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complicilé d’esclaves, d’euniuiiies ’ cl de médccins- [meoigus, p. IGTT].

fjHÈCE. — Le motçâpiAX/cov a désigné d’abord les piaules merveilleuses, les remèdes qu’elles fournissent ^ ainsi que les philtres, les breuvages magiques qui inspirent l’amour, troublent l’esprit, métamorphosent les corps’, puis, par extension, les poisons" et les drogues abor- tives". C’est généralement une épithète, oXéOoiov, Srj>iY|- T/îpiov, 6ava’c[iji.ov, xxxo’v, qui donne le sens de poison’. 11 y a eu en effet, depuis les origines jusqu’à la fin, un lien étroit entre les opérations de la magie, de la sorcellerie et l’empoisonnement, çaoïxïXEia |magia, p. 1 ’i95-lo01J *. Le préparateur, le marchand de remèdes, de couleurs s’appelle œapjAaxoTrtoXT, ;, cpKp[jLaxoTp6Y,ç ’ ; le magicien, l’empoisonneur se dit çapu-axeùç, !tap|j.axEuTT,( ; (au fémi- nin oapaïxîç, sapijtaxsÛTpia) ’°, quelquefois oïpaaxoiïoio ; et aussi çapixo-xoc". L’épopée homérique connaît déjà l’em- poisonnement des armes elle meurtre par le poison ’-. A r(poque classique et surtout à la fin de l’histoire grecque, l’empoisonnement paraitavoir été relativement fréqueni, pour le meurtre " et le suicide ", quoique dans la tragé- die les femmes se suicident surtout par la pendaison ■. Les Athéniens attribuèrent la peste de i30 à l’eniiioi- sonnemenl des puits par les Lacédémoniens "

La peine de l’empoisonnement est en général lamort’", à Delphes par la précipitation du haut d’un rocher", queI(|uefois l’exil ". A Athènes l’empoisonnement suivi de mort et volontaire est poursuivi par iifpy.ti-i] (i.xpij.7.xiûv (plus tard i^opixoixEiai ;), qui va, comme le meurtre ordinaire, devant l’Aréopage [arkopaoos, piionos] -" ; la peine est la mort’-' ; l’Aréopage peut acquitter l’accusé quand l’in- tention criminelle n’est pas prouvée-^. L’empoisonne- ment volontaire, non suivi de mort, est probablement assimilé au xpaôfjia èx Trpovoixç et puni de l’exil perpétuel

1 Senec. De benef. 3. »V ; Contror. 4. 4. 0, G ; 7, 3 ; 9. 5 ; Cic. pro Coel. 23, i ;i ; Dig. iO, 5,2i ; Oionys. Hal. 4, J4(airran hisst’incnl fréquent d’esclaves complices) ; Tac. -1)1 n. 15, CG 07. — 2Apul. il/c/am. 10, 1 1 ; l’iul. Pj,t/i. il, 1,4. Dans le ser- iiicul d’ilippocralc {Op. cd. Kiihn.XXI, p. 2) le m(^tlecin jure de ue donner ni ]}oison ni poliou aborlivc. — 3 Thcoplirast. /te aws. plant. 3, 10 3 ; 0, 12, 7 ; G, 13, 4-.ï ; Uist. plant. 9, 14, 1-2 ; Hcrod. 4, ICO ; [’ind.iVem. 5,93 ; Aescliyl. /’rom. 219 , Xeii. Cyrop. 8, 2, 24 :I’lal. Chann. 138 G ; Leg. 8, 83G B ; llom. /(. 4, 191, 218 ; 5, Hil ; Od. 4, 220 ; Diod. 4, 5.5, 4 ; Plul. ,l)i se», ip-r. resp. 790 C ; De cirp. iliv. 523 C. Ce mol signifie aussi les couleurs, surloul pour la teinturerie ([’ollu, 7,169 ; Aristoph. Eccl. 735 ; llcrod. 1, 98). — * Hom. //. Il, 741 ; Od. 4, 220 ; 10, 236, 317, 392 ; Alciplir. £■/). 4, 10 ; Sopliocl. Trach. 570-580 ; Aristoph. Thcsm. :S ; Diod. 4, 55, 0 ; l’iul. Alex. 77, 3 ; Plul. /Je mat. viH. 25G-257, 262 B ; Dem. 40, IV {loi de Solon) ; Polyaen. 8, 43. — » llom. /(. 22. 94 ; IJd. 1,201 ; 2, 239 ; Aesclivl. Aijam. liOO ; Sopliocl. Trach. 085 ; Kuripid. .Ved. 385 ; Tliuc. 2, 48 ; Xcn. Ci/rôp. 8, 8, 14 ; Plat. PItned. mit. 63 I) ; Plul. Demetr. 20, I : Plin. /. c. 23, 79 ; Plat. I.eg. II, 932 C, 9o3 C. — û Uuripid. Androm. 32-33, 158-150 ; Pausan. 9, 11, 3.

