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réserves de gibier étaient créées’ : Horlensius en avait une de 50 jugères à Laurente-, Pompée une de quarante mille pas de périmètre en Transalpine ^

Pendant les premiers siècles de l’Empire, la faveur dont jouissait la chasse s’accrut dans la société romaine. C’est d’abord que les peuples conquis, en Gaule’, en Espa- gne^ et en Afrique’, étaient des fervents de la chasse : c’est que, pour l’Italie même, le développement des lati- fundia ouvrit à la chasse de larges espaces boisés (sal- lus)’ ; c’est enfm que les goùls de violence sanguinaire devenaient de plus en plus dominants, comme l’atteste l’extension dans tout l’Empire des re ?i«//o/i( ?s de l’amphi- théâtre’ : l’énorme consommation de bêtes que récla- maient ces sortes de jeux obligeait, pour y satisfaire, à une chasse continuelle.

La littérature s’était empressée de se mettre au goût du jour. Depuis que Virgile avait peint la chasse de Didon et celle d’Ascagne’^ tout poète tenait à produire son <i morceau » sur ce thème’". Sénèque en a donné de particulièrement bien venusdans son Hippoli/te " ; le phi- losophe, en lui, n’approuvait pas moins lâchasse comme école d’endurance et de courage’- ; il en était de même des deux Pline ’^ ; leur opinion du reste parait avoir été générale, d’Horace’* à Symmaque’". Le goût pour la chasse atteignit son apogée dans le siècle qui s’étend de Domilien à Caracalla.

Grattius de Paieries avait chanté une première fois la chasse en latin sous Auguste’" ; Némésien de Carthage reprit le sujet en 284, ainsi que celui des Ilàlieulica, où s’était essayé Ovide, et celui des Ixeutica ; ces deux sujets, ainsi que les Cynégétiques, passent pour avoir été traités par les deux Oppien, l’un de Corycus en Cilicie, sous Commode, l’autre d’Apamée de Syrie,

