Aller au contenu

Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en est-il un seul qui eût un peu de discernement et qui pût balancer sur le choix ? Je suis donc certain d’obtenir, un jour, les seuls applaudissements dont je fasse quelque cas, si j’ai été assez heureux pour les mériter. »

Et vous, qui prenez le titre de philosophes ou de beaux esprits, et qui ne rougissez point de ressembler à ces insectes importuns qui passent les instants de leur existence éphémère à troubler l’homme dans ses travaux et dans son repos, quel est votre but ? qu’espérez-vous de votre acharnement ? Quand vous aurez découragé ce qui reste à la nation d’auteurs célèbres et d’excellents génies, que ferez-vous en revanche pour elle ? quelles sont les productions merveilleuses par lesquelles vous dédommagerez le genre humain de celles qu’il en aurait obtenues ?… Malgré vous, les noms des Duclos, des D’Alembert et des Rousseau ; des de Voltaire, des Maupertuis et des Montesquieu ; des de Buffon et des Daubenton, seront en honneur parmi nous et chez nos neveux ; et si quelqu’un se souvient un jour des vôtres : « Ils ont été, dira-t-il, les persécuteurs des premiers hommes de leur temps ; et si nous possédons la préface de l’Encyclopédie, l’Histoire du siècle de Louis XIV, l’Esprit des Lois, et l’Histoire de la Nature, c’est qu’heureusement il n’était pas au pouvoir de ces gens-là de nous en priver. »


LVI.


des causes.


1. À ne consulter que les vaines conjectures de la philosophie et la faible lumière de notre raison, on croirait que la chaîne des causes n’a point eu de commencement, et que celle des effets n’aura point de fin. Supposez une molécule déplacée, elle ne s’est point déplacée d’elle-même ; la cause de son déplacement a une autre cause ; celle-ci, une autre, et ainsi de suite, sans qu’on puisse trouver de limites naturelles aux causes, dans la durée qui a précédé. Supposez une molécule déplacée, ce

    parurent en 1751, Hambourg, 5 vol. in-12. L’abbé trouve que les savants qu’il critiqua abusent de « paradoxes révoltants » ; et, content de son rôle, il termine en disant : « Plaignons ces messieurs, et ne leur envions point leur imagination si féconde. »