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scène, se détaehcnl deux rangées de consoles, larges de m. 65 et liaules de m. 50 ; distribuées également sur tout le pourtour extérieur de la cacea, elles se corres- pondent deux à deux. Tune au-dessus de l’autre. La plus haute est percée d’une ouverture que traversait un mât, la plus basse d’un trou moins large oîi pénétrait le pivot ’. Au théâtre d’Arles, le premier gradin inférieur est percé d’un certain nombre de trous ronds, qui paraissent avoir reçu des mats, destinés peut-être à porter ou à soulager le ve/iim ; en outre, le deuxième gradin en montre de plus petits, où l’on doit probable- ment reconnaître les attaches des cordes qui assujettis- saient ces raàts -. M. Formigé croit pouvoir afllrmer l’existence de semblables points d’attaches sur les gra- dins inférieurs des théâtres de Carthage, de Dougga et de Ségeste ’. Enfin, au théâtre de Syracuse, des trous de mâts sont encore visibles dans la praecinctio ’.

Arrivons aux amphithéâtres. Au Colisée de Rome, on remarque extérieurement, à la hauteur du tiers supé- rieur du quatrième étage, au-dessus de chaque arcade, trois consoles saillantes auxquelles répondent symé- triquement, en dessus, des trous carrés dans la corniche el des échancrures dans l’architrave [ampuitueatri’m, p. 243, fig. 260, et p. 244, fig. 271] K A Pola, la corniche supérieure est perforée et, plus bas, se dégage une série de pierres saillantes, où l’on discerne encore la trace des mâts auxquels elles servaient de supports °. A Ximes, l’atlique offre sur tout son pourtour 120 consoles perforées . A l’amphitliéàlre de Pompéi, on voit, au sommet de l’édihce, dans le sol du passage situé der- rière les loges des femmes, un certain nombre de trous et plus haut des anneaux de pierre engagés dans le mur d’enceinte. Ces aménagements ne peuvent être étudiés toutefois qu’à l’angle sud ; sur tout le reste de l’enceinle, ils n’ont point laissé de traces *. Enfin aux amphithéâtres de Ximes et d’.Vrles existent, le long du podium, des attaches de cordages, qui devaient, selon l’opinion de M. Formigé % maintenir le centre du celuin, Tempécher de se gonller ou de fouetter au vent.

Voyons maintenant comment, d’après ces vestiges et les textes, les arcliitectes et érudits modernes ont com- munément conçu la disposition et le fonctionnement du vetuiii. Ici encore il convient, pour la raison déjà indiquée, de discerner les amphitliéâtres des théâtres. L’architecte français A. Caristie, auteur d’études appro- fondies sur les monuments antiques d’Orange, a émis, il y a environ un demi-siècle, au sujet du vélum dans les amphithéâtres, l’hypothèse suivante. A un fort câble, noué à ses deux extrémités et disposé en forme d’ellipse, il suppose que venait se relier (probablement au moyen d’anneaux de métal) une série de cordages rayonnants, qui avaient leurs points d’attaches à une ceinture de mâts dressés au haut de la péripiiérie. Le câble elliptique reposait d’abord sur l’arène. En opérant, du haut de ces mâts, à l’aide de poulies et de treuils, une traction simul-

’ I.anckorouski, Les Villes de la PampUijlie et de ta Pisidie, IS90, I, p. 113.

— 2 J. Fonni^é, Hemttrq. dip. sur les tïtrfitres rom. à propos de ceux d’Arles et d’Orange, dans les J/em. présentes par div. sav. à l’Acad. des iiiscripl. l. XIII, p. 38, fig. 5 ; voir aussi pi. i. — S O. /. p. 39. — * F. Wicscler, Tlieatergebititde, 1831, p. 10. —i Durni, O. l. p. 688. — 6 0. l. p. tiSS, 689 ; cf. fig. 74i, p. 670.

