Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

VEN — 689 —

souverains’. Sarcophages-, vases’ el mosaïques’ le représentent souvent ; on poursuivait la bête à cheval, en la criblant de flèches et de javelots, parfois ens’aidanl de torches enllammées ; on la poussait ainsi vers un filet solide surveillé par trois piqueurs" ; là on l’achevait à coups de lances et d’épieux. Dans les régions infestées de lions, pour les prendre vivants, on se servait de pièges, par exemple des fosses mentionnées plus haut*^ ; on avait aussi observé qu’on pouvait les paralyser de ter- reur en leur lançant des voiles sur la tête ’ ou en les lais- sant s’épuiser contre un cercle de chasseurs placés devant leur antre, armés de pied en cap et protégés par des boucliers indécliirables^

Tigre. — Les Grecs n’ont connu les tigres qu’après

VEN

Fig. 7357. — Chasse au ligre.

qu’Alexandre eut pénétré en Hyrcanie et aux Indes ’ ; les Romains les y firent chasser surtout pour leurs jeux de rampliithéàtre ’^, Pourles capturer vivants, on se servait de ca^es comme on le voit à la fig. 7351 ; plus souvent on enlevait les petits en l’absence de la mère ; pour échap- per à la poursuite de la tigresse, le ravisseur changeait plusieurs fois declievalet, si la tigresse se rapprochait,

^Cod. Theodos.W, 11, l. — 2 Espéraiulicu, /Ït’c»ej7, 1. 173, 534 ; 11, 1560. — 3 Cf. FurUvaengler, ArcA. 2eit. XM. p. 189. Ajoutez Denkmaekr Inst.,p.xLV ;PoHier, Vas. aJitiq. du /.ouvre, pi. nu, r,P8. — V Gaiickler, Im : mos. Afrique, 11, 362, 607, G72, 753 ; m, 45, 3IC, iîi. Cf. Kluge. Parstellungeuder anîiken loewcnjugd iGiesscn^ Ï906). —à Oppiau. IV, ili. La chasse aux Ilambeaux et aux filels serait spéciale aux pays de l’Euplirali-. Oppïeu recommande pour la chasse au lion les chevaux parlhes, I, 304 ; IV. 115, et leschiftns indiens. Cf. Manuel Hhilès, De anim. propr. 38, el p. G87, n. 15. — 6 F’Iin. A’at. hist. VIM, il : Claudian. De cons. Stil. III, 3W. Voir p. 683, n. Il . — 7 I.ucuin mentionne ce moyen, IV, 6S5, en l’attribuant aux J/a^x^//, moyen que Pline, VIII, il, dit trouvé par hasard, au temps de Claude, par un berger deGélulic. — .«Oppian. IV, l7 !-i ;n. Ce genre dédiasse serait Ci lui des Kihiopiens.

— 9 Cf. Kellcr, T/.ieie des class. Ait. p. ii<i et 380. — 10 On faisait d’ailleurs passer souvent, sous le nom de tigres, des panthères, Arrïan. Ind. 15, I. La tigresse (|ui serait figurée sur une mosat((UC africaine est sans doute une panthère, (îaucklerf Inv. mos. Afrique, II, 607. U’apris Plut. De fliiv. IV, i, aux Indes, en entourant le repaire d’un tigre du suc d’une lierbc du Gange, on l’obligeait à y mourir de faim.