1 Celaient surloiit des ieporaria, où il suffisait (l’introduire deux couples pour les voir bientôt remplis ; mais on faisait aussi des ri^serves pour les perdreaux, les canards sauvages, môme les sangliers : Varr. De re riist. ill, 11 et 12 ; Flin. Nal. kist. VIII, 78. — i .c therotrnphium de Q. Horlensius est nommé par Varron, De re rust. III, 13. Il parle aussi des iO jugères de (J. Fulvius l.ippinus à Tarquinies. — ^ Varr. Op. l. III, 12. — 4 Sur la cl.asse en Gaule voir C. Jullian, J/ist. de ta Gante, II, p. 201-9 et ci-dessus nos noies sur les chiens gaulois, p. G87, uole 26-7, 37 ; leurs procédés pour la cliasse au cerf, p. 6S I , note 5 ; au lièvre, p. (iy2, note 15 ; l’usage du furet, p. 692, noie 17 ; de l’épervier, p. 093, note 13. l.e I.ingon (|ui fait incinérer avec lui omneinstrumcntum, quod ail renandum et aucupandum paravit, pensait sans doute pouvoir s’en servir ainsi dans l’autre monde : Ci. (. XIII, 3708 ; Uessau, Inscr. sclect. 8379. — 5 Le goùl des Espagnols pour la chasse était bien connu des anciens : Treb. Poil. Trig. tijr. .XX, 18. .Martial, X, 37, cl Strabon, III, 4, 15, parlent des chevaux sauvages, des chamois, des outardes d’Rspngne Dans son épilaphe un Africain, préfet de la leg. Aiir/. Gem. VU, a. Léon en tjalice, sous Tr.ijan, se vante des chevreuils, cerfs, sangliers cl ours qu’il a tués : C. i. t. II, 2C60. Les textes parlent du goùl pour la chasse de personnages illuslres en Espagne (Plut. & ?■/. 13 ; IMin. Nat. hist. VIll, 50), Sénèque le père et l’orcius Lalro (Sen. Contr. I, praef. 14), Martial el Lici- nianus (.Iart. I, 49, 13 et 23) ; pour les empereurs espagnols Trajan et Hadrien, voir noies 2Ù, 27. — <> Los anciens reconnaissaient la supériorité des chasseurs numides : Slrab. II, 5, 33. i^ur le chien de chasse et le gibier en Afrif|ue voir St. Usell, Hisl. ancienne de l’Afrique du Nord, I, p. 103, 207. Il sufht de rap- peler tout ce ([ue nous devons aux mosa’i(|nes d’Afrique pour la connaissance de la chasse antique. — ’ Voir un exemple caractéristique de celle transformation étudié par G. de l’achlère. Mélanges Cagnat, 1912, p. 109 sq. Il y avait do grandes chasses dans la Sabine (Mari. 1X,5'>), dans les bois de Hovianum IT. Liv. V, G ; Ne- mcsian. 321) el de Laurcnlum (Sil. liai. VIII, 5(13}. en Éiruric [Anth. lat. liiesc, 903). II ne faut pas oublier que la chasse était aussi une occasion de ripaille. i’S. Ilagucnauit de PncheîSC, Oc venatione apud Itomanos, p. 80. — 8 On sait que le goùl des venationcs (juvV.yia) s’était répandu en Client. Voir pour Mylasa en Carie Huit. corr. hell. XV, p. 540 ; pour le Pont, Cumonl, Inscr. du l’ont, p. i :i3, n. 109 ; pour la Macédoine, I)imil^as, M». Iv >.i'lio>;, n. 309 ; pour la Crète, /(eu. épigr. I, p. 2î4 (tiaisoiuxiYinV). Voir ci-dessous p. 700. — 3 Aen. IV, 129-04 ; VII, 483-310. — 10 Lucan. IV, 411 ; Sil. liai, X, 77. — Il flippol. 1-75 {de«cr. de sa eliosse, rpi’il faut rapprocher de celles (|ue donnenl l’hiloslrale el Cho- ricius ; voir. p. 699, noie 19), 501-25 (éloge de la vie ru>lique). — 12 Sen. Oiat. III, 1 1, 2 ; /« clem. I, 10, 5 ; Ep. 95, 18. — ’3 Plin. /Sp. I, C ; V, ; IX, 1», 10. Pour Pline l’Ancien, il parait avoir chassé l’élan en Germanie. — I* Voir nolammenl le porlrail de Gargilius. qui, pour ne pas avoir l’air de revenir bredouille (uOti^o ;

SOUS Caracalla" ; Arrien avait écrit sous Hadrien sa Cijnétjétit/ue destinée à compléter celle de Xénophon" ; des deux autres auteurs à qui nous devons tant de ren- seignements sur la chasse, Pollux est contemporain de Commode, Élien de Septime-Sévère. Plusieurs des empereurs de cette période donnèrent l’exemple : Pline le Jeune, vante l’adresse de Trajan^" ; Suélone, celle de Domitien, qui avait à Albe une chasse im-

h’ig. 7363. — L’empereur Commode chass :,nl une lionne.

mense-’ ; Marc-Aurèle chassait en pleins champs ; Com- mode préférait chasser dans l’amphithéâtre^’, comme plus tard Gratien -^ ; il fit frapper des médailles qui le montraient transperçant une lionne (fig. 7303)-*, il s’inspirait sans doute de celles où Hadrien s’était fait graver attaquant un sanglier ^° ; cet em- pereur avait donné le nom de Hadrianouthérai ^° à la localité de Mysie où il avait tué une ourse -’ ; des nombreux vers où il avait cru immortaliser

