Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, I.djvu/259

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LA PROMENADE
DU SCEPTIQUE
OU
LES ALLÉES


Velut sylvis, ubi passim
Palantes error certo de tramite pellit ;
Ille sinistrorsum, hic dextrorsum abit ; unus utrique
Error, sed variis illudit partibus. Hoc te
Crede modo insanum ; nihilo ut sapientior ille,
Qui te deridet, caudam trahat…

Horat. Sat. Lib. II, sat. iii.




L’ALLÉE DES ÉPINES


Quone malo mentem concussa ? Timore deorum.
Horat., Sat. Lib. II, sat. iii.


1. L’envie ne m’accusera pas d’avoir dissipé des millions à l’État pour aller au Pérou ramasser de la poudre d’or, ou chercher des martres zibelines en Laponie. Ceux à qui Louis commanda de vérifier les calculs du grand Newton, et de déterminer avec une toise la figure de notre globe, remontaient sans moi le fleuve de Torno, et je ne descendais point avec eux la rivière des Amazones[1]. Aussi, mon cher Ariste, ne t’entretiendrai-je pas des périls que j’ai courus dans les pays glacés du nord, ou dans les déserts brûlants du midi : moins encore des avantages que la géographie, la navigation, l’astronomie retireront, dans deux ou trois mille ans, des prodiges de mon quart de cercle et de l’excellence de mes lunettes. Je me propose une

  1. Pendant que Clairaut allait en Laponie mesurer un arc du méridien, La Condamine effectuait la même opération au Pérou.