’ont pas été moins répandues dans la vie antique, pour des raisons aussi bien pratiques qu’ornementales. On croit de moins en moins au grand nombre des temples hypèthres^,

Fig. 73 iS. — Vélum au-dessus d’un banc|uct.

qui fatalement eussent exigé’ un vélum au-dessus de l’ouverture du. toit. Mais il exista forcément des con- struclionslé^ères, où quelque toile remplaçait la toiture ; certaines couvertures d’édifices gardèrent même, dans leur décoration intérieure, quelque chose qui rappelait ce procédé sommaire’, et dans les salles à manger les tentures du plafond étaient souvent une imitation des tentes Un passage célèbre d’Horace’ fait le récit d’un repas que vient troubler la cliule d’une tenture, entraînant avec elle les poussières noires du plafond. Le scoliaste ’ explique que les anciens tendaient effectivement des rideaux Si/6 caméras, et le texte même du poète montre bien que c’est Vaulaeum qui tombe, et non la poussière seule ; il ne s’agit donc point, comme on l’a supposé ’, de tentures verticales, et ce n’est pas un enduit de mur qui vient s’abattre dans les plats. Le vélum surplombant une table de banquet, du moins à l’air libre, esl figuré dans certains monuments (fig. 1699), et l’on en retrouve l’usage dès l’époque grecque, grâce à un vase peint, qui en fournil l’indication assez schématique (fîg. 7348) ’. Il se pourrait d’ailleurs que la grande draperie qui, dans certains sujets, semble placée verticalement au fond de la scène, fût un vélum horizontal rendu méconnaissable par une maladroite perspective.

Les maisons avaient leurs parties hypèthres, et on y disposait des vêla, jugés si importants que la jurispru-

t Ovid. Amor. 111, i :î. li : // piT vchitas annua pompa vias. — 2 On ne sn pose plus la <|ucsliou, eu loul cas, pour le Parlliénon, qui s’éclatrail suriisammciil par des (cuistres (Max. Colligiion, Le Partki’-non, Paris, 1914, p. 129). — 3 De Roncliaud, op. cit. p. yj. — * Cf. sur un iniroii* éLrus|UC la re- présentation d’une construction ronde, avec toiture à côtes rayonnantes (tjerliard. Etritsk. Spicget, IV, p. lu->, pi, 35 ;,), et le plafond d’un tombeau de la Voie Uline (E. Peterscn, Annali delf Inst. I8 :il, p. 193). —ô Serv. ad Aen. I, 097 : Ul imitalio tentoriorum fieret. — <• Sat. Il, 8, 51 sq. : Interea suspensa (jraifeg aulaea ruinas In palinam fecere, traheutia puhcris atri Quanlum... — 7 Porphyr. ad l. — > Foa, Mnrquardt ap. Becker-lioeil, Gallut, II, p. 337 sq.

9 C. r. commiis. nrch. de St-Pélertb. iS69, p. JiC ; la lig. p. 234 = noue

fig. 73i8 ; cf. S. lU’inacli, /Ifp. det vases, I, p. 56, 0. Ue ni6me, sur un autre vase (il/onum. ined. IX, pl. «mn-ixiiii ; Kcinacli, il/id. 1, p. 187), un simple velurn indique sans doute, par c|ucl<|ucs traits, une lente complote. — 1" Ulp. big. X.VXIIl, 7, li. 20 : De velis, quae in hijiiUJthris e-vtendttnlur, item de Uis quae sunt circa eotiimnttt, Celtut seribit magii lupellcctili adnumeranda [i/uam inslrumvnlo].