Uavi-’AStv, Poil. V, 13), achète un sanglier au marché : lior. Epist. 1,6,50-61 ; ef. 18, 4 ’1-57 ; Sat. I, 2,103 ; Carm. I, 1 , 25 ; 37, 18 ; III, 12, 10 ;£’ ;jorf. 2, 29.— ISSymm. Ep. V. 08. Le chasseur est donné par Dion Chrysostome comme un homme modèle, Or. Vil. — lôC’estprobablemenl peu après la publication dcs^’^'Or^i^ues (30av. J.-C.) que Grallius Faliscus publia son Cyiegeticus, qui est animé de la même inspiration, linons reste 5 U vers du premier chant ; il y en avait sans doulo qualrc. Voir l’art. Grattius de Vollmer ap. Pauiy-VVissowa Iteal-Enct/ctopaedie. — 17 [ ne nous reste plus que les 325 vers du début de ce poème dédié par M. Aurelius Olympius Neinesiauus à son ancien condisciple l’empereur Ciirinus, au début de 284 ; mais ou sait par Vopiscus qu’il avait composé des « Hatieutica, Cijneqctica et Jxeu- tica ... Voir .Monceaux, Les Africains, p. 373, cl M. Sclianz. liesclt. d. rôm. I.Ut. III, p. 30. Pour Grallius el Némésien je me suis servi des éditions données par Lemairc et par Biiehrens dans leurs Poetae Latini minores ; pour le commentaire les Poetae Latini rei venaticae scriptores de l.eyde-La Haye, 1728, restent le travail fondamental. — «8 J’admets avec Th. H. Martin {Études sur la vie et les œuvres iCOppien de CiUcie, 1803) que les Balieuticn sont l’œuvre d’Oppien de Corycus, qui la dédia à Marc-Aurolc et à Commode, taudis que les Cynege- tica sont celle d’un poète plus médiocre, originaire d’Apamée de l’Orontc et travaillant sous Caracalla, qui s’appelait peul-êlrc aussi Oppianns. Pour les Ixeutica, voir p. 094, note 16. Jo me suis servi de l’éd. de Lehrs dans la coll. Didot et de l’éd. criliquc de P. ISoudreaui (1908|. — ’» Arrien n écrivit sa Cynégétique qu’après sa retraite à Athènes, où il fut archonte en 147/8 ; il y vivait encore en 171^2. Il on existe deux lr.id. françaises récenles, l’une par Tya Hillaud (pseudonyme’ ? Compiègnc, s. d.), l’aulre par Plaltard (Paris, Champion, 1912). La meilleure tsl encore celle de S., de Fermai (Paris, 1690) augmcnlée de l’homélie do saint Basile et de la Icllre de Synésius de Cyrène rela- livcs à la chasse. — 2» Voir Plin. Paiieg. 81. — ’.il Suet. Dont. 19. — 22 pour Marc-Aurèle. Capilol. M. Anton., 4 ; pour Commode, Ilerodian. I, 13, 1 cl 34. — 23 Amni. Marc. XXXI. 10, 19. G’ralien provoqua par les privilèges accordés à son équipage de chasse la désalTeclion de ses soldats, qui amena sa chnie. Thèodose II mourut d’un accident de chasse. — 2’ Frochner, Médaillons romains, p. 118. I.a ligure 7305 d’après Duruy, Uist. des /tom. l, p. 10 (inlaille n» 2096 du Cab. des Médailles). Cf. Amm. Marc. XXIX, 1. D’aulrcs empereurs se sont fait représenlcr en chasseurs de lion : M-irc-Aurèlc, Caracalla, Alexandre-Sévère, Gordien. — 21 Froehner, Op. l. p. 39. Ces médailles onl été frappées en 119. — 28 Sparlian. Jladr. Il, 1. Cf. Antliol. lat. (Riesc) 903 ; Poel. lat. min. (Baelnens), IV, 120. D.ins l’épilaphe de son chevol Borys- Ihenos {iliid.), Hadrien rappelle que le caesareus verpdus chassait en Éiruric el poursuivait les sangliers do Pannonic. — 27 Sparlian. Hadr. 20 ; Dio Cass. LXXI, 10.