jusqu’à ce que chacune ait rencontré la place la plus convenable à sa figure et à son repos.
Nous avons observé ailleurs que, puisque les sens étaient la source de toutes nos connaissances, il importait beaucoup de savoir jusqu’où nous pouvions compter sur leur témoignage : ajoutons ici que l’examen des suppléments de nos sens, ou des instruments, n’est pas moins nécessaire. Nouvelle application de l’expérience ; autre source d’observations longues, pénibles et difficiles. Il y aurait un moyen d’abréger le travail ; ce serait de fermer l’oreille à une sorte de scrupules de la philosophie rationnelle (car la philosophie rationnelle a ses scrupules) et de bien connaître dans toutes les quantités jusqu’où la précision des mesures est nécessaire. Combien d’industrie, de travail et de temps perdus à mesurer qu’on eût bien employés à découvrir !
Il est, soit dans l’invention, soit dans la perfection des instruments, une circonspection qu’on ne peut trop recommander au physicien ; c’est de se méfier des analogies, de ne jamais conclure ni du plus au moins, ni du moins au plus ; de porter son examen sur toutes les qualités physiques des substances qu’il emploie. Il ne réussira jamais, s’il se néglige là-dessus ; et quand il aura bien pris toutes ses mesures, combien de fois n’arrivera-t-il pas encore qu’un petit obstacle, qu’il n’aura point prévu ou qu’il aura méprisé, sera la limite de la nature et le forcera d’abandonner son ouvrage lorsqu’il le croyait achevé ?
Puisque l’esprit ne peut tout comprendre, l’imagination tout prévoir, le sens tout observer et la mémoire tout retenir : puis-