Dioscorid. I. 93 ; llom. Od. I, 2CI ; 2, 329 ; 4, 230 ; Kuripid. /on, CIG-BIT ; llippocial. Op. XXI, 2 ; Lucian. Hermotim. 02 ; Herodian. I, 17 ; Plul. Artax. 3iJ, 3 ; Dio Cass. 72, 14 ; Diod. 4, 45, 2 ; Uoelil, /user. gr. antiq. 497 (Téos) ; Collilz, Dialekt-Inschr. 3530-3540. — » Le verbe i«j :»iîtt.-/ a les dcui si-ns (Plat. Conv. 17, t9V A :.Ue/ion. 13, .«0 A ; Aristoph. T/tesm. 53i). — ’■) Aelian.

. c. 9, 02 ; Theophr. //isl. plant. 9, 17, I ; Pullux, 7, 197 ; 10, 180 ; Aristoph.

Ntib. 7SC ; Lex. Seg. 314, 20 ; Dem. 48. 12 ; Firm. Mal. ./atiifs. 4, 13. I2(p/wi-- macopola). — 10 Eustalh. 1415, 03 ; Sopliocl. Tracli. 1140 ; Plat. Com. 203 D ; Aristoph. Nub. 749 ; Dio Cass. 79, 17 ; Ilesycli. s. v. ; Lucian. l’ial. marclr. 4, 4 ; l’ausan. 9, 11,3. — " Dem. 25, 80 ; Ljs. 6, 53. Ce mol désigne aussi, à la fête des Tliar^iélios à Athènes, les deux personnes, prohahlemenl deux esclaves publics, (pii. le C du mois Thargélion, étaient cvpusées de la ville et chargées, l’une pour hs hommes, l’autre pour les femmes, de l’expiation, probablement réelle, à l’origim-. plus lard siniplemcnl symliolii|uc, rnllachée par la légende au mcurirc de rhomnie dr> la terre, Androgéos (IJarpocr. Siiid. i. v. ; Tietz. Chil. 5, 723 ; Diog La. 2, 44 ; Aristoph. Eq. H3C} ; Ilan. ’n cl Schol. ad h. I. V. Prcllr, Gr. .i.tjlhologie, I, 201- 202 ; IJruppe. Gr. Mythologie, I, 37 ; Slcngel, Die gr. Kultuinltcrtùmer. p. 108 ; et l’art. TMAiicm.u). — ’2 Od. 1, 201 ; 2, 3-JS. L’usage du poison pour les lléciies » donné ii t’. ;i«i,» le sens de poison cl à !.. ; les deux sens de lléclie cl poison.

