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la premiùre fois qu’on osa prt’senler au public ces ani- maux sans chaînes’. En 61 av. J.-C, des Éthiopiens furent opposés à des ours d’Afrique’- ; depuis on vit plusieurs fois, à Rome, des Thessaliens, des Maures ou des Parthes donner publiquement, dans les venationes, des exemples de leurs talents spéciaux ’. Aux combats de taureaux étaient atl’ectés les taurocentae, les lau- rarii, et probablement aussi les miccessores ; leur rôle semble avoir consisté à détourner la bête, comme le font les toréadors, quand l’un d’entre eux est trop menacé’. Enlin l’amphithéâtre avait ses picadors dans des cavaliers qui poursuivaient les gros animaux la lance à la main °.

A côté de ces gens armés les monuments nous en montrent d’autres, dépourvus d’armes (fig. 7374, l’Mti). Quel est le nom qui convient à ceux-là ? Quelle était leur condition ? On ne s’accorde pas sur celte question ; le plus sûr est de s’en tenir aux distinctions très solides que Mommsen a établies à propos des gladiateurs [gf.adia- TOR, p. 1572]’"'. On ne saurait douter que les hommes exposés sans armes à la dent des bêtes féroces soient en danger de mort, et de fait, dans la mosaïque Borghèse, nous en voyons au moins une demi-douzaine étendus à terre en monceau (tig. 7.374) ; il est assez naturel de penser que ces misérables étaient des malfai- teurs condamnés par les tribunaux ; mais d’autre part on ne peut pas non plus les assimiler complètement à ceux qui étaient attachés à un poteau dans l’amphi- théâtre, les mains derrière le dos ; fig. 2()S3, 7378). Ceux-ci ne doivent sous aucun prétexte échapper à la mort* ; les premiers courent un risque énorme, mais ce n’est qu’un risque, et ils ont. malgré tout, des moyens de proléger leur vie : il faut bien songer en effet qu’ils ont auprès d’eux, dans l’arène, toute une troupe de combattants armés et expérimentés, dont leur salut dépend en grande partie. Leur rôle nous semble, en définitive, avoir été celui de comparses chargés d’animer le spectacle par leurs évolutions et qui pouvaient se dérober à force d’agilité, de souplesse ou de ruse, jusqu’au moment décisif où intervenait pour les secourir l’épieu du bes- tiaire ’. Us portent tous, dans la mosaïque Borghèse, comme les combattants, une tunique à manches, ornée de bandes verticales Iclavls], qui s’arrête au-dessus des genoux : c’est sans doute une livrée, commune ; toute la troupe el fournie parl’organisateur du spectacle ; on sait avec quelle prodigalité les Romains multipliaient dans leurs mimera les costumes brillants et coûteux. Quoique l’équipement des bestiaires prélat moins à la décoration que celui des gladiateurs, il pouvait être encore fort riche ; les bestiaires de Jules César parurent au milieu de l’arène avec des armes d’argent, exemple qui fut bientôt suivi jusque dans les municipes’".

I Senec. Brev. rit. 13, 6. — 2 Plio. Sat. Iiist. VUI, 131. — 3 Suel. Claud. ai ; Dio Cass. LXIII, 3 ; Herodian. 1, 15. — ’ Corp. inacr. lat. IX, 2360 ; X, 1074. — âSucl. Claud. 21 ; Dio Cass. LXI, 9 ; LXXM, li ; Garnicci, Graffiti, pi. irv, 5 ; Salfatier, Oeafr. d. contorniates, pi. iv, I et pi. i&. Cf. cochi.ea, fig. 1687. Bcsliairearmcilun lilel : Mcicr. ./«/iri. rf. Ji(er(/.. I-Wund. im Hheml. LXX (1881), p. IIU, pi. m, fig. i. Lazzo {taqtieua) : coculba, lig. 16^7. — 6 .Mommscu, Ephem. epii/r. VU (1890). p. 3ss-ii8. V. aussi Le Blaiil. Le» persécuteur» et ( ?j martyrs, p. i%i. en complet accord avec Mommsen. — "i . Blaocliet, Bull, de la Soc. des aniiqiutires de Fr. t81»7, p. 107. — 8 Pour eux, et pour eux seuls, c’est uD sup- plice coDçu comme une aggravation de la peine capitale {Cod. Titeodos. IX, 18). Les autres sont des fcrçats ({ui bénélicient d’une al trnuation de cet le peine. V. Le Blant, /. c. — ’J Ce sont ces niCnics personnages qui cotironl autour des cocideae idiplyques et contorniates, ve :{ATiu, p. 705, tig. 737G) ; avec le temps on a multiplié de plus en plus, par humanité, ces abris qui augmentaient leur» cliauces de salut en ixciiant 1

