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rencontré un des ressorts les plus généraux et les plus puissants de la nature ; c’est à l’expérience à en découvrir les effets.


XXXVI.


cinquièmes conjectures.


1. Si une corde d’instrument est tendue, et qu’un obstacle léger la divise en deux parties inégales, de manière qu’il n’empêche point la communication des vibrations de l’une des parties à l’autre, on sait que cet obstacle détermine la plus grande à se diviser en portions vibrantes, telles que les deux parties de la corde rendent un unisson, et que les portions vibrantes de la plus grande sont comprises chacune entre deux points immobiles. La résonnance du corps n’étant point la cause de la division de la plus grande, mais l’unisson des deux parties étant seulement un effet de cette division, j’ai pensé que, si on substituait à la corde d’instrument une verge de métal, et qu’on la frappât violemment, il se formerait sur sa longueur des ventres et des nœuds[1] ; qu’il en serait de même de tout corps élastique sonore ou non ; que ce phénomène, qu’on croit particulier aux cordes vibrantes, a lieu d’une manière plus ou moins forte dans toute percussion ; qu’il tient aux lois générales de la communication du mouvement ; qu’il y a, dans les corps choqués, des parties oscillantes infiniment petites, et des nœuds ou points immobiles infiniment proches ; que ces parties oscillantes et ces nœuds sont les causes du frémissement que nous éprouvons par la sensation du toucher dans les corps après le choc, tantôt sans qu’il y ait de translation locale, tantôt après que la translation locale a cessé ; que cette supposition est conforme à la nature du frémissement qui n’est pas de toute la surface touchée à toute la surface de la partie sensible qui touche, mais d’une infinité de points répandus sur la surface du corps touché, vibrant confusément entre une infinité de points immobiles ; qu’apparemment, dans les corps continus élastiques, la force d’inertie, distribuée uniformément dans la masse, fait en un point quelconque la fonction d’un petit obstacle relativement à un autre point ; qu’en supposant la partie frappée d’une corde vibrante infiniment petite, et

  1. Ce qui est très-exact, comme tout ce qui suit.