— " ■ Jusqu’à ce que le chasseur, étant enlié dans le vaisseau qui l’avait apporté, la fureur de l’animal s’épuise vainement sur le rivage », f’iin. VIII, Î5. Dans le tombeau des Nasons (fig. 7357 ; cf. Bellori, op. cit.) on voit précisément des cava- liers qui doivent s’embarquer sur un bac pour échapper à la fureur des tigresses. Cf. Oppiau. VU, 360. Des monnaies montrent Commode el Gratien attaquant des tigres ; voir plus loin fig. 73’ï5. — 12 Plin. XXXVI, 40. lîestiae Africonac. Varr. R. rusi. 111, 13, 3. — i^ Bist. Auy., Cord. III, 6 : Anr. XXXlll, 4 ; en grec, .i5j.à 6T.s :a, PIul. Sylla, 5 ; Dio Cass. LUI, 27 ; LIV, 7 ; LX, 7. Pour Afticanae tout court, désignant surtout les panthères, voir les références dans le Thesa’n-us L lat. I. p. 1262. — li //. XXI, 572. Cf. XIII, 102, et Uijmn. in Yen. 71. Dans Xeu. Cyn. XI, 1, l’Iiabitat des panthères cl léopards est sans doute l’Olympe de Mvsîe el le Nysa de Sjrie. — *» Voir Kcller, Tiere des class. AU. p. 140. — <*• Keller, p. 145. Oppien raconte qu’en Afrique on enivrait les panthères en oiélanl du vin à l’eau de la source où elles s’abreuvaient ; assou- pies par Tivresse, elles devenaient faciles à prendre, IV, 300-319. — i’i Voir la fresque de Nizy-le-Comle, Henry, Ca :. arch. 1877, pi. xxxv ; Bianchet, £"r«rfc éur la décor, des éd. de la Gaule romaine, pi. viii, — ’8 Uppiau. IV. 212-29. Les fosses seraient plus petîlcs. la colonne sérail ici un tronc el l’appât un chien. Varron, De L l. V, 100, parle de fdets qui devait ni leur i cm de jonlher et de leaena aux fauves ainsi nommés. — *9 Voir Kcller, Die antxke Tieruelt, I, p. 29.

IX.

il lui jetait un de sespeLils, en fuyant à toute vitesse avec les autres (fig. 7357) ".

Panthère, léopard, guépard. — Sous les noms de /’erf,re/4/’/-/canae’- ou L(6ycffe ’Mes Romains englobaient les trois variét(5s de jxtrdi, léopard [pardus leo), gué- pard [pardus cynaelurus) et panthère (pnrdus panl/iera ou pardali.i). V Iliade connaît déjà la chasse à la pan- thère ", mais elle ne devint fréquente que lorsque Alexandre eut, comme Dionysos, ramené des panthères des Indes ’"'. Vu la promptitude de ses bonds, on la chas- sait de loin à coups de tlèches et de javelots ’" ; quand il s’agissait de la prendre vivante, on la faisait pousser par dos chiens vers des filets, où on la maintenait à coups de fourches ou de tridents’^ ou bien on l’attirait, comme le lion, dans des fosses ’*. Contrairement au tigre, le lion et la panthère se laissaient apprivoiser ; Aménophis III, Kamsès II, Tiglat-Phalasar I, Darius I paraissent avoir été accompagnés à la guerre par des lions familiers ; Domilien et Caracalla en eurent aussi " ; mais, seul, le guépard put être domestiqué au point de suivre son mailre comme un chien de chasse. De l’Egypte, qui en fut la patrie -^ cet art parait avoir passé à Cyrène, peut être à la Grèce ionienne -’ ; il était pratiqué, à l’époque romaine, en Nu- midie" etaux Indes". Les Grecs connaissaient la chasse du lynx asiatique’-'et les Romainscelledu lynx africain’-'

Éléphant. — Comme chasses exotiques, il faut encore mentionner celles du chacal- et de l’hyène" en Afrique, celle du rhinocéros^’, celles des ânes sauvages ou ona- gres-’ et des taureaux sauvages ou bisons^", surtout celle de l’éléphant. Alexandre est sans doute le premier des Grecs à avoir chassé des éléphants dans les Indes  ; appréciant les qualités guerrières de l’animal, Séleu- cides et Lagides s’efforcèrent d’en réunir un très grand nombre ; les premiers Ptolémées fondèrent même, près de la côte d’Élhiopie, une ville qui devait son nom de Ptolémaïs Kpilhéras- à ce qu’elle servait de contre à

