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du bûcher lie Palrocle, et ils aidoiil ainsi l’àmc du liéros à prendre son vol ’. Tous les deux habilenl une caverne dans les montagnes de la Thrace-, où ils régnent sur les autres vents ; mais ce pouvoir, ils le tiennent de Zeus, comme Éole dans TOdysséo ^ Les vents sont sous la domination des grandes divinités de l’Olympe : Apollon ’, Poséidon ’, Athéna ^, Artémis. D’autres personnages, magiciennes ou nymphes, Circé ’ et Calypso ’^ leur commandent également. Dans VlikicU ;, nous les avons vus accourir, sur la demande d’Iris cl à la prière d’Achille, auprès du bûcher de Palrocle ’".

Dans certains passages des poèmes homériques, Borée et Zéphyr apparaissent déjà comme l’expression même du principe vital. Zéphyr est le père des cour- siers d’Achille", Borée prend la forme du cheval pour s’unir aux cavales filles d’Érichthonios ’^ A ces très anciennes légendes se rattache la croyance à la fécon- dation des juments au printemps par le souffle de Zéphyr". Cette idée est étroilenicnt unie à celle de l’àme considérée comme un souflle "% (jui a la même source divine que celui qui s’exerce sur toute la nature. La tradition orphique sur le pouvoir fécondant des vents dépend, elle aussi, de ce thème très ancien ’". Sur lui serait venu se gi-eiïer le culte essentiellement atliquc des àp/r,YÉTai, qui protègent le ■ ;i^o ; et en assurent la perpétuité [tritopatorics].

A ces conceptions se rattachent également les repré- sentations primitives des divinités du vent, incarnées sous la forme d’oiseaux de proie’". Il semblerait aussi qu’à une certaine époque le cheval ait été la personniii- cation du vent ". De même l’enlèvement de Ganymèdo par l’aigle, d’Orithyie par Borée, n’est pas sans offrir quelques analogies avec ces antiques survivances.

Oiseaux de proie et déesses des tempêtes, les "Ap-uizt sont identiques aux OÛEXXai ’* et habitent le monde infé- rieur. Divinités méchantes, elles poursuivent l’homme et le persécutent". Elles devinrent rapidement des déesses de la mort sous la forme d’oiseaux à tète humaine [uarpyiae].

Dans l’épopée homérique, avec Horée et Zéphyr, le dieu de l’air le plus important est Éole-" [Aiiou’s]. Père de six lils et de six filles, souverain de l’Ile mythique d’Aiolia, qui vogue à travers l’Océan, roi des vents, il enferme, à sa volonté, dans des outres leur souflle puissant et fait cadeau à Ulysse de l’uni’ d’elles, d’oii l’iinpru- denc( ! de ses compagnons fait sortir iiiu’ leiupèle furieuse "’. On avait cru troiivei- uni’ représentation d’Kole prenant part au niinbat des Dieux contre les Géants, en se servant de ses outres, dans un morceau de la frise du Trésor de Siphnos à Delphes et sur un fragment de vase allique à figures noires, trouvé sur l’Acropole d’Athènes" ; mais, depuis, on incline plutôt à croire qu’il s’agit d’IIéphaistos, mettant en fiiile les ennemis avec les souffiets de sa forge ’^

iy ;. X.III, 101 sq. -2//. XXIU. Ji3. -.1 r ;,/. X, 21 s.|. - ■- //. I, >77. -i. Od. V, 293, 272 ; XI, UJO et 4U !). — « dd. Il, 42U ; V, 3S2 ; 2’I2. - 7 Cf. la Ir-sende d Ipiligùilio. - <iUd. XI, 7, 12, U8. - 1) Ib. V, 307 ; Vil, 208.— 10 /(. X.’illl, //,.

— 11 //. Il, 130 ; Callim. fr. 13ô ;guinl. Sniyrn. Vlll, 155. — 12/(. VII, 2U ; XX, 223 si|. ; Virg. Acn. VII, SOS. — UArislol. Hat. anim. VI, 18 ; VaiT. //. rust. Il, 1, 19 ; Coliiin. VI, 17 sq. ; Virg. Georg. III, 273 9,|. - uSopliocl. Anlig. 331.

— is Car. Th. MUller, Fraym. Idst. <jr. I, p. ;<78, 2 : ir,u.,.v oy|».v ivinoaf lî.cti -.■,1 ; Ts.iT6i :4tîf« ;.Cf.Vclclier,Cr. G<ï/(cr/e/ire, lll.p. 71-73. — m Qeop. 1, 14,2 ; Ovid. Mef Vl,108.— I7 0.(inippc, 6>..Uj,(A.p.83S-SH.— ISllfsioJ.’/yi. ;o5.20 :).— 19 0(M,2H,, ’i ùluniaijuo croit son pcrc, Ulysse, victiincdus Ilarpvios. — ’.lli Voir I urtinlc A lotos ai. Kosclicr, Lexik.derMytholoq. I, p. I !l3s(|. — 21 lloni. fJdi/as.X. 1 sif.-.ct. Vir^ ;. Acn.

