du Japon ait pris pour femme une princesse de je ne sais où : encore, s’il était question d’une maîtresse, on n’y regarderait pas de si près… »
On en change quand on en est las.
« … Quant à mes affaires, j’ai des moyens aussi courts et plus honnêtes d’y pourvoir. J’emprunterai, madame : le Japon, avant que je devinsse oiseau, était rempli de gens admirables qui prêtaient à vingt-cinq pour cent par mois tout ce qu’on voulait.
— Et ces gens admirables, ajouta Vérité, finiront par vous marier avec Polychresta.
— Ah ! je vous jure par vous-même, lui dit le prince, que cela ne sera jamais ; et puis votre Polychresta voudrait qu’on lui fît des enfants du matin au soir, et je ne sache rien de si crapuleux que cette vie-là.
— Quelles idées ! dit la fée : vous passez pour avoir du sens ; je voudrais bien savoir à quoi vous l’employez.
— À ne point faire de sots mariages, répondit le prince.
— Voilà des mépris bien déplacés, lui dit sérieusement Vérité : Polychresta est un peu ma parente ; je la connais, je l’aime et vous ne pouvez vous dispenser de la voir.
— Madame, répondit le prince, vous pourriez me proposer une visite plus amusante ; et s’il faut que je vous obéisse, je ne vous réponds pas que je n’aie la contenance la plus maussade.
— Et moi, je vous réponds, dit Vérité, que ce ne sera pas la faute de Polychresta : voyez-la, je vous en prie, et croyez que vous l’estimerez, si vous vous en donnez le temps.
— Pour de l’estime et du respect, je lui en accorderai d’avance tant qu’il vous plaira ; mais je vous répèterai toujours qu’il ne sera pas dit que je me sois entêté de la délaissée d’un petit philosophe ; ce serait d’une platitude, d’un ridicule à n’en jamais revenir.
— Eh ! monsieur, lui dit Vérité, qui vous propose de vous en entêter ? Épousez-la seulement ; c’est tout ce qu’on vous demande.
— Mais attendez, reprit le prince, j’imagine un moyen d’arranger toutes choses. Il faut que j’aie Lively, cela est décidé ; je