— 20 Voir l’arl. lie H. Boussac dans La Xature, KtM ; G. Jéquier, «eu. d’fl/mo ;/, : et de social. 1913, p. 333, On s’en scri encore aujourd’hui pourchasser l’antilope au Soudan cl ilans les Indes. — 21 Les queli|ues monunicnls i|ui aUcstenl l’apprivoi- sement du guépard à Cyrène (coupe d’Arcésilas, peintures funéraires à Cvrèno et à Vulci) ont Hé étudiés par llarmon, Amer. Journ. of Arch. 1912, et par moi, L’Ethnofjraphie. 1914, n" 5. — 22 Voir le poème de Luxorius (qui écrivit dans l’Afrique vandale) inliiulé : De parais munsuctis qui cum canihua veiia- tiunein facieiant. — 23 H faut sans doute voir des guépards dans les lions qu’on employait aux Indes pour chasser les cerfs, sangliers et onagres, d’après Aelian. Xat. an. XVII, 20. — 2’» Xen. Cyn. XI, 1. — 2= Nemesian. Sô-6. — 20 Oppian. I, 70 ; IV, 21 ; firatt. Fal. 23C (Oppien l’appelle Wx»,- jouSi !; !, mais le nom spécial du chacal est 6^5, thos. Solin l’appelant lupus Aethiopicus, on peut voir un chacal dans le lupus de Nemesian. 52 et 307. — 27 Oppian. III, 2tJ3. Elle csl difiicile à prendre, selon (Mine, VIII, 44. Elle se voit daus des mosa’i'qucs de chasses afri- caines, GaucUcr /nv. mos. Afr. H, 501 ; de Paciilère, III, 4i0 (ou un chacal).

— ■ :8 Oppian. 1,70 ;ll, 501. Ajoulons lâchasse au singe, dans les Indes, Diod. XVII, 90 ; Arrian. Ind. 13. — ’29 En traversant le nord de la Mésopotamie, les >i- Mille rencontrèrent des Arabes chassant des onagres, Xeu. Anab. 1, 5, 2. On voit l’onagre chassé au lasso ou à l’arc en Mésopotamie (cf. les reliefs de Kouyoundjik dans Keller, AnLike Tierwelt, I, fig. B5) et en Afrique (.Mélanges de Home, 191 1, p. 334) ; d’après Me. Damasc. p. 18 Didol, et Xen. Cijrop. I, 4, 7, il est si rapide qu’il faut des relais de chevaux pour le rejoindre ; d’après Aelian. Nat. au. XVII, 2G, on le chassait, dans les Indes, avec des guépards ; pour sa chasse en E’hrygie et en Afrique sous l’Empire, cf. Oppian. III, 184 ; Arrian, Cr/n. 24 ; Aelian. iXat. an. XIV, 10 ; Mari. Xlll, 100 ; le cheval sauvage qu’Oppien mentionne, III, 252, est sans doute le gnou. — 30 l’our l’époque mycénienne voir p. 681, n. 11. L’auroch ou urus, mentionné par César, Pline et Tacite en Oernianie, devait être encore chassé dans la (jaule du .Nord sous l’Empire ; cf. Oppian, I, 71 et 414, La chasse du bisun péonien (a*.ffu>v, ^©-’«o’. ;) est décrite par Pausanias, X, 13, 1, et par Oppian. II, 100 ; cf. Herod. VII, 126. et Anlh. Pal. IX. 300, 513. Les taureaux sauvages d’Ethiopie ne se prendraient que daus des fosses, Plin. Nat. hist. VIII, 30 ; pour ceux de Libye, Aelian. i’nt. an. XIV, 1 ; pour ceux des Indes, ibid. XVI, 11. — 31 Cf. Arrian. Anab. IV, 30, 7 ; Strab. XV, p. 705. Je n’ajoute ici que les détails qui ne figurent pas à l’art, elephas de S. Keinach. Voir aussi l’art. Elefanleu de Wellniann ap. Pauly-Wissowa, Jteal-£ncyclop(ïdie. — 3^ Plin. Aal. hist. Il, 72 ; VI, 29 ; Strab. XVI, p. 77D ; Plol. 1, 8, 1.

87