Dans la Grèce classique, le drame, la sculpliiri’, la peinture ont réduit à un anthropomorphisme souvent puéril ces antiques légendes naturalistes, encore visibles chez Hésiode et Homère. Dans la littérature attique. Borée et Zéphyr tiennent partout la première place parmi les divinités de l’air. Ils représentent l’un et l’autre un principe différent : Borée, c’est le vent furieux et rapide ; Zéphyr, la brise douce et légère, qui ralraî- chit les plaines élyséennes, fait croître la végétation et mûrir les fruits dans les jardins d’Alkinoos’^'. Cet anta- gonisme se traduit également dans la légende. On prélait à Zéphyr beaucoup d’aventures galantes ; il était, pour quelques auteurs, le père d’Éros el des Brises ; de son mariage avec Chloris naquit Carpos-. Borée est avant tout le roi des venis, car il est le souffie même de Zeus ’-". Il enlève Orilliyie, l’iine des (illes d’Éreclithée, le père des Athéniens, l’L devient ainsi leur beau-frère ; de cette union, il eut deux lils, ZiHliès et Calais (les Boréades), qui accompagnèrent .Jason à la conquête de la Toison d’Or ■"’ i’ahconau- rAïc, iiahi’Via]. Ces Boréades appartiennent de bonne heure au répertoire des mythes grecs. Ils étaient repré- sentés poursuivant les Ilarpyies, sur le coll’re de Cypsélos et sur le trône d’Apollon d’Amyclées ; une coupe ionienne les montre défendant le roi aveugle ohineus contre les attaques des Ilarpyies (fig. 3710) ; les sarcophages de Clazomène offrent parfois l’image d’un personnage volant et courant, qu’on interprète comme lin Boréade -’.

L’enlèvementd’OrilliyieparBorée (lig. 7379) se rattache aux mythes de l’atmosphère, des vents et des orages. Oiithyie, « c’est l’air humide qui remplit, le matin, les ravins de la montagne, les vallons boisés au fond des- quels coulent les torrents » ’". Borée représente « le vent du nord qui descend sur r.llique, va chercher dans tous les replis, dans toutes les gorges du Cithéron, du Parnès el du Fenlélique, cet air bienfaisant et salu- bre ; il l’enlève el le précipite sur la plaine desséchée, qu’il rafraîchit et féconde » ’■'".

Vn événement historique, un épisode de la lutte contre l’invasion de Xcrxès, sauva cette légende de l’oubli. En iSO, après les Thermopyles, les I^erses avaient envahi la Tliessalie l’I l’Atlique, l’escadre grecque était l’ii l’iiili’ ; l’oracli’ de Delphes, consulté, hésite^’ ; la population s’était réfugiée sur les vaisseaux el voulait éiiiigrer. Apollon, interrogé de nouveau ’^, recniiiiii ;iiiila aii .Mliéiiii’us iVappeler à leur secours leur licaii-tri’i'e Buri’c ; invoqiir’. le dieu des vents déchaiiia uiie leinpele qui di’lruisit la Molle au promontoire de Sépias. Après l,t victoire de Platées, la Grèce sauvée éleva un autel à Borée sur les bords de l’Ilissos ; chaque année on y célé- brait unt ! fête pour commémorer cette délivrance [hohicas- .ioij. Celte légende fut rapidement populaire en Allique . I.a poésie et l’art s’en emparèrent : Esclixle ri Snphocle

I, .12 sr|. - 22 llomollo, C. rendus Arad. hisc. iS9i, p. 317, Harlwig. dans Bull. curr. ludl. IS’JS, p. 3iii, pi. vu. — 2 :1 Komaios, dans É/j/tum. nnh. 190S, p. 245 ; Mh. Min. 1909, p. 174 ; Lcclial, Catalogue de montages, VnioersUé de I.yon, l’JII, p. 14 (n» C3)et p. 18. — ïlOii. IV, 307 ; vil, 119 ; Bacchylid. fr.l49 ;0v. Fast. VI, 195 ; Anlhol. Patal. VI, 313. — 2ô Ovid. Fast. 197. — 20 Pindar. J^gili. IV, 181 : DociiO ; •ivcv...v ; Nonn. Dion. XXXIX, 193 ; Heracl. Ue /nn-ed. •J8 ; Kustatii. ad Dionys. Pfrieg. 42i. Cf. Uosclior, Op. t. s. v. Boruas. — 21 Pindar. l’ylh.W, 171-183 ; cf. Furlwacngler ol Rcichhold, Griecli. ’asenmal. pi. 41.

— 2» Picard cl PlassarL, BiiH. corr. hell. 1913, p. 410, pi. xi. — ’29 G. Pcrrnt, j1/o)i. ijnics, 187V, p. 33. — 30 Ibid. — 31 llorod. Vil, 140-141 ; Suidas, VII, 189.

— :i ! 11,10.1. VII, 189, 1. - 33 plal. Phafd. Inlrod.