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RÊVE DE D’ALEMBERT


INTERLOCUTEURS


D’ALEMBERT, Mademoiselle de L’ESPINASSE, le médecin BORDEU.


BORDEU.

Eh bien ! qu’est-ce qu’il y a de nouveau ? Est-ce qu’il est malade ?

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Je le crains ; il a eu la nuit la plus agitée.

BORDEU.

Est-il éveillé ?

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Pas encore.

BORDEU.
Après s’être approché du lit de D’Alembert et lui avoir tâté le pouls et la peau.

Ce ne sera rien.

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

Vous croyez ?

BORDEU.

J’en réponds. Le pouls est bon… un peu faible… la peau moite… la respiration facile[1].

MADEMOISELLE DE L’ESPINASSE.

N’y a-t-il rien à lui faire ?

BORDEU.

Rien.

  1. Bordeu est auteur de Recherches sur le pouls (1756, in-12), qui détermineront ses contemporains à s’occuper avec beaucoup plus d’attention qu’ils ne le faisaient jusqu’alors des pronostics qu’on peut tirer de l’intensité de l’ondée sanguine.