Dans le personnel des l’cnationes les wa^fs/ri semblent avoir occupé im rang plus relevé, que ce mot s’applique à des dompteurs chargés d’apprivoiser certains ani- maux", ou à des instructeurs chargés de former leurs camarades el de dresser les chiens de chasse ’^. Beaucoup de troupes eurent des virtuoses célèbres, favoris de la foule ; Martial a porté aux nues les exploits de son con- temporain Carpophorus ; dans une seule représentation il avait expédié un ours, un lion et un léopard ; dans une autre un auroch, un bison el un lion ; dans une troisième vingt animaux féroces de divers genres ’^ Un programme de Pompéi annonce, pour attirer les curieux, qu’ils verront prochainement combattre Félix .Deux bes- tiaires sont désignéspar leurs noms sur la mosaïque Bor- ghèse, Militio et Sabalius (fig. 7373, 7374), évidemment deux sujets de choix’". Les gouverneurs avaient l’ordre de signaler à l’empereur ceux qui s’étaient distingués dans les provinces par leur force et leur adresse et qui leur paraissaient « dignes d’être présentés au peuple romain » ; l’empereur délivrait ensuite, s’ils apparte- naient à la catégorie des condamnés, le laissez-passer sans lequel ils ne pouvaient êlre transférés hors de leur province ’^ On pense bien que ceux qui avaient attiré sur leur personne l’attention publique par des succès exceptionnels en concevaient beaucoup d’orgueil ; « ils font parade, dit Tertullien, des morsures qu’il ont reçues et de leurs cicatrices, comme s’ils en étaient plus beaux " ». Sous Titus, des femmes mêmes, <> qui n’étaient pas, il est vrai, d’un rang distingué », prirent part à un égorgement de neuf mille animaux". Les chasseurs el tout le personnel d’un même amphitliéi’itre formaient, en certains endroits, des associations ; c’est ainsi qu’une inscription mentionne à Die (Drôme) un « coUe- f/ium venatorum qui tninisterio nrenai’io fungunl’^ ». Il faut en distinguer les commert^anls el leurs agents qui, sous le même nom de venalores, recherchaient et centralisaient les animaux sauvages pour les vendre aux organisateurs de spectacles : ceux-là appartenaient évidemment à une autre catégorie sociale ; nous en voyons parmi eux qui arrivent aux honneurs munici- paux ; il est possible qu’ils aient formé aussi des associa- lions I^VENATIO, p. 097]’^'.

Tous ceux qui jouaient un rôle quelconque dans les venationes de l’amphithéâtreavaient unculte particulier pour Diane, patronne de leur art, el pour Silvain, dieu des forêts". Geiihi ;es Lafaye.

VEXDITIO [emptio].

VEXDITIO BOXORUM. — [Cet article complète BO.NORi’M EHi’Tiol. — Dans le droit romain, pendant très longtemps, les seules voies d’exécution autorisées contre le débi- Leur récalcitrant étaient, sous l’empire du premier sys. lème de procédure, les voies de contrainte contre la per-

l’émolion du spectateur. — 10 Plin. XXXIII, 63. — " Mait. .’ipect. 10, 1 ; 18, 1 ; Epigr. Il, 75, I ; Senec. Benef. 11. l’J, 1 ; Crusius, Leipzig. Stuil. Il, 2. p. 1S8. — 12 Mart. S/iecl. îî, I ; Epigr. I, 48, 1 ; XI, 69, 1 ; Corp. inscr. Int. VIII. 7158. — 13 Mart. Spect. 15, 23, 27. — tiCorp. inscr. lai. IV. 1989. — i^ Un Syrien. à ce qu’il semble. — 16 U’aulrcs noms pouvaient se trouver dans le» parties détruites de la mosaïque. — >^ Dig. XLVIII, 19, 31. Df. Uirj Cass. I.XXVI, 10.

— 18 Tertull. Ad mart. 5.— 19 Dio Cass. LXVI, 23. — 2" Corp. inscr. lat. ri-ausse : V. 903*], Vlll, 11549 ; IX, 3469 ;X, 3671 ; XI, 600 ; XII, 1590 ; Wallzing, Corpor. profession, chez les /(., IV, p. 126. — 21 Corp. mscr. lat. V, 2341, 3302. 3403 ; VU, 830 ; XIV, 2981. Cf. Symm. Epist. V, 6Ï ; lier. arch. XV (1800), p. 338 ; Wallzing, op. cit. dans le lom’e II, les inscr. n" 89, inO. 189. 194, 19.. 210.

— 22Claudian. Consul. Mail. JheuJ. 293 ; Cuntul. A(i/i<r/i. III, 237 ; Mart. Spect. 12, I ; Corp. inscr. lat. V, 3302 ; VI, 13ii, 3.2 ; Vil, 830 ; XIII, 5243, 8172, 8173, S174, 8039 ; Domaszewski. Bom. german. KorrespondenzOlall, 1909, p. 05.