— 13 llippocral. Op. XXI, 2 ; Arisloph. Tliesm. 430 ; Xcn. //ier. 4 ; liuripid. Ion. 010-017 ; Arrian./ln..4. 7, 2,7 ;(,>.Curl. 10, 10. 1 1 ; Justin. 17 ;1 ; Plul. .1/ex. 77, 1-2 (soupçon do l’empoisonnement d’Alexandre) ; Paiisnn. 9. 7, 2 ; 7, 7, 5 ; Plul. Arat. 42 (empoisonnements commis par Cassandrc, Philippe) ; /te mut. yirt. 202 li ;

et de la confiscation des biens-’. L’avorlement, quciique mal vu par l’opinion publique -, n’est pas puni par la loi [amdloskos graphe] ^^

Rome. — Le mot venenum ;de venus, ventis/tim) a également les trois acceptions de remède, de poison, et de drogue magique ou abortive-" ; c’esl une épithète, bonum, wa/iim, qui détermine le sens exact -’. Venefi- cium désigne à la fois l’empoisonnement et les pratiques de sorcellerie ; vo/ieficu.’i, le fabricant ilo drogues et l’empoisonneur, el a souvent pour synonyme inalefi- ciis -* ; jusqu’à la lin le droit pénal établit un lien étroit entre le veitc/icittiii elle male/iciuin-^ ; ce sont les mêmes individus qui préparent généralement les poi- sons et les sortilèges ; entre le vene/icium el le malefi- riiim il n’y a eu (]u’une différence de degré et d’inten- tion ’" [maoia, p. 1495-loOO]. Le premier crime d’empoi- sonnement connu est de 361 av. J.-C. ; on aurait alors attribué au poison une énorme mortalité, résultat pro- bable d’une épidémie, d’une peste, el on aurait condamné à mort 170 matrones , liln 180. dans l’afiaire des Bac- chanales, qui amena près de 2()00condamnations à Rome el dans l’Italie, les empoisonnements figurent parmi les crimes reprochés aux initiés ^ En 18i) les ravages de la peste amènent encore des enquêtes extraordinaires à Rome et dans l’Italie sur de prétendus empoisonnements, dont ci’lui d’un consul par sa femme : 3 000 personnes auraient été condamnées en Italie ’^ On cite d’autres cas en loi". Aussi, d’après Polybe’*, les empoisonnements figurent parmi les crimes graves que le sénat fait poursuivre en Italie. Ils paraissent se multiplier aux deux derniers siècles de la République. « Il n’y a pas une adultère, disait Caton, qui ne soit une empoisonneuse". » Dans Piaule le mol vc/ic/lcus ou vene/îca, généralement du reste traduit du grec, est une insulte courante ". Cicéron

Pyrrh. 21, 1 ; Collili, Diatekt-Znschr. 3530 a, 3540, el Gr. Inscr. Brit. Mus. 11" 91, 1. 1 (lablettes d imprécations de Cnidc. V. Wuensch, Defix. lab. praef. X-XI) : Inscr. gr. antiq. 497 ; Lucian. 7cnrom. 15 ; Polyaen. 8, 38 ; cf. tauei.ia, p. 4.

— "ipausan. 7, 13, 8 ; 7. !0, 6 ; Diog. La. 5, 1,8 ; Plul. Dem. 29, 3 ; 30, 1-2 (Démos- thène) ; Plul. Artax. 30, 3 ; Florus, 1, 42 ; T. Liv. 39, 50 (Annibal). Pur le sui cide par la eiguc, V. l’art, kônmon, [i. 802. — ’^ Aris’oph. / ?an. 1031. — 16’1'liuc. 2, 48. Platon punit aussi rcmpoisonnemcnt des puits (Z.cy. 8,815 C ;. — 17 Acliill. Tat. 7, 1 ; iMichel, Itecueil d’inscr. grecques. 1318 (à Téos mise hors la loi du coupable el de sa famille). D’après Apul. Metam. 10, dans une ville de Grèce l’enipoison- iieiir peut être mis en croix ou enfermé vivant dans nn sac. — IS Kuripid. /ou, 1 111-1112. — 19 T. Liv. 41,2. (à Hypala). — 21) Dem. 23,22-24 ; Arislol. /lesp. Mh. 57, 3 : Pollux, 8, 40, 1 17 ; Lys. 3, 41 ; Aniiph. arg. I ; lex. Seg. 311, 10 ; Lucian. .-iHto)*. conim. 29 ; Apul. Metam, 10, 7. V. Thonissen, Le Droit pthial de ta Itépu- hàque athénienne, p. 190-192, 248-249 ; Lipsius, Dai attische Itecht, p. 007-008.