— ’• O. l. p. GS8, 093 ; cf. p. C8S la fig. :5.ô, el p. 695 la ûg. T6I. - 8 Ovcrbcck- Mau, 0. l. p. I83-*. — 9 0. l. p. 39. — 10 A Carislic, O. /. p. 75-70. — Il Voir, •laus le Diclioniiairc, l’art. Aui>BiTHiATni :>i, p. !47, et Furniigé, 0. l. p. 39. — li Del valario e detle tele negli anfilhealri. — 13 Voir lexposé cl la rcXutalioii de la

tanée sur les cordages rayonnnnls, le vcluin, supporté par ce réseau de cordes, se soulevait peu à peu et se trouvait tendu’". D’autres archéologues, tout en accep- tant les lignes essentielles de celte restitution, estiment qu’il y faut ajouter un dispositif complémentaire, servant à maintenir le centre du vélum : probablement, un système de cordes verticales descendant du sommet au podium". Par contre, un architecte italien, E. L. Tocco ’-, rejetant totalement l’hypothèse de Caristie, a prétendu que les consoles perforées, qu’on observe à la périphérie supérieure des théâtres et amphithéâtres, n’avaient avec le vélum aucune relation, mais servaient de supports à un étage supérieur en bois. Comme point d’appui prin- cipal du rc/MWi, il juge indispensable un grand mâtplanté au milieu de l’arène ; la toile aurait eu ainsi la forme d’un immense pavillon avec sommet en pointe. Mais celte conceplion, ainsi qu’on l’a objecté, se heurte à des impossibilités matérielles ". Se figure-t-on, au Colisée, par exemple (où la liauteur du mur d’enceinte atteint 180 pieds), un pilier central de 200 pieds de haut environ ’ ? Comment assurer à ce support la stabilité nécessaire ’ ? Il eût fallu, pour cela, substituer au simple mât une cons- truction massive en forme de tour ; mais alors la vue de l’arène eût été offusquée de la façon la plus fâcheuse par cette masse. Quant à l’hypothèse de Caristie, elle appa- raît elle-même bien peu vraisemblable, malgré l’appro- bation presque générale qu’elle a rencontrée, dès qu’on songe aux énormes proportions des amphithéâtres anti- ques. Au Colisée, le grand axe de l’ellipse mesure 188 mèlres, le petit axe 156 ; à l’ompéi, nous trouvons encore 140 mèlres pour 105, àXimes 133 mèlres pour 101, à Arles 136 mètres pour 108 ’^ Il semble matériellement impossible qu’on ait pit manœuvrer avec sûreté une toile de telles dimensions. M. Formigé, il est vrai, remarque à ce sujet que l’opération pouvait et devait s’effectuer en deux temps. » D’abord on tendait les cordages ; puis, ceci terminé, on déployait par-dessus le vélum. Si en effet on l’avait tendue directement, l’étoffe, générale- ment légère el précieuse, n’aurait pu résister à cet effort considérable, auquel s’ajoutaient son poids, la pluie et les coups de vent : ou elle se serait déchirée, ou même on n’aurait pu l’établir dès que la moindre brise souf- llait’^. » Mais ce dédoublement nécessaire de la manœu- vre, en raison du temps assez long qu’il eût exigé, impli- querait, semble-t-il, que le vélum était tendu pour toute la durée du spectacle, tandis que nous savons qu’il pouvait, à tout moment, être replié au gré des specta- teurs". Ces diverses difticultés nous obligent à chercher une solution nouvelle plus pratique.

Or celle solution nous est offerte par la peinture pom- péienne, dont il a été parlé plus haut (fig. 7350) ’". On y aperçoit, à l’extrémité sud de l’amphithéâtre, le vélum à peu près complèlemenl replié". Le froncemenl multiple de l’étoffe, ainsi que les plis en relief perpendiculaires à ce froncement, ([ui la divisent en lés, indiquent elaire-

thèoric de Tocco dans Friedlihidcr, Dantell. ans der ^iltenycsch. Itoms, 8* èA. (1910), II, p. 5tS-9. — 14 Duriii, O. l. p. 009. — li O. I. p. 38. — «^ Suclone {Calig.i'^>,’ô) racuiilc «)iio Caligiila. pour tracasser le public, duiiuait ordre parfois, au moment où le soleil elail le plus ardent, de replier le vcltiin de ram|t|iilliêâlrc. Cf. Mari. XII, Î’J, 15. — 1^ Je développe el précise dans ce qui suit le com- mentaire esiiuissè par M. Durm, O. l. p. 0S7- !). — ’s Toutefois il u’y a aucun argument à tirer du fait que, dans cette peinture, le l’c/tim apparaît replié, tj’élait là uue nécessité pour le peintre, puis<|uil se proposait de montrer l’iutérieur de rampliilliéàlre cl le combat i|UO s )• livrent l’ompéieus cl .Nocéricus.