dence les considérait comme faisant partie du train ordi- naire du ménage’" [sipellex]. La cour intérieure de la maison antique [c.v.EniUM] était dominée le plus sou- vent par une grande toile abritant le compluvium, défen- dant du soleil la mousse et la verdure qui l’entouraient, et volontiers on y employait un tissu de couleur rouge ". Mais c’est principalement en plein air, à la campagne, que l’on recourait à ce moyen rapide et peu coûteux d’avoir de l’ombre. Dans les reliefs et les peintures hellénisti- ques d’époque romaine, c’est un thème que nous retrou- vons constamment (fig. 1699, 1702)’- ; les artistes y intro- duisent quelques variantes. A la maison du Palatin, dans la frise jaune de l’aile droite, voici deux vêla disposés horizontalement entre des constructions, l’un tendu raide, l’autre assez lâche" ; ailleurs, c’est une société au repos sous une toile supportée par quatre piquets " ; ou un personnage étendu sous le vélum fixé d’une part à une maison, de l’autre à une sorte de mât avec sa vergue ’^ Un arbre rend fréquemment le même service ’", comme pour nos hamacs, ou encore une de ces nom- breuses tours rondes ’^ qui sont un motif usuel du pay- sage d’alors. Dans la mosa’i'que Barberini, de Frénésie, on voit un groupe de soldats romains arrêtés sous une lente devant un lemple, et la déesse honore d’une taenia de victoire leur chef couronné de lauriers ifig. 7349)".

Fig. 7349. — Tente et veUm de temple.

Le /pu(Toîii ; oùpavô ; ’" dominant le trône de Xerxès devait être un vélum étoile-", ; on disposait ainsi des drape- ries pour couvrir toutes sortes de loges et de tribunes^’. Un rideau masquait parfois le tribunal du préleur [siparium]. En principe, les audiences se déroulaient en public, mais quelques-unes dans le secretarivm, ainsi nommé parce qu’il était fermé par un rideau (jin^d-Ki-uxa^i., vélum) et accessible seulement aux of/iciales cl aux per- sonnages de haut rang ; il semble qu’il y ail eu quelque- fois deux rideaux, Vinterius’-- el Vexterius,e premier faisant une sorte de vestibule. Piuir rendnqniblic ce Iri-

Plus iiùcessaircs encore semblaicnl le voile du prothyrum lbid. 23) et les grossiers velu Cilicia protégeant sans luxe du vent et de h pluie i,Jbid. 17). Ils comptaient viauf, l’instrumentum domus ; c’étaient comme des immeubles par destination,

— 11 l’iin. .Va(. hisl. XIX, il ; Ovid. Met. X, 593 : Haiid atiter quam cum super atria vélum Cundida purpureum simulutas inficit umbras. — I’ Voir le vélum au- dcssusd’un petit orchestre d’Éros(.l/ us. Uorb. XVI, 3 ; Baumeisler, £c ;nA-ui. fig. 393).

— 13 M. Kostowîew, Iloem. Mitth. XXVI (191 1), pl. i-ii n (cf. i-u b). — " Jbid. pl. jii /’ (à gaucliel. — 16 Pitlure d’Ercohino, 111, p. 59. — lo Pilt. dlircol. Il, pl. i.iv, 2. Mosaïi|uo de Vienne : G. Kodcnwalt, Itoem. Alittlt. XXV (1910), p. 25S, fig. 1 ; W. Helbig, Dali, delf Inst. ISCO, p. 170 sq. — ’7 Pitt. dErcol. I, p. 237 (Kos- loKzew, p. 50, fig. 31) ; stuc de la Karnésine (Rostowzcw, p. 35, lig. 11). — I» Uos- to« 7.ev, ibid. p. 01 , fig. 33 ; Stuilniczka, Dus Symposiou Ptolemaios //, p. SI , fig. ÏO ; Uurny, Hisl. des Jiom. V, p. 97 = notre fig. 73V9. — 1» Tliemisl. Orat. p. 204, 7.

— ’iO K. BoeUiclier, Die Tekionik dev /lellenen 2, Berlin, IS74, p. 261 sq. — SI Cf. le Cod. Veryil. 3807 du Vatican (forf. e Vatic. s-l. Uomae, Il (1902), pict. XI). _ 21 V. supra, p. 073, note 8, et Uo Rossi, Bull. arch. cris/. 1S04, p. 33.