— 21 Autiph. I, 20 ; Aelian. Var. 5, 18 ; l’iut. De ser. num. vind. 7, 352. Con- daninalion à morl de Théoris de Lemuos, pour sorcellerie cl empoisonnement d’après Don». 25, 79-80, pour impiété d’après Harpocr. Suid. s. l’. ©eiooi ;. pour faux el enseignements coepahles donnés il des esclaves d’après Plut. Dem, 14, 3 ; de Ninos pour fabricalion de philtres ii l’usage des jeunes gens (Dem. 39, 2 ; 40, 9 ; Schol. Dem. 19, 2SI) ou réunion de Ihiases illégaux (Dein. 19, 2S1). — 32 Arislol. .Wagn, Mor. 1, 17. 1188 h. La condamnation à mort pour un ompoisonncnienl involontaire (Antipli. I, 20) s’appli(|ue ix une esclave. Platon admet également l’excuse pour l’empoisonneinenl involontaire {Leg. 9, 865 H). — ’^3 Dans ce cas el pour les opérations magiques, Platon demande la morl contre le médecin et le magicien, une peine aiipréciablo contre le simple particulier (f.eg. 11, 932 !■ ;, 933 K). — 21 V. le serment d’Ilippocrate {Op. XXI, i). — 25 Krrcur do Galion, XIX, 177. CepGn’Iaiil à Milet une femme est condamnée à mort pour s’être fait avorter il l’iustigalion d’héritiers (Cic. pro (ta. 11). V. Lipsius, l. c. p. 008-000. — S» Plin.

. r. 25, 7 et 79 ; Ùig. 50, 16, 236 pr. ; 48. 8, 3 § 1-2 ; Lucaii. /. c. G, OSS-OfS.

— J’ ;|lig./«.id. ;Cic. proCtu. 51, 1 iS. — sHlic. B™/. 00, 217 ; Plin. (. c. 28,12, 17 ; 18, 8, 4 ; Tac. Aiin. 4, 22. — 23 Cod. Tlieod. 9, 38, 3, 4, 0. S ; 1 1 , 30. 1 , 7 ; Cons(i(u(ioiic- Sirmondi 7, 8 ; Edict. Tlieod. 34 ; Ouintil. /usiit. 7, 3, 7 ; Jul. Vict. Ars rliet. 3,3 ; Justin. 30, 4 ; Ainmian. 19, 12 ; 28, 1 ; Dio Cass. 77, 17. —30 V. Mommsen.A’frn/’rec/r, p. 039-613 (tiad. fr. 2, 356-301). — 31 T. Liv. 8, IS (enquête sous forme d’or.lalici ; Gros. 3, 10 ; Val. Mas. 2, 5, 3. — 38 T. i,iv. 39, S-19, 41. D’après S. Uoinacli {Cultes, . :ythes et Heligions, III, 231-269) celle alfaire aurait ■ té surtout une pcr sécution politique contre l’hellénismo. — •’ ! T. Liv. 4o, 37. 43, 41. — 3» T. Liv. Ep. 48, Val. Max. 0, 3, 8. — 30 0, 13, 4—3» (luiulil. 3, 11, 39 ; cf. l’Iul. Cat. ma/. 9, 11. — 31 Plant. Truc 702.