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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/73

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OBSERVATION


SUR UN ENDROIT DE LA PAGE 32




Je t’ai dit, jeune homme, que les qualités, telles que l’attraction, se propageaient à l’infini lorsque rien ne limitait la sphère de leur action. On l’objectera « que j’aurais même pu dire qu’elles se propageaient uniformément. On ajoutera peut-être qu’on ne conçoit guère comment une qualité s’exerce à distance, sans aucun intermède ; mais qu’il n’y a point d’absurdités et qu’il n’y en eut jamais, ou que c’en est une de prétendre qu’elle s’exerce dans le vide diversement, à différentes distances ; qu’alors on n’aperçoit rien, soit au dedans, soit au dehors d’une portion de matière, qui soit capable de faire varier son action ; que Descartes, Newton, les philosophes anciens et modernes ont tous supposé qu’un corps, animé dans le vide de la quantité de mouvement la plus petite, irait à l’infini, uniformément, en ligne droite ; que la distance n’est donc par elle-même ni un obstacle ni un véhicule ; que toute qualité, dont l’action varie selon une raison quelconque inverse ou directe de la distance, ramène nécessairement au plein et à la philosophie corpusculaire ; et que la supposition du vide et celle de la variabilité de l’action d’une cause sont deux suppositions contradictoires. » Si l’on te propose ces difficultés, je te conseille d’en aller chercher la réponse chez quelque Newtonien ; car je t’avoue que j’ignore comment on les résout.