Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/310

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m’en prévaudrai point. Voilà qui est décidé. Je ne voudrai jamais de votre château, ni de vos porcelaines, ou je les aurai à meilleurs titres.

— Madame, lui répondit Mangogul, je ne vous conçois pas. Vous êtes d’une difficulté qui passe. Il faut que vous n’ayez pas bien regardé le petit sapajou.

— Prince, je l’ai bien vu, répliqua Mirzoza. Je sais qu’il est charmant. Mais je soupçonne cette Fricamone de n’être pas mon fait. Si c’est votre envie qu’il m’appartienne un jour, adressez-vous ailleurs.

— Ma foi, madame, reprit Mangogul après y avoir bien pensé, je ne vois plus que la maîtresse de Mirolo qui puisse vous faire gagner.

— Ah ! prince, vous rêvez, lui répondit la favorite. Je ne connais point votre Mirolo ; mais quel qu’il soit, puisqu’il a une maîtresse, ce n’est pas pour rien.

— Vraiment vous avez raison, dit Mangogul ; cependant je gagerais bien encore que le bijou de Callipiga ne sait rien de rien.

— Accordez-vous donc, continua la favorite. De deux choses l’une : ou le bijou de Callipiga… Mais j’allais m’embarquer dans un raisonnement ridicule… Faites, prince, tout ce qu’il vous plaira : consultez le bijou de Callipiga ; s’il se tait, tant pis pour Mirolo, tant mieux pour moi. »

Mangogul partit et se trouva dans un instant à côté du sofa jonquille, brodé en argent, sur lequel Callipiga reposait. Il eut à peine tourné sa bague sur elle, qu’il entendit une voix sourde qui murmurait le discours suivant : « Que me demandez-vous ? je ne comprends rien à vos questions. Je ne songe seulement pas à moi. Il me semble pourtant que j’en vaux bien un autre. Mirolo passe souvent à ma porte, il est vrai, mais. . . . . . . . . . . . .


(Il y a dans cet endroit une lacune considérable. La république des lettres aurait certainement obligation à celui qui nous restituerait le discours du bijou de Callipiga, dont il ne nous reste que les deux dernières lignes. Nous invitons les savants à les méditer et à voir si cette lacune ne serait point une omission volontaire de l’auteur, mécontent de ce qu’il avait dit, et qui ne trouvait rien de mieux à dire.)