Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/192

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équitables. Ta loi condamne le larcin, le parjure, le mensonge et l’adultère ; elle proscrit et les noirceurs de la calomnie, et les brigues de l’ambition, et les fureurs de la haine, et les artifices de la mauvaise foi. Tes fidèles ministres n’ont cessé d’annoncer ces vérités à tes enfants, et de les menacer des châtiments que tu réservais dans ta juste colère aux prévaricateurs ; mais en vain : les insensés se sont livrés à la fougue de leurs passions ; ils en ont suivi le torrent ; ils ont méprisé nos avis ; ils ont ri de nos menaces ; ils ont traité nos anathèmes de vains ; leurs vices se sont accrus, fortifiés, multipliés ; la voix de leur impiété est montée jusqu’à toi, et nous n’avons pu prévenir le fléau redoutable dont tu les as frappés. Après avoir longtemps imploré ta miséricorde, louons maintenant ta justice. Accablés sous tes coups, sans doute ils reviendront à toi et reconnaîtront la main qui s’est appesantie sur eux. Mais, ô prodige de dureté ! ô comble de l’aveuglement ! ils ont imputé l’effet de ta puissance au mécanisme aveugle de la nature. Ils ont dit dans leurs cœurs : Brama n’est point. Toutes les propriétés de la matière ne nous sont pas connues ; et la nouvelle preuve de son existence n’en est qu’une de l’ignorance et de la crédulité de ceux qui nous l’opposent. Sur ce fondement ils ont élevé des systèmes, imaginé des hypothèses, tenté des expériences ; mais du haut de sa demeure éternelle, Brama a ri de leurs vains projets. Il a confondu la science audacieuse ; et les bijoux ont brisé, comme le verre, le frein impuissant qu’on opposait à leur loquacité. Qu’ils confessent donc, ces vers orgueilleux, la faiblesse de leur raison et la vanité de leurs efforts. Qu’ils cessent de nier l’existence de Brama, ou de fixer des limites à sa puissance. Brama est, il est tout-puissant ; et il ne se montre pas moins clairement à nous dans ses terribles fléaux que dans ses faveurs ineffables.

« Mais qui les a attirés sur cette malheureuse contrée, ces fléaux ? Ne sont-ce pas tes injustices, homme avide et sans foi ! tes galanteries et tes folles amours, femme mondaine et sans pudeur ! tes excès et tes débordements honteux, voluptueux infâme ! ta dureté pour nos monastères, avare ! tes injustices, magistrat vendu à la faveur ! tes usures, négociant insatiable ! ta mollesse et ton irréligion, courtisan impie et efféminé !

« Et vous sur qui cette plaie s’est particulièrement répandue, femmes et filles plongées dans le désordre ; quand, renonçant